Iparla, le mouton à cinq pattes
La participation active des ETI au sein de leur écosystème de proximité offre des possibilités de mutualisation entre industriels, note KPMG. Un bon exemple ? Celui de Pays Basque Industries qui a réuni des entreprises de son territoire pour lancer un projet de revalorisation des déchets. Iparla a été dévoilé en septembre.
Ce projet, mené à l’initiative de Pays Basque Industries (PBI), fédère 34 acteurs industriels du Sud-Ouest. Sa raison d’être : revaloriser les plastiques en sortie d’usine. Un travail de longue haleine puisque seulement 23 % des plastiques industriels en France sont réutilisés. "Les recycleurs ne se déplacent qu’à partir de 10 ou 15 tonnes, ce qui est un volume important pour des entreprises de taille intermédiaire. Recycler leur demande également de fournir un véritable travail de tri", explique Thibault Hourquebie, délégué général de PBI.
PBI a réalisé un diagnostic fondé sur le calcul des quantités de déchets, l’analyse de la récurrence, l’identification des polluants, tout en contactant des recycleurs mais aussi des clients finaux capables de réutiliser le plastique recyclé. "Le but est de valoriser petit à petit le plus de plastiques possibles, précise Thibault Hourquebie. Même si les industriels sont déjà en conformité avec les réglementations, la plupart des déchets finissent incinérés, et cela ne leur convient pas. Ils entreprennent une vraie démarche écologique."
Pour l’instant, deux projets entre deux industriels sont lancés. Des pièces de verrouillage pour des composteurs sont fabriquées par l’entreprise EBL à la demande de la PME Agec; et un support de poire pour chaise est produit par la société Somocap pour Sokoa. "C’est une pièce que l’on fabriquait en Chine et que l’on a rapatriée au Pays basque il y a deux ans, raconte Timothée Achéritogaray, directeur général de Sokoa, fabricant de sièges de bureau. Nous nous sommes emparés du projet Iparla rapidement car nous avons la volonté de faire le plus possible d’achats locaux et c’est un projet de décarbonation concret. Nous les industriels, on aime le concret!".
Pour ce faire, les nouveaux produits recyclés ont été l’objet de prototypages et ont dû prouver qu’ils répondaient aux normes. "Nous sommes pour le moment sur de petites quantités mais nous aimerions aller vers de plus grands volumes, notamment en utilisant des pièces recyclées plus grandes et donc plus techniques", ajoute Timothée Achéritogaray. De plus gros volumes et de la récurrence permettront de dynamiser l’activité des recycleurs voire d’employer davantage de personnes. Un cercle vertueux à tout point de vue donc.
Olivia Vignaud