Évoluant au sein de la direction financière de Butagaz depuis six ans, Philippe Portal, 37 ans, s’est engagé dans le tournant pris par le distributeur qui évolue progressivement vers des énergies plus durables. Il évoque ses missions en considérant ce service clé dans l’entreprise comme un allié dans la mise en place d’une politique RSE stratégique.

Décideurs. Comment êtes-vous arrivé chez Butagaz ? Et quel est aujourd’hui votre champ de compétences ?

Philippe Portal. Lorsque j’étais senior manager au sein de l’équipe transaction services de Deloitte, j’ai eu l’occasion de réaliser la VDD sur la vente de Butagaz par Shell. Après la cession, Butagaz cherchait un nouveau contrôleur financier et m’a proposé de les rejoindre. Trois ans plus tard, j’ai pris la tête de la direction financière. Mon champ d’action couvre à la fois la comptabilité, le contrôle de gestion, le M&A, la fiscalité ou encore la transformation. C’est cette diversité des missions qui fait qu’aucune journée ne ressemble à la précédente.

Les activités de la société évoluent progressivement, comment accompagnez-vous ce changement ?

Depuis son rachat fin 2015, Butagaz a lancé plusieurs nouvelles activités. Nous faisons toujours du gaz butane et propane mais aussi du granulé de bois ou encore des installations de panneaux solaires. Cette diversification s’est opérée à la fois de manière organique et par le biais d’acquisitions. Au sein de la direction financière, nous sommes impliqués dans chacune de ces activités, tout d’abord pour dessiner la stratégie globale du groupe Butagaz mais aussi trouver des biais de financement et de rentabilité. Nous échangeons aussi bien avec les ressources humaines qu’avec les commerciaux, les acheteurs ou les ouvriers afin de cerner les tenants et les aboutissants des différents métiers. Vous restez très présents sur le marché du gaz.

Comment gérez-vous la crise actuelle sur cette énergie ?

C’est le secteur du gaz naturel qui est directement touché par la crise ukrainienne. Or, les produits historiques et principaux de Butagaz sont les gaz propane et butane sur lesquels cette crise n’a pas d’impact direct car ils ne proviennent pas de Russie. Aujourd’hui, notre défi concerne surtout les prix, car le marché de l’énergie demeure globalement très tendu depuis la période Covid, et nous voulons éviter une trop forte augmentation des tarifs appliqués à nos clients.

"Avec les nouveaux outils, les équipes peuvent se concentrer sur des analyses plus poussées"

Quelles vont être les prochaines révolutions de la direction financière ?

Nous faisons de plus en plus de reportings et les KPIs ne cessent de se multiplier. Par exemple, dans le contexte actuel de transition énergétique, nous travaillons sur des rapports portant sur les émissions de CO2. La RSE passe par la DAF, habituée des chiffres et des tableaux Excel, c’est vers elle que la direction va se tourner pour obtenir des indicateurs ESG. Par ailleurs, grâce à toujours plus de digital et de transformation, la direction financière aura des missions à plus forte valeur ajoutée. Longtemps, les ressources ont passé beaucoup de temps à extraire de la data des systèmes et la mettre en forme. Finalement, il restait assez peu de temps pour prendre du recul sur le résultat. Avec les nouveaux outils, les équipes peuvent se concentrer sur des analyses plus poussées.

Que répondez-vous aux préoccupations soulevées par l’activité de Butagaz ?

L’éthique est très ancrée au sein de toutes les équipes. Notre image en tant que fournisseur multi-énergies et plus particulièrement de gaz n’est pas toujours bien perçue. Pour y remédier, nous communiquons beaucoup pour expliquer qu’il s’agit d’une énergie de transition, qui émet moins de carbone que d’autres comme le fioul et le pétrole. Par ailleurs, depuis plusieurs années, nous nous positionnons progressivement sur de nouvelles énergies plus propres. Aujourd’hui, face au réchauffement climatique nous n’avons plus le choix, il faut agir plus vite. Dans ce contexte, je suis convaincu que Butagaz a son rôle à jouer. Être dans une entreprise qui prend part à cette réflexion de transition est un vrai moteur au quotidien, d’autant plus que la direction fi nancière est un allié dans cette bataille. Plus personnellement, en tant que passionné de ski et de montagne, je compte bien tout mettre en œuvre pour participer à la préservation de l’environnement.

PARCOURS

  • 2008 : diplômé d’une licence économique et de Neoma Business School
  • 2008-2016 : commence sa carrière chez Deloitte où il sera Senior audit, puis Senior Manager TS
  • 2016 : rejoint Butagaz en tant que Head of group financial planning and control
  • 2016 : devient le CFO de Butagaz

Propos recueillis par Béatrice Constans

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