Le mercredi 28 février, le Sénat  examinera l'inscription de l'IVG dans la constitution, une promesse d'Emmanuel Macron. L'occasion de se plonger dans Bobigny 1972 qui retrace avec style le procès retentissant de Marie-Claire Chevalier, qui avait avorté clandestinement après un viol, et de sa mère, complice. Une bande dessinée signée par l’historienne Marie Bardiaux-Vaïente et la scénariste-dessinatrice Carole Maurel.

L’histoire de Marie-Claire Chevalier trouve plus d’écho que jamais dans une France qui s'interroge sur la nécessité d’inscrire le droit à l’avortement dans sa Constitution. Jeune fille de 17 ans violée par un voyou à Bobigny, elle parvient à se faire avorter avec l’aide de sa mère qui élève seule ses trois enfants. Nous sommes en 1972, seulement trois ans avant la dépénalisation de l’avortement par la loi Veil. Le violeur dénonce Marie-Chevalier qui se retrouve aux côtés de sa mère, sur le banc des accusés pour avortement et complicité d’avortement. C’est leur procès que l’historienne Marie Bardiaux-Vaïente et la scénariste-dessinatrice Carole Maurel choisissent de raconter. Un procès dont l’avocate Gisèle Halimi a fait un symbole et une cause. Avec Simone de Beauvoir, qui préside l'association féministe Choisir, elle décide de mener un procès politique contre l’avortement et d’attaquer la loi de 1920. Tout en s'arrangeant pour prendre à parti la France entière. Le trait efficace de Carole Maurel déroule sur près de 200 pages l’affaire qui a permis à Simone Veil de légaliser l’avortement en 1975.

300 000 femmes mutilées chaque année

Le récit graphique nous ramène avec pédagogie dans l’ambiance de l’époque : la clandestinité de l’avortement, l’éducation des femmes avec un flash-back sur celle de Gisèle Halimi qui la conduira au barreau, la tribune des 343 femmes qui réclament le droit à l’avortement dans les colonnes du Nouvel Observateur. L’une des signataires, l’actrice Delphine Seyrig, témoigne au procès de Marie-Claire Chevalier, de son avortement et de l’aide qu’elle apporte régulièrement aux femmes qui avortent. Un coup de Gisèle Halimi pour démontrer la réalité de la situation : dans toutes les classes sociales, les femmes se font avorter. Pour les plus riches, il y a des cliniques privées ou l’étranger, mais pour les autres ?

C'est ce fait divers sordide qui poussera le gouvernement Chirac et la ministre de la santé Simone Veil à légaliser l'avortement

Aux abords du tribunal de Bobigny, les femmes scandaient : "L'Angleterre pour les riches, la prison pour les pauvres !" Les autrices centrent leur propos sur la dimension sociale et économique de l’avortement. Le point crucial dans la bataille pour la légalisation de l’avortement tenait alors dans la situation de faiblesse économique des femmes, souvent réduites à s’endetter pour se faire avorter dans des conditions très dégradées. Sur le terrain religieux, le débat est balayé par l’intervention d’un gynécologue catholique pratiquant qui réclame une loi pour permettre "à toutes les femmes de recourir à ce geste que sa conscience de croyant déplore mais contre lequel [il] ne [peut] rien faire". Une "loi qui leur permettra de ne pas mourir ou finir stériles".

bobignyvignette

Simone Veil le rappellera devant l’Assemblée nationale au moment de présenter le projet de loi pour la dépénalisation : 300 000 avortements mutilent des femmes chaque année en France. Jacques Monod, prix Nobel de médecine, témoin à la barre, résumera : "La justice et la loi sont celles de la bourgeoisie qui n’a aucune conscience du degré de sacrifices et de peines des classes inférieures".

Les juges ont finalement relaxé Marie-Claire Chevalier sous couvert de "contraintes d'ordre moral, social, familial, auxquelles elle n'avait pu résister". Pour Gisèle Halimi, "c'était à la fois courageux, tout à fait nouveau sur le plan de la jurisprudence et suffisamment ambigu pour que tous les commentaires puissent aller leur train". Ce livre est une belle occasion de se remémorer le procès qui a fait avancer la société en France et les droits des Françaises de choisir leur vie. Ce mercredi 28 février 2024, le Sénat examine la proposition d’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution. Une promesse du président Emmanuel Macron.

Anne-Laure Blouin

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