Par nature, le féminisme défend toutes les femmes en faisant-fi de leur nationalité, leur religion. Depuis le 7 octobre, force est de constater que ce n’est plus le cas. Un dangereux précédent qui ne doit pas faire jurisprudence selon Mélanie Pauli-Geysse, présidente du collectif No Silence.

Les viols et violences sexuelles, les exactions physiques, les tortures infligées aux femmes, hommes et enfants israéliens vivant en périphérie de Gaza, le 7 octobre 2023, n’ont pas suscité le vrai et juste niveau d’indignation au sein des organisations féministes dites "représentatives". Ces professionnelles de la protestation féministe sont devenues mutiques lorsqu’il s’est agi d’afficher une quelconque solidarité avec des femmes victimes du terrorisme sexuel des islamistes du Hamas. Les agressions sexuelles et viols que les féministes dénoncent habituellement s’arrêtent-elles à la frontière d’Israël ?

Alerter dans la solitude

Si les images de Naama Lévy, talon d’Achille tailladé et pantalon ensanglanté, si le cadavre dénudé de Shani Louk, exhibé et conspué dans les rues de Gaza, ne suscitent aucune solidarité dans le club des professionnelles de la protestation féministe, c’est que l’universalisme n’est plus le moteur du féminisme.

Plus les preuves se sont amoncelées de cette authentique pornographie de l’horreur qu’a été le 7 octobre, et plus les mots de solidarité et les gestes qui réparent se sont fait attendre. Le 29 octobre, dans L’Obs, nous avons demandé que "tous les humanistes et féministes ne se taisent plus", la même demande a été formulée par le happening "J’accuse" et la réécriture du texte d’Emile Zola, un court-métrage We Will Love Again sorti le jour de la Saint Valentin, puis dans un défilé de intitulé Résilience exécuté lors de la dernière fashion week à Paris suite de celui Et elles ? en décembre et de tant d’autres actions depuis bientôt 6 mois. Le 7 mars, avec Sarah Barukh, nous avons lancé un appel affirmant que “nous sommes toutes celles qu’ils ne veulent pas voir”. 

Sentiment de trahison

Nous n’avons obtenu en retour que le dénigrement. Certaines féministes ont affirmé que l’on n’est pas Israélien "innocemment", tandis que d’autres ont nié la validité de toutes les preuves accumulées. L’apogée de ce déni a été atteint le 8 mars, il n’était plus celui des droits, mais de celles à faire taire. Après avoir été autorisées officiellement à la manifestation de la journée internationale des droits des femmes dans le cortège organisé par Nous vivrons, nous avons dû être exfiltrées. Nous étions menacées physiquement par des antifas, l’extrême-gauche, des décolonialistes, des féministes radicales et Urgence Palestine.

Nous avons défilé malgré leurs cris, la tête haute, calme avec dignité et fermeté alors qu’ils vociféraient des "sale p**te juive", "sioniste fasciste" et autres "Palestine vivra, Palestine vaincra". Nous ne comptons plus les menaces et les messages de déstabilisation.

"Nous, féministes universalistes, ne faisons pas le tri entre les femmes en fonction de leur culture ou de leur religion"

Nous réclamons un sursaut féministe universaliste

Nous, féministes universalistes, ne faisons pas le tri entre les femmes en fonction de leur culture, leur religion. Nous, féministes universalistes, clamons haut et fort que certaines n’ont pas plus de droits que d’autres et que le vivre-ensemble avec les hommes nous paraît préférable à leur destruction.

Nous prônons la solidarité et la fraternité plutôt qu’une sororité identitaire et agressive. Et nous ne serons jamais les sœurs de celles qui justifient le violeur et le tortionnaire. Nous sommes contre les mariages forcés, l’apartheid de genre, et l’islamisme. Nous aimons faire claquer nos talons et laisser nos cheveux voler au vent et portons haut le respect des droits fondamentaux et nos conquêtes émancipatrices. Et nous exigeons que le viol soit combattu et dénoncé quelle que soit la victime, un viol est un viol, un terroriste un terroriste, il doit être jugé et condamné comme tel. Les violeurs et les tortionnaires du Hamas ne sont pas des "combattants de la liberté", et encore moins des "résistants" ainsi que l’affirme Judith Butler dans sa déshérence morale et intellectuelle.

Nous appelons à un sursaut républicain et universaliste. Nous appelons à un féminisme respectueux des droits et devoirs de chacun, n’opposant pas les hommes et les femmes, hostile à l’antisémitisme et à l’apologie du terrorisme. Refuser de dénoncer le Hamas comme un ennemi des femmes, des Juifs et du reste de l’humanité revient à le légitimer dans son droit à détruire l’Etat d’Israël.

Nous appelons à faire des victimes du 7 octobre, le symbole de la défense de nos valeurs démocratiques contre le terrorisme islamique qui menace, voile, viole et tue la femme qui ne se soumet pas, contre le racisme décomplexé. Nous exigeons des ONG féministes qu’elles dépassent leurs convictions étriquées et partisanes, et qu’elles agissent contre cette hystérie et la folie tyrannique des minorités racialisant, qu’elles critiquent leurs dérives actuelles, qu’elles se donnent pour mission désintéressée de faire vivre le féminisme universaliste et que nous constituons un nouveau front républicain, Liberté, égalité, universalité !

Mélanie Pauli-Geysse, présidente du collectif No Silence

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