Si son rôle est discret, il n’en est pas moins primordial. Préfon, association au chevet des assureurs, travaille main dans la main avec CNP Assurances pour veiller aux intérêts financiers des affiliés.
Christian Carrega (Préfon) : "Notre autonomie nous permet d’exercer une pression constructive pour orienter la gestion dans l’intérêts des épargnants"
Décideurs. Vous conseillez CNP Assurances sur la gestion de son portefeuille épargne-retraite. Pouvez-vous nous expliquer votre rôle ?
Christian Carrega. Notre rôle principal est de veiller aux intérêts de nos clients. Nous sommes souscripteur d’un contrat collectif d’épargne-retraite (ndlr : un PER). Ce dernier est majeur en France, il est géré par CNP Assurances. Leur rôle est technique, administratif et financier. Le nôtre est de s’assurer que ces trois volets respectent les engagements envers les épargnants qui nous ont fait confiance.
Comment est-ce que cela se traduit ?
Ces engagements sont estimés à 10,3 milliards d'euros, et nous avons un taux de couverture des engagements supérieur à 137 %. Ce taux est pour l’assureur un indicateur essentiel, car si nous devions le voir descendre en dessous de 100 %, la réglementation obligerait l’assureur à mobiliser des fonds propres pour assurer la couverture. C’est ce qui nous distingue d’un fonds de pension, la garantie est portée par l’assureur, c’est la première garantie de notre régime de retraite.
Quelle place a l’indépendance de votre association vis-à-vis de CNP Assurances ?
L’association a été créée et est toujours contrôlée par quatre organisations syndicales de fonctionnaire. La vocation de l’association depuis sa création est d’exercer la surveillance de ce régime au bénéfice de nos affiliés.
"Si l’assureur a pour priorité de couvrir ses engagements, il nous incombe de faire en sorte que cette gestion ne se limite pas qu’à cela"
Cela se traduit par une professionnalisation de nos pratiques et une indépendance vis-à-vis de l’assureur. Ce qui nous permet d’exercer une pression constructive pour orienter la gestion dans l’intérêts des épargnants. Même si la relation avec CNP est collaborative, il existe un rapport de force sain et nécessaire dans la gestion d’un fonds de cette envergure.
Le taux de couverture est-il le garant de la rentabilité ?
Il existe une certaine tension entre ces deux aspects de la gestion. Si l’assureur a pour priorité de couvrir ses engagements, il nous incombe de faire en sorte que cette gestion ne se limite pas qu’à cela. Nous cherchons à obtenir des rendements additionnels, car une performance supérieure permettrait de revaloriser les rentes des affiliés. Bien que nous ne partagions pas toujours la même vision, nos discussions avec l’assureur tourne autour de l’équilibre entre sécurité et rentabilité.
Où êtes-vous aller chercher de la performance ces dernières années ?
Les actions ayant été moins performantes ces dernières années, nous avons accentué l’exposition sur l’immobilier et les infrastructures, qui offrent des rendements plus réguliers, même en période de volatilité. Nous avons aussi exploré le private equity, notamment dans des phases de développement plutôt qu’en amorçage.
Veillez-vous également à l’intégration de la finance durable au sein des portefeuilles ?
Nous croyons fermement que ce type d’investissement permet de sécuriser davantage le portefeuille. Bien qu’il existe un débat sur la rentabilité des fonds ISR, nous pensons que c’est avant tout une question de bon sens et de gestion des risques à long terme. L’objectif est de réduire les risques de pertes en privilégiant des entreprises responsables et durables.
Propos recueillis par Marine Fleury