Le dimanche 7 juillet, dans près de 300 circonscriptions, les électeurs peuvent théoriquement être amenés à choisir entre trois candidats : un RN, un NFP et un Ensemble. Certains partis et responsables politiques appellent clairement leurs candidats arrivés troisième à se désister face au Rassemblement national. D’autres y sont favorables, mais au cas par cas.

Depuis les premiers résultats des législatives de ce dimanche 30 juin, les chefs de partis politiques s’expriment sur l’attitude à adopter face au Rassemblement national. Le front républicain très clairement dessiné lors de la présidentielle de 2002 qui opposa Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen n’a désormais plus la même définition que l’on soit à gauche, au centre ou à droite. Les partis donnent des consignes à leurs candidats et aux électeurs. À voir combien d’entre eux suivront la ligne dictée.

Ceux qui font barrage

Jean-Luc Mélenchon (LFI) : Jean-Luc Mélenchon a pris la parole peu après les résultats de dimanche soir. Il appelle à "donner une majorité absolue au Nouveau Front populaire car il est la seule alternative" face au RN. En cas de triangulaires, il l’assure : "Conformément à nos principes et à nos positions constantes (…) nulle part, nous ne permettrons au Rassemblement national de l’emporter. Et c'est pourquoi, dans l’hypothèse où il serait arrivé en tête et que nous serions en troisième position, nous retirerons notre candidature."

Marine Tondelier (EELV) : Avant même le vote du 30 juin, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, avait dressé une ligne claire. "Au second tour, lorsqu’un candidat républicain sera opposé à un candidat du Rassemblement national, nous soutiendrons le candidat républicain", avait-elle écrit aux chefs de la majorité présidentielle. Les écologistes avaient précisé qu’en cas de triangulaires, s’ils arrivaient troisièmes avec le risque de voir le RN l’emporter, ils demanderaient à leurs candidats de se désister.

Olivier Faure (PS) : Le premier secrétaire du Parti socialiste a fait part ce dimanche sur TFI de son souhait de voir les candidats du NFP se retirer "dès lors qu’il y a un risque de faire élire un candidat du Rassemblement national".

Raphaël Glucksmann (Place publique) : "Nous appelons à voter pour tous les candidats qui se retrouvent face au RN au second tour" des législatives a explicitement déclaré Raphaël Glucksmann.

Ceux qui font barrage à certaines conditions 

Emmanuel Macron et Gabriel Attal :  "Face au Rassemblement national, l'heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour", a martelé le président de la République lors d’une prise de parole à la télévision dimanche soir. Le chef de l’État n’a néanmoins pas donné de consignes de vote précise pour le second tour.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, a ensuite pris la parole pour expliquer qu’il y aura "désistement [des] candidats [d’Ensemble] dont le maintien en troisième position [ferait] élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend, [comme la majorité présidentielle], les valeurs de la République". Plus tard, l’équipe de campagne d’Ensemble a précisé que la consigne s’appliquerait pour les candidats LFI mais que les profils seront vérifiés afin de s’assurer qu’ils soient compatibles avec les "valeurs républicaines sur le parlementarisme, l’universalisme, l’antisémitisme", précise Le Monde.

François Bayrou (Modem) :"Beaucoup de Français seraient totalement désespérés à retrouver un vote entre RN et LFI, et ceux-là, nous allons les prendre en compte", a déclaré François Bayrou sur TF1. D’où l’intérêt de "regarder circonscription par circonscription" quels choix seraient les plus judicieux à opérer en cas de triangulaires.

Édouard Philippe (Horizons) : Le président d’Horizons demande aux candidats de sa formation politique qualifiés pour le deuxième tour mais arrivés en troisième position de se désister en faveur d’un "candidat républicain". Ce qui exclut les partisans de Jean-Luc Mélenchon. "Aucune voix ne doit se porter sur les candidats du RN, mais aussi ceux de LFI, avec lesquels nous divergeons, pas uniquement sur les programmes mais sur des valeurs fondamentales", a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée.

Les défenseurs du ni-ni

Les Républicains : La direction des Républicains n’a pas suivi son président controversé, Éric Ciotti. Dans un communiqué, la direction estime que : "Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience." Sur TF1, l'eurodéputé François-Xavier Bellamy considère, pour sa part, que "le danger qui guette notre pays aujourd'hui, c'est l'extrême gauche".

 Les alliés du RN

Éric Ciotti (LR) : Le président contesté des Républicains, Éric Ciotti, qui a scellé une alliance avec le RN, s’est félicité de la percée du parti de Marine Le Pen et espère bien voir Jordan Bardella à Matignon dans les jours à venir. "Les Républicains ne peuvent plus s'abstenir, ils doivent participer à la victoire de la droite tout entière."

Marion Maréchal (ex-Reconquête)  "Il y a aujourd'hui des candidats LR qui vont pouvoir se maintenir au second tour, des candidats LR qui n'ont pas voulu faire l'union au premier tour. Il est de leur responsabilité de ne pas se maintenir à l'occasion de ce deuxième tour pour ne pas risquer (...) de favoriser et de faire le lit, aujourd'hui, de cette coalition d'extrême gauche", juge Marion Maréchal, alliée du Rassemblement national.

 

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