Dans un contexte de tensions concernant le système énergétique français, la MAIF renforce sa politique d’économies d’énergie. Pour Pascal Demurger, directeur général, au moins deux choses sont évidentes : l’entreprise devait établir un plan sérieux pour participer à l’effort national et porteur de sens pour relever le défi écologique.

Décideurs. Le contexte actuel pousse le gouvernement à demander aux entreprises l’instauration dun plan de sobriété énergétique. Quelles sont les mesures phares mises en place par la MAIF ?

Pascal Demurger. La MAIF a fait le choix d’une politique ambitieuse de sobriété énergétique dès la signature de l’Accord de Paris il y a 7 ans. Nous sommes une entreprise de services et l’essentiel de nos consommations d’énergies sont liées à l’utilisation de nos 250 000 m² de locaux. Nous sommes donc engagés dans un processus constant de rénovation thermique qui nous a permis d’améliorer notre performance énergétique de 14% depuis 2015. En plus de ces économies d’énergie, nous agissons sur la production avec la mise en place de panneaux solaires et d’un système de géothermie pour chauffer et climatiser notre siège historique à Niort. Ce dispositif de grande ampleur va nous permettre de réaliser 30% d’économies d’énergies. Investir pour la transition écologique a certes un coût, mais rend notre entreprise beaucoup mieux armée face aux crises.

Ces transformations structurelles n’enlèvent rien à la nécessité de participer à l’effort national alors que nous allons affronter des mois difficiles. Comme beaucoup d’entreprises nous limitons donc le chauffage à 19°C en hiver et la climatisation à 27°C en été, mais nous arrêtons également l’eau chaude dans les sanitaires, les fontaines à eau réfrigérées et nous adaptons l’offre de restauration en privilégiant des préparations moins énergivores. En cas d’alerte particulièrement aiguë sur le système énergétique, nous nous tenons également prêts à optimiser l’occupation de nos bureaux pour réduire encore les consommations des salariés qui ne seraient pas en télétravail. Nous avons enfin signé la charte Ecowatt qui nous engage à relayer les alertes de RTE (Réseau de transport d’électricité) auprès de nos salariés et sociétaires. 

Pourquoi avoir choisi de dépasser les attentes du gouvernement ?

Notre plan devrait effectivement nous permettre de réduire de 15% nos consommations d’énergie par rapport à une année normale, quand le gouvernement appelle à un effort de 10% en 2 ans. En réalité, nous ne nous sommes pas demandé comment aller plus loin que les préconisations des pouvoirs publics. Nous avons simplement cherché à élaborer le plan le plus efficace possible au regard de nos contraintes techniques, sociales, économiques et de nos objectifs énergétiques et écologiques. Nous sommes une entreprise à mission dont la raison d’être est : "Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous, MAIF, plaçons cette attention au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions." Nous avons donc tout simplement voulu être sincères dans la mise en œuvre de nos engagements.  

Quelle est la réaction de vos collaborateurs ?

Je pense que beaucoup d’entre eux voyaient comme une évidence qu’une entreprise comme la MAIF établisse un plan sérieux pour participer à l’effort national de sobriété. Certains proposaient d’ailleurs d’aller plus loin dans leur propre organisation de service. J’y vois la marque d’un sens de l’engagement largement partagé et sincère et qui nous permet d’être pleinement au rendez-vous. Bien sûr, cela n’empêche pas de donner toute sa place au dialogue social et le plan a été présenté préalablement à notre CSE. Cela a permis certains ajustements, notamment concernant la climatisation dans nos délégations dans les DROM-COM.

"Nous sommes de plus en plus nombreux à nous préoccuper de l’impact de notre activité professionnelle à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise"

On parle beaucoup de la quête de sens des collaborateurs : pensez-vous que votre implication sur les sujets écologiques soit une manière d’y répondre ?

La question du sens au travail est protéiforme, mais je pense que nous sommes effectivement de plus en plus nombreux à nous préoccuper de l’impact de notre activité professionnelle à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise. "Est-ce que je contribue à détruire ou à construire ?" ; "Suel héritage vais-je laisser à la fin de ma carrière ?" ; "Est-ce que mon entreprise cherche sincèrement à s’améliorer ou simplement à communiquer ?" : toutes ces questions sont désormais centrales. Dans ce contexte, il me semble que chercher à relever le défi écologique – dont dépend notre capacité à maintenir dans un monde habitable - est forcément porteur de sens. Et cet engagement sera d’autant plus fort, cohérent et efficace qu’il rejoindra les intérêts économiques de l’entreprise. Lorsque la MAIF réduit ses consommations d’énergies, met fin à ses placements financiers fossiles, soutient les mobilités décarbonées dans ses contrats ou favorise l’utilisation de pièces recyclées pour réparer les véhicules de ses sociétaires, elle devient plus résiliente donc pérenne.

Propos recueillis par Roxane Croisier

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