Incontournables dans le paysage de la gestion d’actifs, les institutionnels influencent les tendances d’investissements souvent suivies par de nombreux acteurs de la finance. Philippe Gaboriau, directeur général du Fonds de dotation du Louvre, nous livre sa lecture des marchés.
Philippe Gaboriau (Fonds de dotation du Louvre) : "Nous avons rédigé une charte d’investissement responsable en 2016 en ligne avec les thématiques du musée du Louvre"
Décideurs. Pouvez-vous nous présenter le Fonds de dotation du Louvre ?
Philippe Gaboriau. Le Fonds de dotation a été créé il y a quinze ans par le musée du Louvre sur le modèle des endowments américains. Nous sommes relativement jeunes dans le paysage mondial de ce type de structures pour un musée, bien que nous soyons le plus important en France. Notre équipe est composée de trois personnes dont le premier rôle est de lever des fonds auprès des mécènes, et le second de piloter les investissements.
Comment se compose votre allocation globale actuelle ?
Notre allocation d’actifs est très diversifiée avec une poche d’actifs illiquides de l’ordre de 30 %, répartie sur le non-coté au sens large, incluant l’infrastructure (8 %) et la dette privée (18 %). Cette poche de dette privée a été majoritairement structurée en 2022 et début 2023, la baisse des taux, très modérée, ne nous impacte donc pas réellement.
De plus, nous sommes légèrement exposés aux matières premières et détenons un petit portefeuille optionnel opportuniste. Enfin, nous travaillons majoritairement en multigestion, hormis pour le petit book optionnel et les devises, traités en direct. Nous n’avons aucun biais de sélection dans notre gestion et investissons sur des fonds européens et internationaux.
Quelle place accordez-vous à la finance responsable ?
Nous avons rédigé une charte d’investissement responsable en 2016 en ligne avec les thématiques du musée du Louvre, en l’orientant sur deux points : l’exclusion sectorielle et l’impact investing. Ainsi, nous avons sélectionné cinq fonds d’investissement soutenant des missions d’intérêt général grâce à des formules de partage de performance pour soutenir des projets d’éducation et de culture, entre autres.
Comment appréhendez-vous 2025 ?
La gouvernance pour le pilotage de notre allocation est très responsabilisante, car les équipes de gestion travaillent avec une certaine liberté, ce qui exige une transparence complète auprès de nos instances de gouvernance. Notre mode de gestion nous différencie des autres investisseurs institutionnels puisque nous pouvons nous permettre de prendre des décisions d’allocation tactiques, de façon assez fine, en fonction des fluctuations de marché. Après deux années de fort rebond, 2025 pourrait être une année de consolidation des actifs, qui nous poussera à tenir une position plutôt défensive sur la partie liquide du .
Propos recueillis par Marine Fleury