Acteur majeur du secteur de la santé, Johnson & Johnson MedTech optimise le parcours de soins grâce à des solutions personnalisées. François Gaudemet, son président, présente les nouvelles méthodes de chirurgie portées par le digital, au profit des patients mais aussi des professionnels.

Décideurs. Comment les pratiques évoluent-elles avec l’arrivée du digital ?

François Gaudemet. La chirurgie digitale intègre la digitalisation des procédures médicales et l'interconnexion des instruments, en assurant une interopérabilité complète. Elle utilise l'imagerie 3D, la collecte de données, les algorithmes d'aide à la décision, le machine learning, I’IA ou encore la réalité augmentée, rendant les interventions moins invasives, plus personnalisées et plus précises.

Elle permet une prise en charge adaptée au profil de chaque patient et une diminution de la douleur post-opératoire comme de la durée de séjour à l’hôpital. Grâce à des technologies de prévisualisation, le chirurgien peut mieux informer son patient sur sa chirurgie. Il devient également possible de créer des liens entre différents centres de santé, y compris un chirurgien capable d’assister une procédure à distance, ce qui s’observe déjà pour certaines pathologies. C’est donc la qualité et la fluidité des parcours de soins qui s’en trouvent améliorées.

 

L’oncologie profite déjà de ces nouvelles technologies

Johnson & Johnson MedTech investit dans un vaste programme de R&D appelé l’interventional oncology. Il s’agit de réaliser des procédures peu invasives guidées par l’image chez les patients atteints de cancer. Dans le cas du cancer du poumon, notre plateforme Monarch permet de réaliser une bronchoscopie assistée par robot sans avoir à recourir à une incision. Elle est actuellement déployée aux États-Unis et en Chine mais ne dispose pas encore du marquage CE.

 

Développez-vous des solutions pour d’autres aires thérapeutiques ?

En chirurgie orthopédique, le taux d’insatisfaction des patients pour leur prothèse de genou est de l’ordre de 20 %. J&J MedTech a développé le robot Velys pour assister les chirurgiens dans la pose des prothèses de genou. Grâce à des images produites en temps réel, il est possible de poser l’implant de manière précise et de tenir compte de l’anatomie de chaque patient.

En plus de Velys, nous développons le programme robotique Ottava. Il s'agit d'une plateforme permettant de réaliser des chirurgies sur les tissus mous et qui devrait entrer dans le parcours réglementaire tant aux États-Unis qu'en Europe. Cette plateforme s'intègre parfaitement dans une architecture qui permet de connecter divers instruments et outils de visualisation. Actuellement, nous proposons aussi des systèmes de reconstruction 3D d’organes avec Visible Patient, une start-up française avec laquelle nous sommes partenaires. Visible Patient permet de réaliser une modélisation 3D des organes, offrant ainsi une visualisation précise de l'anatomie de chaque patient et permettant d’identifier les variations anatomiques par rapport aux connaissances des professionnels de santé.

C’est un changement technologique et organisationnel profond qui est en marche

Tout le parcours de soins se transforme. Quels défis rencontrez-vous dans l’adoption de ces nouvelles pratiques ?

L’adoption de nouvelles technologies nécessite un équilibre entre innovation et défis, notamment le coût et les modèles de financement. Les hôpitaux doivent prioriser leurs investissements en se demandant si la technologie permet d’attirer médecins et patients, d’améliorer les indicateurs de qualité, les résultats cliniques, et surtout la satisfaction des patients. Aujourd'hui, il est essentiel de prendre en compte le ressenti des patients, en plus des indicateurs cliniques et médico-économiques.

Nous devons aussi former et accompagner les professionnels de santé à l’utilisation de ces nouveaux équipements. Cela représente une opportunité formidable pour embarquer l’ensemble de l’équipe dans un projet commun. Enfin, un dernier défi auquel il nous faut faire face, c’est celui autour de la sécurisation de la donnée patient.

Nous ne sommes encore qu’aux prémices de la chirurgie digitale. C’est un changement technologique et organisationnel profond qui est en marche. L’ensemble des acteurs, les professionnels comme les patients, vont voir leur approche du parcours de soins transformée.

Sasha Alliel

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