Créée en 2010, Qarnot ferait presque figure de doyenne au royaume des greentech. Pourtant, à l'heure de la sobriété énergétique forcée, sa solution n'a jamais semblé aussi actuelle. Présentation.
Tout est parti d’une idée simple : les serveurs informatiques émettent de la chaleur et pour les refroidir, nous avons recours à des processus énergivores. Pourquoi ne pas valoriser au contraire cette chaleur pour chauffer les bâtiments ? Pour mettre en œuvre cette économie circulaire de la chaleur, les équipes de Qarnot ont conçu un "radiateur-ordinateur", suivi d'une "chaudière numérique", capable de produire de l’eau chaude à plus de 60°C.
Plateforme intelligente
Derrière cette facette hardware de l’activité de Qarnot se cache une plateforme de distribution des calculs informatiques. Baptisée Q•ware, elle automatise la répartition des calculs, suivant les consignes de chauffe des usagers. Concrètement : si l’usager veut plus de chaleur, il reçoit plus de calculs. Quand il n’en demande plus, ces derniers sont envoyés vers d’autres dispositifs Qarnot, notamment vers les chaudières numériques qui elles, tournent toute l’année. Résultat : la chaleur émise par les serveurs est valorisée à plus de 96 %, avec une réduction de l’empreinte carbone du calcul et du chauffage estimée à près de 80 % !
Deux typologies de clients
Il n’est pas nécessaire d’avoir des besoins informatiques pour chauffer son bâtiment grâce à Qarnot. L’entreprise assure en effet l’interface sécurisée entre deux typologies de clients : ceux qui lui achètent des heures de puissance pour faire tourner leurs algorithmes (banques, studios d’animation 3D, laboratoires de recherche, industriels…) et ceux qui veulent de la chaleur écologique pour leurs bâtiments (gestionnaires d’immeubles tertiaires, bailleurs, collectivités…). C’est ainsi que les calculs réalisés pour le film Les Minions 2 ont chauffé gratuitement des logements sociaux à Bordeaux et que les calculs d’analyse de risques de BNP Paribas chauffent chaque jour des bains-douches publics à Nantes. En plus de son intérêt environnemental, la solution de Qarnot relève également du bon sens économique pour ses clients : un retour d’expérience mené avec la Société Générale a démontré que la banque avait réduit de 50 % le coût de ses simulations financières, tout en allégeant son empreinte carbone.
Solution d’avenir
Après une levée de fonds de 6 millions d’euros en 2020, et un premier pied posé à l’étranger, en Finlande, Qarnot semble avoir atteint l’âge de la maturité. Dans un monde où le numérique est toujours plus présent mais où son impact écologique interroge, cette jolie pépite française semble avoir de beaux jours devant elle.
Antoine Morlighem