23 décembre 2024. Le verdict vient de tomber pour la Justice : Gérald Darmanin en devient le ministre. “La fermeté, la rapidité et la proximité guideront mon action pour défendre les victimes”, annonce sur X l’ancien ministre de l’Intérieur.

Il avait occupé les appartements de la place Beauvau entre 2020 et 2024. Il va emménager au numéro 13 de la place Vendôme pour la nouvelle année 2025. Gérald Darmanin, l’ancien ministre de l’Intérieur, vient d’être nommé ministre de la Justice du gouvernement Bayrou.

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, ce diplômé de l’Institut d'études politiques de Lille ne quitte plus le gouvernement (sauf quelques mois entre septembre 2024 et aujourd'hui pendant lesquels il a été remplacé par Bruno Retailleau à l'Intérieur). Il y était entré par la porte du ministère de l'Action et des Comptes publics en 2017. Avant d’intégrer le cœur du réacteur de la politique française, Gérald Darmanin a multiplié les mandats politiques : conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais entre 2010 et 2012 puis vice-président (2016-2017) et conseiller régional des Hauts-de-France (2017-2020), député du Nord entre 2012 et 2016. Ce natif de Valenciennes a également ses habitudes à la mairie de Tourcoing, où il a occupé le fauteuil du maire entre 2014 2017 puis celui de premier adjoint avant de récupérer le titre de maire en 2020. Reste à savoir si, comme son premier ministre François Bayrou, il refusera de céder à la tradition et donc, son siège de patron de la ville. Il a également occupé le poste de vice-président de la Métropole européenne de Lille pendant quatre ans, entre 2018 et 2014. Depuis 2021, il est aussi conseiller départemental du Nord.

 

 “Le premier de ses travaux d'Hercule, ça va être de faire aussi bien que Didier Migaud en matière de budget” 

L’homme politique divise l’opinion. Les féministes ne l'apprécient guère et les immeubles de la place de la République à Paris ont souvent fait raisonner son nom à l'occasion des manifestations contre “la loi Darmanin” relatives à l'immigration. À l'extrême-droite de l'échiquier politique, on se réjouit du duo Retailleau-Darmanin pour incarner l'Intérieur et la Justice dans ce gouvernement que Jordan Bardella qualifie tout de même de coallition de l'échec. À l'opposé, l'eurodéputé Raphaël Glucksman déplore sur le réseau social d'Elon Musk les concessions faites au parti nationaliste : “Acte 1 : Xavier Bertrand n’est pas nommé à la Justice car Marine Le Pen met son veto. Acte 2 : Gérald Darmanin, qui a violemment critiqué le réquisitoire du Parquet contre elle, est nommé à la Justice”. L'eurodéputé fait référence au propos au message de Gérald Darmanin sur X relatif aux réquisitions du Parquet dans l’affaire des assistants parlementaires du Rassemblement national. Le nouveau ministre de la Justice avait trouvé qu’“il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et ainsi ne puisse pas se présenter devant le suffrage des français.” Une position qui avait heurté une partie de la classe politique et des juristes. Son prédécesseur Didier Migaud avait alors rappelé que “les magistrats sont indépendants” et “jugent à partir de la loi votée par le législateur”. Xavier Bertrand, pressenti pour le poste de garde des sceaux, avait également désapprouvé le commentaire de celui qu’il a introduit en politique, et qui fût son directeur de campagne pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie en 2015. Au sein de son propre gouvernement, Nathalie Delattre, alors ministre chargée des relations avec le Parlement s'était déclarée profondément choquée par la sortie de son collègue. “Je trouve profondément choquant de commenter une décision de justice. Il y a un temps politique, il y a un temps judiciaire.” 

 

Iznogoud  

En 2023 déjà, des voix s'étaient élevées chez les magistrats pour dénoncer le piétinement de la séparation des pouvoirs par le nouveau garde des sceaux qui avait pris la défense, notamment, de policiers impliqués dans la mort de deux jeunes hommes. "La remise en cause publique de ces décisions par les plus hauts responsables de la police nationale et par le ministre de l'Intérieur lui-même, ne peut que renforcer l'inquiétude des magistrats quant à la dégradation de l'Etat de droit que de tels propos révèlent" avaient écrit Isabelle Gorce, président de la Conférence nationale des premiers présidents de cours d'appel et Eric Corbaux, président la Conférence nationale des procureurs généraux. Le président de l'Union Syndicale des Magistrats, Ludovic Friat a commenté la nomination de celui que d'aucuns surnomment Iznogoud [du nom du personnage de René Goscinny et Jean Tabary, qui voulait être “calife à la place du calife”] au micro de France Info :“Le premier de ses travaux d'Hercule, ça va être de faire aussi bien que Didier Migaud en matière de budget”. S'il se refuse à dire que c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle, il espère que Gérald Darmanin aura des résultats similaire à ceux de Didier Migaud qui avait réussi à récupérer 250 millions d'euros pour le budget de la Justice. Et que “que les habits de garde des Sceaux feront que Monsieur Darmanin mettra ses compétences et ses capacités au service de l'institution judiciaire”. Les relations des juges avec le nouveau ministre de la Justice seront-elles aussi houleuses qu'elles ne l'ont été avec Éric Dupond Moretti ?

Anne-Laure Blouin 

 

 

crédit photo : UK Home Office — Suella Braverman - France Visit, CC BY 2.5

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