BD, romans, ouvrages d’art ou de cuisine : voici une sélection d’ouvrages qui peuvent être offerts les yeux fermés.
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XIII. Et ça continue encore et encore !

La série XIII est à la bande dessinée ce que Woody Allen est au cinéma. Les années passent, les œuvres se succèdent, se ressemblent mais s’apprécient toujours autant. Le tome 27 des aventures du célèbre amnésique tatoué reprennent tous les ingrédients qui font le succès de la série : courses poursuites, combats rapprochés, infiltration sur une ile déserte et, bien sûr, un ordre secret qui cherche à instaurer une dictature d’extrême droite aux États-Unis. Les choses semblent bien parties puisque la quasi-totalité du gouvernement, mais aussi le Pape, sont morts dans un attentat mené par des drones. Pour restaurer la démocratie, XIII flanqué de ses acolytes (Jones, le général Carrington…) auront fort à faire. Mais pour eux, c’est la routine !

XIII, Mémoire rechargée, d’Yves Sente et Youri Jigounov, Dargaud, 48 pages, 12 euros.

Léon Spilliaert, le roi des mélancoliques

Elle s’en amuse et aime en jouer mais c’est un fait : la journaliste Eva Bester est depuis plusieurs années la 'Reine des mélancoliques", notamment sur France inter. Dans son dernier ouvrage, elle met en lumière Léon Spilliaert, son "frère de noir", un peintre belge trop méconnu né en 1881 et décédé en 1946. Des appartements poussiéreux de Bruxelles au front de mer gris et pluvieux d’Ostende, Eva Bester nous fait découvrir la vie et l’œuvre d’un artiste tourmenté et complexe à la croisée du symbolisme, du romantisme et du gothisme. Avec, en prime, un zeste d’Edvard Munch et une pincée d’Edward Hooper. Le livre se lit rapidement et n’a pas le ton parfois pédant de certains ouvrages sur l’art. L’auteure estime dès le préambule que Spilliaert, contrairement à elle a "du talent, une œuvre et une moustache". Pour les poils en haut des lèvres, c’est certain. Pour le reste, moins !

Léon Spilliaert, d’Eva Bester, Autrement, 108 pages, 12 euros

Narration d’un nouveau genre

De sa fondation supposée en 753 avant notre ère à la chute de Constantinople en 1453, l’histoire de la Rome antique s’étend sur plus de deux mille ans. La géographie du monde romain est tout aussi étendue, allant de l’Écosse au Sahara, de Gibraltar à la mer Noire. Dans ce dédale de dates et de territoires, l’historien et archéologue John Scheid, avec le soutien de Milan Melocco, propose de raconter cette période à travers des infographies. Conçus par le graphiste Nicolas Guillerat, ces schémas, très riches en informations, requièrent souvent de la concentration pour bien en saisir le sens et se lisent rarement en un coup d’œil. Les frises et autres cartes reflètent ainsi toute la complexité de l’histoire romaine, tout en y rentrant de manière détaillée et ludique.

Infographie de la Rome antique, Nicolas Guillerat et John Scheid, Passés composés, 128 pages, 27 euros

La revanche de l’homme blanc

Chômage, précarité, déclassement, sentiment d’être châtré par les féministes et envahi par les immigrés... Pour de nombreux "petits Blancs" la vie est loin d’être rose. "Heureusement", de nombreux maîtres à penser ne demandent qu’à rendre sa fierté à cette génération en plein doute. Et pour les recruter tous les moyens sont bons : forums de gamers, clubs de tuning, coaching de drague… Sans parti pris, Paul Conge, journaliste chez Marianne nous amène à la rencontre de ces nouveaux leaders qui proposent de mettre fin à la "fragilité blanche". Parmi eux, Papacito auteur à succès et star des réseaux sociaux, Julien Rochedy ancien président du FNJ désormais reconverti en "intellectuel chantre du masculinisme" ou encore Jean-Marie Corda, acteur porno de seconde zone basé à Moscou qui vend à prix d’or ses conseils. Un autre personnage vaut le détour : Daniel Conversano, qui a fondé l’association Suavelos, se propose de faire migrer des Français blancs en Europe de l’Est pour se marier, fonder un foyer et faire croître la race blanche. Cette mouvance se structure sous les yeux de médias et de politiques aveugles ou impuissants. Pourtant, tout laisse à penser qu’elle formera sans doute une frange non négligeable des électeurs de demain. Raison de plus pour mieux la connaître.

Les Grands Remplacés, de Paul Conge, Arkhé, 256 pages, 19 euros.

Plaisirs coupables

Biscotti chocolat amandes, brioches à la praline rose, beignets au lait de coco et à la cardamone, brownie banane, chocolat et beurre de cacahuète… Dans Scandaleusement décadent, inutile de chercher du vegan ou du light, il n’y a que du "gourmand et de l’assumé": du plaisir pur décliné dans une centaine de recettes, exotiques pour les unes, régressives pour les autres, toutes  "faisables" et toutes signées Bernard Laurance, le chef et auteur culinaire à succès. Dès la couverture, il annonce la couleur en promettant de "divines recettes de pâtisserie au summum de la gourmandise" et il tient sa promesse dans cet ouvrage magnifiquement illustré qui nous donnerait presque envie de voir le confinement se prolonger.

Scandaleusement décadent, de Bernard Laurance, éditions Flammarion, 288 pages, 29,90 euros

Portrait d’une icône

L’image de Che Guevara, photographié par Korda, a fait le tour du monde. "L’héritage du révolutionnaire argentin, mort en 1967 à l’âge de 39  ans, est celui d’une icône moderne, à la fois authentiquement mythique et bassement commerciale", écrit en préambule de son roman graphique Jon Lee Anderson. Véritablement habité par son désir de révolution, "El Comandante" est devenu le parangon d’une jeunesse rebelle, qui semble parfois découvrir que, derrière les soulèvements marxistes-léninistes des années 1960, se cachent de véritables crimes de guerre, des «injustices saines», comme les qualifie Ernesto Guevara. Dans ce quasi-photoreportage, aux images saisissantes de José Hernández, journaliste d’investigation et spécialiste de l’Amérique latine, Jon Lee Anderson fait apparaître toute la complexité d’un idéaliste sans concession

Che, une vie révolutionnaire, de Jon Lee Anderson et José Hernández, Librairie Vuibert, 432 pages, 25,50 euros

Une affaire de famille

Dans la famille Martin il y a Valérie, la mère de famille qui s’ennuie ferme dans son travail et dans son couple, Patrick, son mari depuis plus de vingt ans, en perte de désir et en manque de rêves, leurs enfants: Lola, ado mutique et fuyante, et Jérémie, grinçant lorsqu’il n’est pas insignifiant; et puis il y a Madeleine, la grand-mère, celle par qui tout a commencé. Tout, c’est l’écriture de ce roman – La Famille Martin – que l’auteur peine à amorcer et qu’il décide un jour de consacrer à la première personne qu’il croisera en descendant de chez lui. Ce sera Madeleine et, avec elle, sa famille d’apparence si normale dans laquelle l’irruption d’un biographe improvisé va bousculer les équilibres, révéler les fissures, accélérer les bascules dans un récit qui vous tient, l’air de rien. Du pur Foenkinos.

La Famille Martin, de David Foenkinos, éditions Gallimard, 226 pages, 19,5 euros

Les cartes et le territoire

Des premiers peuples de la Gaule à l’épidémie de Covid-19, l’écrivain et journaliste Jean Sévillia dresse une Histoire de France en 100 cartes. Un défi relevé de main de maître puisque les connaisseurs apprendront bien des choses, tandis que les novices profiteront de la beauté des cartes pour s’initier. Conflit entre Armagnacs et Bourguignons, places fortes protestantes, départements sous Napoléon, évolution du vote communiste ou de la part de la population agricole se succèdent au fil des pages et permettent de ressentir de manière originale l’évolution de notre pays. Sur le fond comme sur la forme, cet ouvrage ambitieux est un incontournable dans une bibliothèque.

Une histoire inédite de la France en 100 cartes, de Jean Sévillia, Perrin, 236 pages, 27 euros

L’Arabe du futur devient ado

Attendu avec impatience, le tome 5 de L’Arabe du futur est enfin disponible. Certes, le dessin ne paie pas de mine, mais le scénario de la saga tient en haleine. Il s’agit de l’histoire, à peine romancée, de l’enfance et l’adolescence de l’auteur. Un Franco-Syrien élevé entre campagne arabe et Bretagne. Une vie ballotée entre le Coran et Conan le Barbare. Hélas, chez les Sattouf plus le temps passe, plus le métissage est délicat ! C’est avec plaisir que l’on retrouve Riad à l’âge de 14 et 15 ans. Des années difficiles puisque son père s’est enfui en Syrie, enlevant son frère Fadi, laissant l’auteur seul avec sa mère et son autre frère Yahia. Poursuites judiciaires, dépression de la mère: l’aîné de la fratrie doit peu à peu commencer à jouer le rôle d’homme de la maison… Pourtant, il reste un adolescent comme les autres qui rêve de filles, découvre Kurt Cobain, commence à se rêver dessinateur. Cette période délicate est brossée avec pudeur et émotion. C’est avec impatience que l’on attend le sixième et dernier tome de la saga. Avec cette série, l’auteur des carnets d’Esther ou du cultissime Pascal Brutal confirme sa place à la table des grands noms du neuvième art francophone

L’Arabe du futur, tome 5, de Riad Sattouf, Allary Editions, 176 pages, 22,30 euros.

Lucas Jakubowicz, Olivia Vignaud

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