BHealthCare développe un dispositif automatisé de prise de sang afin d’éliminer les risques encourus lors de la ponction et répondre au manque de personnel soignant. Laborantins et patients gagnent en temps et en efficacité. Rencontre avec Aliaume Breteau, cofondateur et président de BHealthCare.
Pourquoi est-il crucial de libérer les professionnels de santé des tâches de prélèvement sanguin ?
Aliaume Breteau. Aujourd’hui, le marché de la robotique médicale est principalement orienté sur la chirurgie robot-assistée. Le patient est endormi et le chirurgien pilote le dispositif. La prise de sang est un acte médical bénin, des millions sont réalisés chaque jour. Pourtant, de cet acte dépend 80 % des diagnostics réalisés. Il arrive que des erreurs soient faites en pré-analyse, que les échantillons de sang soient mal prélevés, mal tracés ou hémolysés. Il y a aussi des patients complexes à prélever et qui peuvent sortir blessés après le prélèvement. A cela s'ajoute une très forte tension du fait du manque de soignants. Nous devons donc préserver le temps infirmier sur des actes à haute valeur ajoutée en fournissant un outil complet et améliorer le confort des patients tout en les rendant plus autonomes, notamment dans les déserts médicaux.
Qu’avez-vous mis en place pour soulager la pression sur le personnel et améliorer les traitements ?
Nous avons développé une borne de prise de sang baptisée HEIVA. Elle est 100 % automatique et digitale. Elle opère sur un patient conscient avec une capacité de prélèvement toutes les 5 minutes, une première dans l’histoire de la robotique médicale. Pour cela, nous avons énormément travaillé l’ergonomie du dispositif avec l’expérience patient pour point de départ. Parfaitement mobile, notre borne peut être installée dans un camion de soins ou en maison de santé.
Nous répondons ainsi à une évolution de la société. En aidant à lutter contre les déserts médicaux, nous absorbons une partie des flux de patients pour les laboratoires et hôpitaux en manque de personnel. Enfin, nous participons à la réindustrialisation de la France sur des savoir-faire de pointe.
"Nous absorbons une partie des flux de patients pour les laboratoires et hôpitaux en manque de personnel"
Quels sont vos principaux partenaires ?
Depuis le début, nous travaillons en collaboration avec nos futurs clients : les biologistes médicaux et les dirigeant de groupes de biologie. Notre entrée sur le marché en est donc facilitée puisque la phase clinique s’apparente à une phase pré-commerciale, qui prépare les équipes à l’outil et permet d’identifier dans quels labos se déployer une fois l’autorisation de mise sur le marché obtenue. Plusieurs sociétés apportent leur aide pour la production de certains composants que nous assemblerons par la suite.
Nous sommes dans une situation où les établissements de santé sont en tension vis-à-vis de la prise en charge des patients, ce qui ne fait qu’appuyer encore plus la pertinence de notre innovation.
Quelles sont les prochaines étapes pour BHealthCare ?
Nous entrons dans la prochaine phase clinique. Nous souhaitons embarquer tous nos futurs clients qui nous suivent depuis le début afin d’anticiper au mieux les volumes des premières unités vendues et donc dimensionner correctement l’outil de production.
Si notre principal marché aujourd’hui reste la France, nos partenariats avec les groupes de biologie nous permet une extension vers les autres pays européens. Nous avons également une stratégie pour une mise sur le marché aux Émirats arabes unis, où le processus d’homologation est plus court que dans l’UE.
Notre technologie est transférable à d’autres opérations médicales. Nous espérons l’étendre à la pose de cathéters ou la pose de bloc d’anesthésie, y compris l’injection de produits radiotraceurs ou de vaccins.
Propos recueillis par Sasha Alliel