Fondée par Fabien Pagniez, Mdoloris Medical Systems TM porte une ambition : personnaliser et automatiser le traitement de la douleur dans le contexte d’interventions chirurgicales. Un moniteur mesure la douleur des patients sous anesthésie générale pour délivrer la quantité précise d’analgésique.

Comment vous est venu l’idée de MDoloris ?

Fabien Pagniez. Dans le cadre d’interventions chirurgicales, les anesthésistes réanimateurs sont travaillés par trois grandes questions. C’est ce qu’on appelle le triangle de l’anesthésie générale : "Mon patient dort-il vraiment ? Pour éviter les réponses réflexes, les muscles de mon patient sont-ils détendus ?" Enfin, "Son organisme souffre-t-il ?". Des solutions existent pour les deux premières questions. Pour la dernière, les anesthésistes réanimateurs pointent un manque de réponse de l’industrie. Ils sont amenés à gérer trois ou quatre blocs opératoires en même temps et l’administration des drogues antidouleur peut-être assez chronophage, sans parler des risques de sur ou sous-dosage. Il leur faut donc les moyens de vérifier la bonne adéquation entre les drogues délivrées et le besoin du patient.

 Comment fonctionne votre dispositif médical ?

Notre moniteur réalise une mesure physiologique de l'activité du système nerveux autonome, que l’on désigne comme le "cerveau reptilien", et peut administrer les drogues selon les besoins de chacun. La partie post-opératoire profite également de cette technologie. Une meilleure gestion dans l’administration des drogues réduit les nausées ou les vomissements au réveil, celui-ci s’en trouve ainsi accéléré et le patient quitte l’hôpital plus rapidement. Cela est particulièrement intéressant pour les opérations de plus de 3h et les patients fragiles, notamment les personnes âgées et ceux classés ASA III ou plus.

 "Une meilleure gestion dans l’administration des drogues réduit les nausées ou les vomissements au réveil, celui-ci s’en trouve ainsi accéléré et le patient quitte l’hôpital plus rapidement"

Quels apports tirez-vous de votre partenariat avec le CHU de Lille ?

Nous travaillons depuis treize ans avec le CHU de Lille. Nous avons accès à l’intégralité des services pour l’investigation clinique et tester nos prototypes avant mise sur le marché. Des contrats de collaboration entre notre propre unité de R&D et le laboratoire de recherche du CHU ont également été mis en œuvre. Les brevets restent la propriété intellectuelle du CHU et nous avons signé trois nouveaux brevets avec lui cette année.

 Quelles ambitions portez-vous pour les années à venir ?

Nous allons poursuivre nos efforts pour le confort des autistes polyhandicapés et des personnes en fin de vie. Nous savons que dans les derniers instants, on perd la faculté de communiquer avec notre environnement et la technologie. Un produit arrive cette année pour répondre à cette question qui préoccupe tant les cliniciens et les familles : "Mon parent souffre-t-il ?".

 Nous développons à l’horizon 2025, l’anesthésie du futur, un dispositif 100 % autonome qui va délivrer les drogues antidouleur de manière automatique au regard de l'information que fournit le Mdoloris. Il permettra une plus grande précision dans le temps et un dosage au milligramme près.

Enfin, nous nous ouvrons à un nouveau segment de marché à travers le développement d’un brassard intelligent par le biais d’une application sur un smartphone permettant de mesurer de manière fiable et continue le confort des patients conscients non communicants, notamment les personnes en fin de vie, ceux en médecine palliative, ou encore ceux souffrants de troubles cognitifs graves ou polyhandicapés.

Propos recueillis par Sasha Alliel