Un nom émerge dans la presse pour l’individu qui a mis en ligne une liste d’avocats “à éliminer” sur le site Réseau Libre. Réfugié en Russie, il a déjà été condamné en 2006 par le tribunal de Toulon pour la diffusion d’une liste d'avocats accusés de “défendre la racaille anti-France”.
Qui est l’auteur de la liste d’avocats “à éliminer” ?
“Nous ne serons pas arrêtés, et nous serons peut-être condamnés, on s’en tape !” L’auteur de la liste d’avocats à éliminer parue sur le Site Réseau Libre hier 4 juillet ne craint pas la sanction. Et pour cause, il y aurait peut-être déjà échappé il y a dix-huit ans. Alors que le parquet a été saisi de l’affaire hier, jeudi 4 juillet, un nom circule pour l'auteur de cette liste, révélé par Marianne et Médiapart. Celui d’un militant d'extrême droite qui s'est réfugié en Russie après avoir subi plusieurs condamnations pour des escroqueries sur Internet et d'autres méfaits comparables. Et qui aurait amassé un butin estimé à 12 millions d'euros, selon les polices russes et françaises qui le soupçonnaient à l’époque de l’enquête en 2006 de financement de groupes extrémistes.
Réfugié à Moscou
En 1986 déjà, les forces de police avaient découvert chez cet individu des armes et des munitions ainsi que du matériel d’écoute – un arsenal nécessaire pour les membres du service d’ordre du Front national selon ses dires. Le parti politique affirme alors ne pas le connaître. Une première condamnation tombe en 1986 (un an de prison dont six mois ferme) pour infraction à la législation sur les armes. Une autre suit, six ans après. Cette fois, c’est le tribunal correctionnel de Grenoble qui le condamne à trois ans de prison ferme, pour faux, escroquerie en récidive légale et complicité d'escroquerie en récidive légale, recel d'objet volé, usage de chèque contrefait ou falsifié, violation de l'interdiction du droit de gérer une société commerciale. En 1995, il écope de quatre ans de prison pour de nouvelles fraudes au moyen de payement et des cambriolages. En 2001, la justice le rattrape pour escroquerie cette fois-ci et lui inflige une peine de cinq ans de prison. Il est arrêté le 15 juillet 2003 en Russie où il s’était réfugié en 1998 avec un passeport français contrefait. Avant d’être relâché le 27 janvier 2004. La justice russe, qui a pourtant coopéré à sa recherche et son arrestation, affirmant qu’il ne pouvait faire l’objet d’une extradition, étant marié à une Russe. Selon des informations du Monde, l’individu avait demandé au président Vladimir Poutine l'asile politique en Russie et sa naturalisation. "Je préfère mourir en Russie que de vivre en France", lui aurait-il dit dans sa lettre.
L’individu a aussi été condamné le 10 avril 2006 par le tribunal correctionnel de Toulon pour diffamation. On lui reprochait alors d’avoir diffusé une liste d'avocats accusés de “défendre la racaille anti-France”. Réseau Libre relativise cet épisode : “Pour mémoire, en 2003 déjà, les vermines en robe noire avaient porté plainte contre le site sos-racaille qui avait osé publier une liste d’avocats défendant la vermine.” Et précise que le webmaster du site avait écopé d’une amende de 12 000 euros “bien qu’il n’ait jamais été ni arrêté ni même identifié formellement”. Pour le président de la Maison des Potes, Samuel Thomas, la même personne se cache derrière les sites d’extrême droite Réseau Libre et sos-racaille.
Anne-Laure Blouin