Le Crillon a fait peau neuve. Désormais dans le giron du prestigieux groupe Rosewood, l’hôtel de luxe de la place de la Concorde joue sur une approche moderne d’un certain raffinement parisien classique et offre une qualité de services personnalisés pour ses offres de privatisations.

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La première impression est toujours décisive. Surtout quand elle est bonne. Une Citroën DS Pallas 1973, gris canon de fusil, s’arrête avec souplesse et onctuosité au 10, place de la Concorde. Atterrissage en douceur devant l’hôtel de Crillon pour une auto qui fait figure de vaisseau spatial depuis 1955. Une machine à voyager dans le temps. Mais dans le cas présent, le cap est mis sur le futur. La portière s’ouvre, dévoilant un intérieur hors du commun. Oublié les plastiques 60’s. Il est habillé sur mesure, tendu de beaux tissus d’ameublement aux teintes automnales chatoyantes, et complété d’un élégant nécessaire pour se rafraîchir, composé de produits du savoir-faire français. Tristan Auer a apporté sa touche en personnalisant ce symbole de la France des
« Trente Glorieuses » pour donner une lecture actuelle de ce grand classique.

1758

L’architecte et styliste parisien en vue, élu créateur de l’année du Salon Maison & Objet, est aussi à l’origine d’un service de personnalisation et d’adaptation sur mesure d’aménagements intérieurs pour automobiles. Il est l’un des artisans du renouveau de l’hôtel de Crillon. Il sait bien que chaque détail compte et que l’arrivée dans un tel établissement ne se fait pas lorsque le client découvre enfin dans sa chambre mais commence lorsque la voiture de l’hôtel dont il a rêvé passe le prendre à l’aéroport. Plus qu’un décor, le Crillon mise sur le service, le rêve, l’art de vivre et tout ingrédient pouvant concourir à la création de souvenirs. Écartant d’emblée la tentation du pastiche rococo pour cette maison érigée en 1758, les concepteurs ont fait le choix d’une lecture contemporaine du luxe à la française. Le créateur de lustres Régis Mathieu, auquel ont été confiés pour restauration les précieux luminaires de la maison, souligne volontiers qu’aujourd’hui « presque plus personne n’a un intérieur monomaniaque avec un décor complet d’un style. Un grand lustre de Caffieri éclaire des toiles contemporaines, surplombant une console Art Déco sur laquelle sont posés des souvenirs de famille ou de voyage et une tablette. Les époques se mêlent avec des lignes de forces nouvelles pour dégager une personnalité ». Les 124 chambres, contre 147 auparavant, dont 36 suites et 10 suites « Signature » suivent cette approche. Ferronneries, lustres, tapisseries, bas-reliefs, marbres historiques ont été subtilement intégrés aux murs de pierre blanche soulignés de moquettes grises à motifs bleu mat.

COCON POUR VOYAGEUR

Partout, une lumière douce. Même au sous-sol, puisque, grande nouveauté, l’hôtel s’est doté d’une piscine, la deuxième place de la Concorde, après celle de Gustave Eiffel, fierté de l’Automobile Club de France, encore plus inaccessible. Celle du Crillon, aux teintes émeraude, mesure 14 mètres. Maniant la lumière comme une palette, Chahan Minassian, le discret architecte d’intérieur parisien très prisé de la nouvelle haute société internationale a travaillé avec le paysagiste Louis Benech pour réaménager le Jardin d’Hiver. Il a aussi apporté sa signature raffinée à l’Écrin, le restaurant étoilé du chef Christopher Hache, ou au bar Les Ambassadeurs gardant ses fresques anciennes. Un cocon de rêve pour un voyageur, mais aussi pour des rendez-vous d’affaires ou des occasions professionnelles. Si tous les grands hôtels proposent des lieux de réunion ou de séminaires, le Crillon joue aussi une partition différente en la matière.

Marc Raffray, directeur général, a, lui aussi, la qualité du service pour obsession. S’appuyant sur ses 373 employés, dont 12 majordomes, son ambition est de redonner à « cette belle maison hors-norme les belles manières et l’élégance qu’en attend le monde entier ». La salle de réunion en témoigne. La « Boardroom Wilson », à l’étage noble, d’une surface de 28 m2 permettant d’accueillir douze personnes autour d’une vaste table donne sur la cour d’honneur et bénéficie de la lumière du jour. Un traitement privilégié, facturé à partir de 1 100 €. Le célèbre salon Marie-Antoinette, celui avec la vue plein cadre sur la tour Eiffel, le Grand Palais, les Invalides, composé d’un salon de 60 m² et d’une terrasse de 35 m² est prévu pour une trentaine de personnes. Des formules de locations commencent à 2 500 €.

CAVE ET CRUS

Parmi les espaces revus également accessibles à la privatisation, le salon des Batailles étonne désormais par sa décoration, avec toiles historiques revisitées par l’artiste contemporain Laurent Grasso. Un écrin prestigieux de 60 m²  dont les fenêtres donnent sur les jardins de l’ambassade des États-Unis, qui peut accueillir une soixantaine de personnes pour un cocktail, à partir de 1 500 euros. Plus vaste, et surplombant la place de la Concorde, le salon des Aigles, à partir de 2 500 €, offre ses 93 m² pour une centaine de convives. Il peut aussi se déployer aux deux pièces voisines pour une réception de 220 invités. Plus intime, et assez impressionnant, il est aussi possible désormais de privatiser la cave. Douze à quatorze convives pourront alors embrasser du regard les flacons de plus de 2000 appellations et crus prestigieux et se régaler d’un menu spécial conçu en association par le chef, Christopher Hache, et le chef sommelier, Xavier Thuizat. La privatisation est de 1 500 € pour la cave. Dans tous les cas, toutes les prestations s’ajoutent sur devis au gré des désirs et des cahiers des charges de l’événement. Pour peaufiner l’approche personnalisée, le scénario et le déroulement seront toujours conçus sur mesure au gré d’un dialogue aussi onctueux qu’efficace avec les équipes de l’hôtel. Rien n’est exclu, tout est envisageable. Ce qui n’est hélas pas le cas partout à Paris. Mais impossible est-il français ?  

Par Frédéric Brun


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