La start-up Novadiscovery s’est spécialisée dans la simulation d’essais cliniques par le biais d’une plateforme collaborative de modélisation de patients virtuels. En partenariat avec les Hospices civils de Lyon, la biotech a notamment pu prédire les résultats d'un essai de phase 3 avec Astrazeneca sans avoir accès aux infos en amont. François-Henri Boissel, dirigeant de Novadiscovery et fils de son fondateur, Jean-Pierre Boissel, revient sur la naissance de l’entreprise.

Quels sont les défis pour gérer la complexité croissante des connaissances en biologie ?

François-Henri Boissel. Aujourd’hui, les connaissances en biologie et en médecine atteignent un seuil de complexité tel qu’une personne seule est incapable d'en faire la synthèse. En plus d’être de plus en plus spécifiques, elles couvrent des domaines très techniques. En appliquant le formalisme des mathématiques appliquées, il devient possible de structurer ce stock de connaissances.

L'industrie pharmaceutique est un des marchés les plus stricts et les plus réglementés. En l’absence de preuve de concept fort, il est délicat de conduire un changement. Nous avons mené des actions de lobbying afin que la FDA actualise sa roadmap pour y inclure une section sur la simulation d’essais cliniques avec la méthode des essais "in silico". Cela nous permet d'être beaucoup plus prédictif et efficace dans l’allocation de ressources.

Quelles solutions apportez-vous pour y répondre ?

Nous fournissons trois services : le premier avec une plateforme collaborative de développement des modèles de maladie puis de simulation d'essais cliniques. Ensuite, des modèles préexistants de maladie sont intégrés. Les équipes peuvent ainsi simuler leurs essais de manière plus efficace et rapide sans avoir à recommencer le développement d’un modèle. Enfin, nous apportons une contribution d'expertise et une équipe de modeleurs maison pour aider à l’exécution des projets de nos clients.

"Notre collaboration avec les HCL a permis de prédire les résultats d’un essai clinique de phase 3 en cancérologie du poumon, une première mondiale"

Parlez-nous de votre travail avec les Hospices civils de Lyon.

Notre collaboration avec les HCL a permis de prédire les résultats d’un essai clinique de phase 3 en cancérologie du poumon, une première mondiale. Ce type de prédiction prospective, indépendante et en aveugle, marque un tournant pour la conception des essais cliniques. Cela témoigne aussi du potentiel des essais dits "in silico" pour redessiner le développement des médicaments. Exploités avant le début des essais sur l’homme, ces résultats permettent un recrutement de patients plus pertinent et d’accélérer, à terme, tout le développement thérapeutique.

Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

Nous développons la plateforme pour l’enrichir de nouvelles fonctionnalités afin de la rendre plus ergonomique pour nos clients. Nous souhaitons également étoffer notre librairie de modèles de maladies et nous associer à des briques technologiques existantes pour verrouiller le positionnement de la plateforme dans l’écosystème de la digitalisation des essais cliniques. Nous poursuivons également notre action afin de gagner en visibilité et faire accepter la technologie auprès des institutions.

Depuis juin 2024, les actifs de Novadiscovery ont été repris par Nova In Silico.

Propos recueillis par Sasha Alliel