Groupement d’intérêt public, le Réseau des acheteurs hospitaliers (Resah) œuvre à la performance de la fonction achat dans le secteur de la santé. Au-delà des économies d’échelle, Charles-Édouard Escurat, son directeur général adjoint, évoque les capacités de ce réseau à mettre en œuvre l’innovation en santé.
Décideurs. En quelques mots, pouvez-vous nous présenter le Resah ?
Charles-Édouard Escurat. En qualité de GIP (Groupement d’intérêt public), le Resah accompagne la mutualisation et la professionnalisation des achats et de la logistique des acteurs publics et privés à but non lucratifs intervenant dans le secteur sanitaire, social et médico-social. Notre réseau compte plus 1500 bénéficiaires de nos contrats, aux typologies variées telles que CHU, Ehpad, conseils départementaux.
Il intervient comme une interface entre les bénéficiaires et les industriels au soutien des politiques publiques Cinq services complémentaires sont aujourd'hui proposés par la structure : centrale d'achat au sens du code de la commande publique au sein duquel nous avons un centre de l'innovation par les achats, le conseil en achat et la logistique, la formation-édition, ainsi que des solutions logicielles.
Comment s’orchestrent vos principales missions ?
Notre centrale d’achat, labellisée "Relations fournisseurs et achats responsables", permet aux organismes soumis au code de la commande publique d’accéder directement à des biens et services préalablement retenus par les équipes en lien avec des établissement. Son portefeuille couvre de nombreux segments, depuis les médicaments jusqu’aux prestations intellectuelles pour un volume achat qui devrait s’établir à 2 milliards d’euros fin 2022. L’objectif est de permettre à nos bénéficiaires, pris dans leur diversité, d’accéder rapidement à ce dont ils ont besoin auprès de nos 700 fournisseurs, dont environ 45% de TPE/PME.
"Notre réseau compte plus de 1 500 bénéficiaires de nos contrats, aux typologies variées telles que CHU, Ehpad, conseils départementaux"
Le Resah est aussi un centre de formation certifié. À ce titre, nous organisons des programmes à destination des acheteurs, mais aussi des prescripteurs. Il peut s’agir de formations en management des achats, en gestion de la performance achat et logistique, ou encore en droit applicables aux marchés publics. Parallèlement, nous avons mis en place des parcours et formations certifiantes avec l’École des hautes études en santé publique (EHESP) "les 100h de l’achat en santé", l'École des Mines de Saint-Etienne (ADéLH : 'Aide à la décision en logistique hospitalière"), ou encore avec l’université de Montpellier avec un cursus de droit des achats publics en santé.
Comment la mutualisation des volumes vient-elle appuyer l’innovation ?
La mutualisation des expertises, plus que celle des volumes, favorise l’innovation ainsi que sa mise en place. La recherche d’innovation, en lien avec les établissements et les industriels, constitue une sorte de "Recherche et développement" de l’achat, c’est le sens de la mission du Centre de l’innovation par les achats. En relais, les processus de la centrale d’achat vont permettre de faciliter l’accès au marché et, dans certains cas, une capacité à créer ou faire mûrir des solutions. Actuellement, nous travaillons sur l’achat d’un système de détection rapide et de contrôle de la résistance aux antimicrobiens. Par nos politiques d’achat, nous contribuons à la diffusion de solutions innovantes pertinentes et plus particulièrement grâce à des partenariats que nous pouvons avoir avec les établissements ou consortiums. C’est ainsi que nous avons récemment mené un projet, soutenu par la Commission européenne, sur la gestion de la douleur.
"Il s’agit par ailleurs de pouvoir fédérer des industriels pour qu’ils apportent des solutions conjointes et complémentaires"
Quelles tendances anticipez-vous dans le secteur de l’innovation en santé ?
Le secteur de la santé est, par essence, particulièrement innovant. On perçoit des évolutions, à l’œuvre depuis quelques années mais qui s’accélèrent, en matière de digitalisation, de meilleure prise en compte des impacts sociaux et environnementaux, d’amélioration de l’expérience patient et de la qualité de vie au travail des équipes ainsi que le décloisonnement des acteurs au niveau des territoires.
Le rôle du Resah est de permettre l’identification, l’évaluation et la diffusion des solutions qui vont apporter de la valeur dans le système. Au-delà du référencement, la question de la diffusion de l’innovation est clé et il s’agira pour le Resah de faciliter l’accès à des établissements ou de fluidifier l’implémentation de la solution en complément des actions qui sont par ailleurs entreprises par la société. Il s’agit par ailleurs de pouvoir fédérer des industriels pour qu’ils apportent des solutions conjointes et complémentaires – "clés en main" – à des problématiques abordées par les établissements.
Dans ce contexte, la France dispose d’un tissu industriel particulièrement innovant et performant notamment concernant les TPE/PME. On songe par exemple au secteur des dispositifs médicaux. Les centrales d’achat devraient dans les prochaines années être en mesure de soutenir les industriels dans leur volonté de s’implanter sur de nouveaux marchés. À terme, on peut envisager que l’écosystème des achats se concentre, moins sur la fourniture de produits, que sur celle de solutions innovantes.
Propos recueillis par Alexandra Bui