Associée au sein de Stephenson Harwood depuis près d’un an, Ngowari Adikibi a fait de la structuration de fonds son terrain de jeu. Curieuse de tout, elle parle tout aussi bien de disco, de foot et de mixologie. Mais c’est surtout une sincère passionnée de la matière juridique pour laquelle elle retient avant tout la composante sociale, n’imaginant pas sa carrière sans un volet pro bono.
Ngowari Adikibi, le droit chevillé au corps
Ngowari Adikibi rayonne. Avocate jusqu’au bout des ongles, elle a trouvé sa place chez Stephenson Harwood en 2022, cabinet qui la couronnée associée il y a moins d’un an. Pourtant, elle balaye d’un revers de main le titre : "Ce n’est pas ce qui me définit. Mais cela permet aux clients de savoir que le cabinet m’accorde sa confiance. Et c’est un challenge supplémentaire, car il ne faut pas négliger l’aspect business." Véritable passionnée de la matière juridique, Ngowari Adikibi a aussi une personnalité truculente et sincère, parlant de son parcours sans fards, marquant les esprits par sa curiosité et ses convictions.
Véritable francophile, elle a commencé à étudier la langue de Molière à 8 ans, avec l’espagnol et le latin. Elle a eu beau travailler au Royaume-Uni et en Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Uruguay), c’est toujours à Paris et dans sa “belle France” qu’elle s’est sentie chez elle. D’ailleurs, elle s’agace, la fatigue aidant (elle revient à peine d’un déplacement à l’étranger) sa langue a fourché sur un mot ou deux.
Fil à retordre
Quant au droit, c’est une discipline qui lui est apparue comme une évidence : "Je voulais faire un cursus juridique franco/anglais, car au-delà de mon amour pour les langues, c’est une matière vivante qui est le socle de toute notre société. Quand j’ai été admise pour réaliser le double cursus à la Sorbonne et au King’s College, je n’arrivais pas à y croire, c’était très convoité avec peu de places." Elle n’a jamais regretté, même à la découverte des dissertations en deux parties chères aux facs de l’Hexagone qui lui ont donné du fil à retordre. Et elle s’épanouit en se plongeant dans les cours de droit des affaires comparé français, anglais et américain, mais aussi en intégrant la Debating Society du King’s College.
Les challenges, cette native de Manchester y est accro. Son parcours illustre d’ailleurs sa soif d’apprendre toujours plus, mais aussi ses goûts hétéroclites. En musique, elle écoute tout aussi bien de l’opéra que du disco. En droit, ses multiples passages en cabinet lui ont fait découvrir l’arbitrage, le contentieux et regulatory, les marchés de capitaux, le private equity, le M&A ou encore le restructuring. Ce qu’elle retient des bureaux où elle est passée ? Au-delà des connaissances qu’elle a acquises, une atmosphère, des mentors (citons pêle-mêle Yas Banifatemi, David Chijner, Philippe Druon ou Nicolas Demigneux, managing partner de Stephenson Harwood Paris) et des anecdotes comme la canicule de 2003 imprévue dans les bureaux naissants de Weil Gotshal & Manges (anciennement Serra, Leavy & Cazals) : elle était "si contente d’être là et de travailler avec des gens incroyables dans une ambiance bienveillante, c’était l’âge d’or".
"Je n’ai jamais travaillé dans un cabinet qui ne faisait pas de pro bono, une structure qui ne donne pas à la communauté, cela n’a pas de sens"
Elle aurait aussi pu devenir une mixologiste reconnue à Londres. Mais c’est pour le private equity qu’elle se découvre une forte appétence. Et, petit à petit, en particulier pour la structuration de fonds. Aujourd’hui, elle représente des sociétés de gestion, GPs ou encore investisseurs institutionnels ou LPs français et européens, lors de la création de fonds internationaux et de transactions cross-border entre entreprises et fonds d’investissement, y compris Access Capital Partners. Dans ce cadre, et en vue du marché actuel, elle a développé également un savoir-faire particulier en matière de fonds à impacts qui se multiplient et a étendu progressivement sa pratique au Moyen-Orient et au continent africain, avec des clients comme SPE Capital Partners. Mais pas seulement. Depuis le début de sa carrière, elle s’attache à intervenir sur des dossiers pro bono, une activité qu’elle a pu accroître ces dernières années : "Je n’ai jamais travaillé dans un cabinet qui ne faisait pas de pro bono, une structure qui ne donne pas à la communauté, cela n’a pas de sens."
Bonbons et chocolats
Extrêmement sensible à la question du bien-être et de l’épanouissement dans son équipe, elle donne une grande importance à la transmission : "Je peux former n’importe qui à la condition que la personne en face de moi ait envie d’apprendre." Et pour cela, sa porte est toujours ouverte même si certains la franchissent par gourmandise : "Il y a toujours des chocolats et des bonbons sur mon bureau, je les utilise même pour rendre mes explications sur les fonds d’investissement plus concrètes, particulièrement pour des jeunes stagiaires découvertes de 14 ans, cela fonctionne très bien." Ngowari Adikibi est toujours là où on ne l’attend pas. Quand elle entonne "Ooh ah Cantona", cette supportrice de Manchester United témoigne : "Eric Cantona, c’était le roi." Un modèle d’engagement pour une personnalité inspirée et inspirante.
Béatrice Constans