Certains thèmes semblent marqués par leur caractère clivant et segmentent la France en deux camps d’apparence irréconciliable : généralement les pour et les contre. La pizza à l’ananas, la coriandre et le réchauffement climatique en sont.

Alors que la raclette semble jouir d’une certaine unanimité, cristallisée par une abondance de partages indulgents, voire complaisants sur les réseaux sociaux, d’autres questions divisent et fissurent une population en devoir d’union. Florilège.

 À lire aussi   Le réchauffement climatique est-il un bon prétexte à la violence ? 

La pizza à l’ananas

Aujourd’hui, et ce depuis quelques années, il est de bon ton d’exprimer son aversion pour la pizza Hawaïenne, parfois surnommée "pizza à l’ananas", quitte à lui adjoindre des qualificatifs souvent exagérés, lorsqu’ils ne sont pas franchement déplacés. Pour ses plus farouches ennemis, l’ananas n’aurait rien à faire sur une pizza, mais un sondage OpinionWay, réclamé par l'entreprise de fours à pizza Ooni, exprime une réalité plus nuancée. Si la pizza à l’ananas ne jouit pas de l’unanimité de la quatre fromages, 40 % des sondés en tolèrent la recette quand 60 % jugent l’idée mauvaise. On est loin du raz-de-marée annoncé par ceux qui, non sans humour, la désignent comme le plat préféré de Lucifer. Et puis, comme on dit, les goûts et les couleurs…

La coriandre

Sur Twitter, une internaute dont nous préserverons l’anonymat, le gang des adorateurs de coriandre guette, a asséné : "La coriandre c’est dégueulasse !" Un cri du cœur, secondé par des témoignages analogues, mais non moins contestés par une dizaine de tweets réclamant sa censure. La coriandre clive, la coriandre enflamme mais la coriandre est affaire de génétique. Elle renferme un composant chimique présent aussi dans le savon, composant qui provoquerait une espèce de réaction dans le cerveau. C’est malheureusement pour ça que, quand ses amateurs lui trouvent un arôme divin, lui prêtent une forme de magie condimentaire, ses opposants lui décèlent un goût d’eau de javel. Si la génétique s’en mêle, c’est la nature qui s’exprime et l’affrontement entre pour et contre devrait avoir de beaux jours devant lui.

Continuer à nier le réchauffement climatique ou l’impact de l’empreinte humaine sur son accélération requiert désormais une forme de créativité

Le réchauffement climatique

Last but not least comme disent, avec une certaine musicalité, les Anglo-Saxons : le réchauffement climatique. Continuer à nier le phénomène ou l’impact de l’empreinte humaine sur son accélération requiert désormais une forme de créativité. Si le Giec peine depuis quelques dizaines d’années à imposer ses vues, les éléments lui sont venus en aide cet été avec la ferme intention d’ériger les lignes de ses rapports en une réalité brûlante ou glaçante, en tout cas rarement tiède. Le climato-scepticisme, qui consiste en la négation du réchauffement climatique, voire de sa parenté anthropique, en abstraction globale du réel, concerne encore 13 % des Français.

 À lire aussi   Qu'adviendra-t-il des perdants de la transition écologique ?

D’autres sujets clivent et il n’était pas là question d’en faire le référencement exhaustif sinon de confronter la récurrence du dérisoire à la dépréciation du nécessaire. Il ne s’agit pas de minimiser l’importance du débat "Ananas ou pas ananas sur la pizza" ni d’empêcher d’exprimer son opinion sur l'épineux sujet de la coriandre, mais de hiérarchiser les croisades, notamment sur la base de leur caractère subjectif ou objectif. Et c'est peut-être raté.

Alban Castres