Rattachée au ministère de la Santé et de la Prévention, l’Organisation de la direction générale de l’offre de soins conçoit et pilote les politiques publiques relatives aux soins de santé. Afin de forger un parcours patient aussi efficace qu’innovant, Cécile Lambert, cheffe de service de la DGOS, décrit notamment l’apport du digital et de la sensibilisation aux nouveaux usages.
Décideurs. Quelles sont les missions de l’Organisation de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) ?
Cécile Lambert. La direction générale de l’offre de soins se charge de mettre sur pied la réponse aux besoins de santé des Français. Concrètement, nous garantissons l’organisation des soins, les structures et les professionnels qui y participent. Sur ce dernier point, nous assurons la gestion des ressources humaines de leur formation initiale jusqu’aux modalités de rémunération, y compris avec d’autres organismes tels que la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam).
En ville comme à l’hôpital, la DGOS agit pour améliorer le parcours du patient dans le système de santé. L’Organisation est, entre autres, cheffe de fil en matière de télésanté avec le développement de la téléconsultation, la téléexpertise et la télésurveillance. En soutien de l’innovation liée aux nouveaux cadres de soin, nous sommes également le principal financeur de la recherche clinique en France.
"En ville comme à l’hôpital, la DGOS agit pour améliorer le parcours du patient dans le système de santé"
Les politiques publiques favorisent davantage de prévention. Quelle est votre position en la matière ?
Il est certain que la santé publique n’est pas le monopole des professions de santé. Au-delà du soin, la prévention primaire relève de plusieurs politiques publiques relatives au logement, au travail ou à la santé environnementale pour assurer des conditions de vie de qualité. À l’image d’un médecin, un agriculteur qui réduit son utilisation de pesticides actionne les leviers qui empêchent ou minimisent le risque d’apparition d’une maladie.
Afin de redonner de l’information sur des sujets de santé tels que la vie sexuelle ou l’activité physique, le ministère va mettre en place les "rendez-vous prévention" à des âges clés de la vie. Un positionnement pertinent au vu du très grand nombre de Français qui indiquent que leur médecin traitant représente la personne en qui ils font le plus confiance en matière de santé. À travers le déploiement et la composition de ces rendez-vous, la DGOS soutient l’effort de prévention.
Une meilleure communication avec le patient passe notamment par des outils numériques modernisés. Pour y parvenir, où en sont les programmes tels que Hop’en ?
La DGOS accompagne les offreurs de soin dans l’usage du numérique pour une gestion des parcours patient optimisée. Pour y parvenir, le programme Hop’en vise notamment à établir des systèmes d’information hospitaliers sécurisés et interopérables afin de fluidifier le passage des usagers d’une structure à l’autre. Financé par la DGOS à hauteur de 100 millions d’euros par an, Hop’en entend développer l’utilisation du dossier médical partagé.
"Le programme Hop’en vise à établir des systèmes d’information hospitaliers sécurisés et interopérables"
Mais ce n’est pas tout. Si le système d’information commun des antennes Samu facilite la régulation médicale, nous déployons également la plateforme pour le service d’accès au soin (SAS) pour désengorger les urgences. Avec cette porte d’entrée commune pour les soins non programmés, vous pouvez d’ores et déjà être orienté, en fonction de la situation, vers un médecin de ville ou les urgences dans les territoires expérimentateurs. Grâce à l’agrégat des données issues de plateformes telles que Doctolib ou KelDoc, les disponibilités des médecins de ville sont visibles en temps réel.
Qu’en est-il des programmes Sun-es et Sons ?
La DGOS participe aux programmes Sun-es et Sons, portés par la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS). Le caractère inédit de Sons tient à sa méthode de financement. Si la DGOS finance en règle générale les offreurs de soins, les éditeurs de logiciels sont ici directement rémunérés. En finançant une seule fois les évolutions des logiciels, les éditeurs s’engagent à répondre à nos objectifs sans que les établissements éprouvent des difficultés à les obtenir ou soient facturés deux fois.
Toujours de pair avec la DNS, nous lançons un programme, fruit de la fusion entre Hop’en et Sun-es. L’ambition est d’accélérer le numérique à l’hôpital pour un partage de données sécurisé entre les différents acteurs de la chaîne du soin, dans la veine de "Mon espace santé".
De même, la cybersécurité fait l’objet d’un plan dédié. Sensibilisation des professionnels de santé aux bons réflexes, exercices, évaluation de la maturité des établissements et financement des outils empêchant les intrusions composent les jalons de celui-ci.
"L’intégration des patients experts aux enseignements des professionnels et leur professionnalisation constituent une clé"
L’une des priorités dans l’amélioration du parcours de soins est d’encourager l’engagement et la compréhension du patient de ses traitements. Quelles sont vos pistes ?
En premier lieu, la DGOS mène un projet d’intégration des patients experts dès la formation initiale des professionnels de santé. L’idée est de légitimer les "savoirs expérientiels", tirés du vécu des patients. La réponse aux traitements, la douleur, les conséquences au quotidien et le besoin de pair-aidance sont autant d’éléments que les patients, souvent atteints d’une maladie chronique, connaissent encore mieux que les professionnels.
Outre l’intégration des patients experts aux enseignements des professionnels, leur professionnalisation constitue une clé. À l’AP-HP déjà, mais également dans des centres de lutte contre le cancer, le recrutement de ces patients atypiques permet d’accompagner au mieux les personnes malades. À temps complet ou partiel, leur rôle consiste à vérifier que les patients reçoivent les informations ainsi que le parcours adapté et de former les professionnels au dialogue.
En collaboration avec France Assos Santé, la DGOS recueille également la parole des associations de patients. Une brique supplémentaire dans la prise en charge des usagers. Pour les "pathologies du quotidien", la compréhension du patient continue de reposer sur l’éducation et la prévention.
Propos recueillis par Léa Pierre-Joseph