Parce que l’électroencéphalogramme est difficilement accessible aux patients, et requiert plus de techniciens, Naox Technologies développent des capteurs, à travers des écouteurs, afin de rendre cet examen complexe accessible au plus grand nombre. La start-up, fondée par Hugo Dinh, mène des évaluations cliniques avec l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, en intégrant le dispositif médical dans et hors les murs de l’hôpital.

Pourquoi l'électroencéphalogramme est-il peu accessible pour de nombreux patients ?

Hugo Dinh : En France, on dénombre près de 600 000 personnes souffrant d'épilepsie. À l'échelle internationale, cela représente 60 millions de malades. Malheureusement, l'électroencéphalogramme (EEG), cet examen crucial pour diagnostiquer les troubles neurologiques, est difficilement accessible pour de nombreux patients. De plus, il nécessite une expertise technique et un équipement spécialisé. Nous y avons vu une véritable opportunité d'améliorer l'accessibilité et la simplicité de cet examen.

Pourriez-vous nous décrire comment NaoX répond à ce besoin ?

Nous avons conçu des capteurs miniaturisés intégrés dans des écouteurs pour permettre de mesurer l'activité électrique du cerveau en continu, et ce de manière non invasive. Les données recueillies sont ensuite traitées par une intelligence artificielle pour analyser les tracés et repérer les anomalies. Ce système permet aux patients de réaliser des enregistrements EEG en dehors des hôpitaux, dans leur environnement quotidien. Cela facilite non seulement l'accès à cet examen, mais permet aussi une surveillance continue, offrant des données plus complètes aux neurologues pour un diagnostic et un suivi optimisés.

"L’électroencéphalogramme […] est difficilement accessible pour de nombreux patients. De plus, il nécessite une expertise technique et un équipement spécialisé"

Quelle valeur ajoutée se dégage de votre partenariat avec la Fondation Adolphe de Rothschild ?

Notre partenariat avec l'Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild est essentiel pour valider cliniquement notre technologie et garantir sa fiabilité. Grâce à ce partenariat, nous menons des évaluations cliniques rigoureuses qui nous permettent de nous diriger vers le marquage CE et une commercialisation prévue en 2024. Ce partenariat valide notre approche scientifique et nous aide à démontrer les bénéfices médico-économiques de notre solution comparée aux pratiques actuelles. En outre, la Fondation de Rothschild, avec sa réputation d'excellence en neurologie, apporte une crédibilité supplémentaire à notre innovation.

Quels sont vos objectifs à court terme comme à long terme ?

Nous avons des ambitions claires pour les années à venir. Tout d'abord, nous visons l’obtention du marquage CE et la commercialisation de notre dispositif dès 2024. Ensuite, nous souhaitons étendre notre solution au-delà de l'épilepsie pour inclure d'autres pathologies neurologiques nécessitant un EEG. À long terme, notre objectif est de rendre cet examen aussi accessible et commun à l’insar des appareils de mesure de la pression artérielle ou les glucomètres. Nous croyons fermement que notre technologie peut réduire significativement le délai de diagnostic, améliorer le suivi des patients et, par conséquent, diminuer les coûts sociétaux liés aux troubles neurologiques. Nous prévoyons également d'explorer des partenariats avec d'autres institutions de santé et des acteurs de l'industrie pour maximiser la répercussion de notre innovation à l'échelle mondiale.

Propos recueillis par Sasha Alliel