Les responsables politiques rivalisent d’effarement face aux événements météorologiques de plus en plus violents qui touchent le territoire national. Une posture en porte-à-faux avec un discours scientifique qui alerte depuis des décennies sur les conséquences de nos inconséquences climatiques.

Hier soir, ma fille sautait partout dans l’appartement. Malgré mes appels à la fois de moins en moins calmes et de plus en plus résignés à davantage de retenue, malgré la menace répétée d’une inévitable chute, suivie d’immanquables pleurs cataclysmiques, elle a refusé de m’entendre. Jusqu’à ce que ma prédiction se réalise. J’ai ravalé un « bien fait » et consolé ma fille. J’imagine que les scientifiques et autres lanceurs d’alerte climatique ont moins de bienveillance pour Christophe Béchu qui s’exprime du Nord-Pas-de-Calais, de l’eau jusqu’aux genoux : « Personne n'imaginait début décembre (...) qu'on aurait à nouveau un épisode de ce type. »

Pataugeoire

Derrière la fausse surprise, la vraie question qui se pose est celle de l’adaptation des territoires à la nouvelle réalité climatique, de la fin de l’artificialisation des sols, voire de la renaturation, de nouvelles infrastructures pour diriger ou stocker le surplus d’eau de pluie, bref d’une réponse systémique à un problème qui l’est tout autant, et qui ne peut se résumer à revenir tous les hivers avec une bonne paire de bottes et une batterie de pompes à haut débit. Pour un gouvernement qui se targue sans cesse de vouloir « protéger les Français », cet impensé relève d’une hypocrisie coupable. Il y a certes eu des avancées, comme la politique de Zéro artificialisation nette, mais dans les faits et le discours, force est de constater que cela n’arrive pas à imprimer.

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Humilité

Ce qui est vrai pour le Nord-Pas-de-Calais aujourd’hui, le sera tout autant pour les épisodes de sécheresse que connaîtra demain le sud du Pays, pour les canicules qui s’abattront sur les grandes villes, ou pour le recul du trait de côte sur la façade Atlantique. L’adaptation de nos territoires au changement climatique est un défi majeur, qui a pour avantage d’incarner les enjeux. Il ne s’agit plus de faire baisser d’invisibles émissions de CO2 dans des ordres de grandeur qui nous dépassent, mais d’ajuster le quotidien à une nouvelle donne, une nouvelle réalité, dans un rapport à la nature empreint d’une humilité nouvelle.

C’est une tâche difficile, qui demandera constance et pédagogie, sérieux et détermination, planification et concertation. Plaider la surprise permet certes d’en faire l’économie. Mais la réalité a une fâcheuse tendance à se faire de plus en plus difficile à surmonter pour ceux qui s’obstinent à l’ignorer.

Antoine Morlighem

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