L’ERAFP (Établissement de retraite additionnelle de la Fonction publique) mise sur une gestion durable et diversifiée. Catherine Vialonga, directeur général adjoint, directeur de la gestion technique et financière, détaille l’allocation d’actifs, l’engagement ESG et les stratégies du fonds de pension dans un contexte de montée en puissance des critères climatiques et de biodiversité.
Catherine Vialonga (ERAFP) : "Notre objectif est de maximiser le rendement pour les affiliés et la richesse du régime"
Décideurs. Quelle est la stratégie globale d’allocation d’actifs de l’ERAFP ?
Catherine Vialonga. En tant que fonds de pension par capitalisation, nous bénéficions d’une visibilité importante sur nos flux financiers qui nous permet d’adopter une stratégie à long terme, sans contrainte de liquidité, car les cotisations sont supérieures aux prestations. Actuellement, notre allocation est la suivante : 40 % en actions cotées, 4 % en actifs non cotés, 10 % en immobilier, 42 % en produits de taux et une poche diversifiée de 3 %.
Sur 2024, nous avons renforcé nos investissements obligataires, en raison de la remontée des taux. Cela a marqué un retour sur des obligations d’État et du crédit euro, tout en maintenant des flux constants vers les actions et le private equity. En revanche, nous avons été plus prudents sur l’immobilier, privilégiant quelques opportunités notamment dans le résidentiel.
Quelle est votre politique ISR ?
Depuis sa création en 2005, l’ERAFP est engagé dans une gestion 100 % ISR. Nous disposons d’une charte ISR enrichie au fil du temps, déclinée en référentiels spécifiques par classe d’actifs. Par exemple, nous utilisons une approche best in class pour sélectionner les entreprises, en retenant celles qui se classent dans les trois premiers quartiles de notre notation ESG.
Nous complétons cela par des actions d’engagement auprès des entreprises, et nous nous sommes dotés de lignes directrices de vote aux assemblées générales en soutien de notre politique ESG. Nous avons également adopté une politique climat avec des objectifs de réduction de l’empreinte carbone et une politique d’investissements relative aux énergies fossiles.
Comment pilotez-vous vos investissements en non-coté ?
Le private equity et les infrastructures représentent des classes d’actifs stratégiques pour nous. Elles offrent non seulement une prime de liquidité intéressante, avec des rendements espérés entre 8 % et 10 %, mais elles sont aussi alignées avec notre besoin de revalorisation à hauteur de l’inflation.
Nous investissons progressivement pour lisser les millésimes et minimiser les risques. Cette approche prudente est essentielle, car ces actifs sont peu liquides. Depuis 2015, nous sommes montés en charge progressivement, le private equity et les infrastructures atteignant aujourd’hui 4 % de notre portefeuille en valeur économique.
Quelle est votre approche des investissements thématiques ?
Nos investissements thématiques se font majoritairement via des fonds multi-investisseurs. Par exemple, nous avons des fonds orientés sur le climat ou la technologie, notamment dans le cadre de l’initiative Tibi. Même si nos mandats intègrent déjà des exigences ISR, ces fonds permettent d’approfondir des thématiques spécifiques tout en respectant notre politique climat.
Sur les actions cotées, quelle est votre stratégie ?
Nos investissements actions sont diversifiés géographiquement et par taille de capitalisation. Nous investissons sur les grandes et petites capitalisations en zone euro et en Europe, mais aussi aux États-Unis, au Japon et, dans une moindre mesure, dans les marchés émergents.
Notre objectif est de maximiser la richesse du régime et le rendement pour les affiliés sur le long terme tout en limitant les risques. Nous ne visons pas une performance annuelle spécifique, mais suivons attentivement des critères comme le taux de couverture des engagements, qui doit rester supérieur à 100 %, et la capacité de revalorisation annuelle des prestations.