Dans un contexte géopolitique changeant, RTE met à jour sa feuille de route pour atteindre une neutralité carbone de la France d’ici 2050, en se concentrant sur la période 2023-2035.
Ce sont trois scénarios, plus ou moins positifs en matière de réindustrialisation et de tensions internationales, qui sont évoqués par le gestionnaire du réseau d’électricité français. Dans le scénario A, le plus optimiste, la France pourrait tenir ses objectifs en 2030 et 2035. Pour cela, elle devra agir sur quatre leviers différents, aucun d’entre eux n’étant suffisant par lui-même. Le scénario B atteint, quant à lui, les résultats avec trois à cinq ans de retard tandis que le C décrit un contexte international tendu qui viendrait handicaper les politiques écologiques.
Quatre fronts à attaquer
Le premier est l’efficacité énergétique des équipements et des bâtiments. Avec des rénovations thermiques adaptées, on pourrait ainsi économiser entre 75 et 100 TWh par an. La sobriété, dont les Français ont fait preuve à l’hiver dernier, pourrait ajouter à cela 25 TWh par an, même si des inconnues persistent sur l’adoption au long terme de ces comportements.Le développement des énergies renouvelables est bien évidement l’axe de croissance le plus important, avec entre 270 et 320 TWh d’objectifs de production, selon les scénarios. Pour RTE, bouder un type de renouvelable n’aura pas d’effets positifs. Les efforts devront être reportés sur les autres méthodes tout en réduisant les marges de manœuvre.Pour finir, le nucléaire demeure central dans le mix énergétique français. Objectif ? Revenir de manière durable à des niveaux de production stables et une disponibilité élevée. RTE vise les 400 TWh, même si une estimation de production de moyenne de 360 TWh semble plus réaliste.
L’électrification des usages et la baisse de la dépendance au pétrole et au gaz devraient se traduire par une économie de 190 milliards d’euros d’ici 2035 et une balance commerciale plus équilibrée, notamment grâce aux exportations d’électricité vers les pays voisins. Selon ces estimations, le coût de production du MWh brut devrait rester stable.
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, RTE estime cependant qu’il faudrait tripler les investissements pour atteindre les 25 à 35 milliards d’euros par an. Reste donc à voir si les pouvoirs publics suivront ces recommandations.
François Arias