Qu’elles soient mères, célibataires ou en couple, jeunes salariées, seniors ou cadres, les femmes ne sont pas traitées de la même manière que les hommes dans le monde du travail. Conséquences, selon une étude du site d’emploi Indeed parue en mai dernier : leurs parcours professionnels stagnent, et les Françaises perdent foi en leur capacité à les faire progresser.
Progression de carrière : les femmes n’y croient pas
L’optimisme n’est pas au rendez-vous chez les travailleuses françaises. D’après une étude menée par Indeed dans plus de onze pays, elles sont seulement 30 % à se dire confiantes quant à leur avenir professionnel. Salaires inférieurs à ceux de leurs homologues masculins, accès à des métiers plus précaires, perspectives d’évolutions de postes limitées… Il faut bien dire que le monde du travail actuel est peu favorable à l’ascension professionnelle des femmes. Un contraste saisissant avec les carrières des hommes, d’autant plus que l’écart se creuse dès les premières années d’activité : l’intervalle salarial entre les hommes et les femmes est déjà de 18 % dès l’obtention du diplôme, et s’élève à 29,4 % après trente ans d’ancienneté. Au-delà des évolutions de carrière, les employés déplorent l’inertie des institutions : 62 % des salariées françaises se disent insatisfaites des actions menées par l’État sur la question des inégalités salariales, contre seulement 8 % s’en déclarant satisfaites. De même, les Françaises sont 31 % à estimer que leur direction ne met rien en place pour faire disparaître les disparités entre les sexes au sein de l’entreprise.
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La santé mentale reste taboue
Qu’en est-il de l’accompagnement des effectifs ? Les équipes ont beau tirer la sonnette d’alarme, les directions demeurent attentistes sur l’enjeu de la santé mentale, pourtant majeur. Près de la moitié des femmes interrogées (49 %) cachent l’affaiblissement de leur état mental à leur manager, de peur d’être considérées comme "moins compétentes" ; 58 % d’entre elles ne se sentent pas ou peu à l’aise à l’idée de parler de bien-être psychologique avec leur hiérarchie. Pourtant, 29 % des salariées âgées de 18 à 24 ans ont déjà eu des problèmes de santé mentale dans le passé et 13 % d’entre elles déclarent en vivre actuellement. Une proportion non négligeable, surtout comparée à la moyenne nationale, qui s’élève à 9 %.
En la matière, la France ne fait pas figure d’exception : à l’international, tous pays confondus, 37 % des femmes entre 18 et 24 ans ont déjà vécu des troubles psychologiques, et 25 % en traversent actuellement. Les Français estiment pour moitié environ que le gouvernement ne soutient pas les salariés confrontés à des problèmes de santé mentale.
Les Françaises pessimistes pour leur carrière
Les Françaises ont plus de peine à voir l’avenir en rose que les travailleuses du reste du monde. Même si elles sont 29 % à penser que "la situation des femmes sur le lieu de travail s’améliorera légèrement dans les cinq prochaines années", elles sont plus nombreuses à être désabusées : 46 % d’entre elles (le taux le plus élevé parmi les nationalités interrogées) pensent qu’"il n’y aura pas plus de femmes dans des postes de direction qu’actuellement". Malgré tout, la nouvelle génération semble faire souffler un air un peu plus frais sur le monde du travail : si leurs aînées sont seulement 30 % à être optimistes quant à leur carrière, 44 % des jeunes femmes continuent d’espérer une amélioration de la situation.
Lisa Combe
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