Décideurs. Pourquoi délaisser l’éclairage, activité historique de Philips, au profit de la santé ?
David Corcos. Nous avons annoncé en 2015 la scission en spin-off de notre activité éclairage pour créer deux leaders mondiaux dans leur secteur : l’éclairage d’une part, et la santé d’autre part. Philips Lighting est coté à la Bourse d’Amsterdam depuis mi-2016 et concentrera ses investissements sur ses activités. Ceux de Royal Philips seront mis au service d’une véritable stratégie santé et bien-être. C’est un secteur d’avenir, en croissance et qui a besoin d’une transformation forte. Les nouvelles technologies joueront un rôle-clé face à des besoins qui ne cessent de croître.
Comment Philips entend passer d’une médecine curative à une médecine préventive ?
Notre vocation est d’accompagner une personne dans toutes les étapes de son parcours de santé et de soins, avec une gamme complète d’équipements, de services et de solutions. Nous aidons nos clients à rester en bonne santé. En premier lieu au domicile, avec une offre large de petits appareils électro-ménagers, comme la brosse à dents électrique qui assure une hygiène bucco-dentaire optimale et permet de diminuer les risques de maladies cardiovasculaires. Ou dans la cuisine où nos robots facilitent une cuisine saine nécessaire pour être en bonne santé, à base de produits frais, cuisinés facilement et rapidement. Nous sommes également présents dans les hôpitaux avec des équipements plus lourds comme les scanners et les IRM, indispensables aux bons diagnostics. Enfin nous proposons des solutions de soins à domicile pour les maladies chroniques, notamment respiratoires.
« Un diagnostic précoce permet de réduire le risque de survenance ou la gravité de la maladie chronique. »
Comment un fabricant d’équipements médicaux comme Philips, traditionnellement proche des hôpitaux, peut-il améliorer le suivi et le traitement de malades chroniques ?
Il est nécessaire d’effectuer un travail en amont. Un diagnostic précoce permet de réduire le risque de survenance ou la gravité de la maladie chronique. Ensuite, l’observance est la clé pour le bien-être du patient. C’est l’une des préoccupations majeures de Philips, qui développe des équipements de dispensation et de délivrance des traitements agréables à l’emploi. Ils sont souvent accompagnés de logiciels et d’applications facilitant leur utilisation. Le domaine des troubles respiratoires fait l’objet d’une attention particulière de notre part. Nous avons par exemple créé un masque avec une ergonomie incroyable. Plus confortable, il ne laisse pas de traces au réveil, et ne s’échappe pas pendant la nuit ! Les patients le portent, et nous constatons que le niveau d’observance s’améliore franchement.
À quels enjeux du secteur peuvent répondre les gros équipementiers médicaux comme Philips ?
Plus le diagnostic est précoce et juste, plus on réduit les risques pour le patient et les coûts pour l’assurance maladie en aval. Les traitements sont révolutionnés grâce à la radiologie interventionnelle, moins invasive. L’imagerie accompagne le geste du chirurgien dans le corps et les vaisseaux, pour améliorer le traitement et ainsi traiter les maladies de manière plus ciblée et moins invasive.
Quelles décisions les politiques devraient-ils prendre face au développement des dispositifs médicaux innovants, dont l’efficacité ne fait pas de doute, mais qui pèse sur la sécurité sociale ?
L’innovation coûte cher si elle est vue comme une dépense pure. Il faut la considérer comme un investissement. Innover c’est permettre un traitement précoce et de qualité pour un plus grand nombre de personnes et donc une baisse des dépenses curatives. C’est un véritable enjeu de santé publique. Par ailleurs, les pouvoirs publics doivent inciter, développer et financer la télémédecine afin de faire face aux raréfactions des ressources médicales et optimiser les parcours de soin. Le coût d’un parcours de bonne santé doit être vu dans sa totalité. L’innovation qui sert à diagnostiquer plus tôt, à mieux soigner en amont, permet de passer du curatif au préventif et de réduire les dépenses collectives de santé.
Propos recueillis par Marion Robert