La société financera la réactivation de la célèbre centrale de Three Mile Island.
On le sait, l’explosion de l’IA s’accompagne d’une demande sans cesse croissante de datacenters pour entraîner ses modèles. Ces derniers sont si énergivores que l’alimentation électrique devient désormais critique, en particulier aux États-Unis. Les plus grands acteurs du secteur cherchent donc à sécuriser un accès l’électricité, au point parfois d’investir des sommes colossales.
À lire aussi L’IA pulvérise les ambitions climat de Microsoft
Microsoft en est le parfait exemple puisque le géant de Richmond a récemment signé un contrat pour relancer la centrale nucléaire de Three Mile Island et en acheter la totalité de la production pour alimenter ses datacenters. Si ce nom vous dit quelque chose, c’est tout à fait normal car cette centrale fut celle où eut lieu le pire incident nucléaire de l’histoire des États-Unis. Ce dernier s’était conclu par une fusion partielle de l’un des réacteurs, l’enceinte de confinement avait heureusement tenu le coup, les rejets radioactifs avaient été très faibles et aucune victime n’avait été à déplorer. L’incident eut cependant un impact notable dans le sens où il mit fin à la construction de nouvelles centrales aux USA et avait alimenté les mouvements antinucléaires à travers le monde. Le second réacteur, non endommagé, avait continué à fonctionner jusqu’en 2019.
Relancer la machine
À l’arrêt depuis 5 ans, le réacteur numéro 1 devrait donc reprendre du service puisque Microsoft et le propriétaire Constellation ont signé un contrat d’approvisionnement de 20 ans pour les 837 mégawatts du réacteur. De quoi alimenter 800 000 foyers américains. Constellation devrait investir 1,6 milliard de dollars pour relancer la centrale d’ici à 2028 et espère pouvoir en prolonger le fonctionnement au moins jusqu’en 2054. Si les acteurs de la Tech ne sont pas étrangers aux projets énergétiques, ces derniers concernaient le plus souvent les énergies renouvelables.
Microsoft n’est d’ailleurs pas le premier à s’intéresser au nucléaire, puisque la plupart des gros acteurs du secteur, comme Amazon ou Meta, préfèrent cette énergie moins dépendante des conditions climatiques que le solaire ou l’éolien. Les petits réacteurs modulaires, plus simples à déployer, attisent les intérêts.
L’IA ou l’environnement ?
Reste que si cette réouverture de centrale est intéressante dans une optique de production d’énergie moins carbonée, la question de l’usage se pose une nouvelle fois. Alors que son utilité reste pour l’instant encore douteuse, l’IA consomme de plus en plus d’énergie. Résultat, les objectifs carbone des grands acteurs de la Tech sont pulvérisés les uns après les autres. Une tendance d’autant plus inquiétante qu’Eric Schmidt, l’ex-PDG de Google, expliquait la semaine passée que nous ne devions pas restreindre la demande d’énergie de l’IA car « de toute façon nous n’allons pas tenir nos objectifs climat », expliquant ensuite que l’IA pourrait être selon lui apporter une solution au réchauffement climatique… Une approche techno solutionniste qui n’est donc pas sans inquiéter.
François Arias