Les Français suivent avec attention l'élection présidentielle américaine qui, à bien des égards, nous semble exotique. Pourtant, nous avons de plus en plus de points communs avec les Américains et le résultat du scrutin aura un impact sur notre société et notre vie politique.
Edito. Les Français, des Américains comme les autres
Show perpétuel, communication à outrance, marketing électoral élaboré, communautarisme assumé, millions de dollars engloutis, participation de nombreuses grandes entreprises… Comme tous les quatre ans, la campagne présidentielle américaine domine l’actualité. Et une fois encore, les Français aiment plagier Obélix en assénant : "Ils sont fous ces Américains !"
Mais nous autres, irréductibles Gaulois, ne devons pas oublier une chose : nous nous américanisons de plus en plus et personne n’est à l’abri. Jérôme Fourquet est sans doute la personne qui connaît le mieux la société française qu’il dissèque avec la précision d’un entomologiste. Dans ses best-sellers L’Archipel français, La France d’après ou La France sous nos yeux (co-écrit avec Jean-Laurent Cassely), il dévoile, chiffres et cartes à l’appui, la manière dont nous nous approprions le mode de vie du pays de l’Oncle Sam.
Tout le monde est concerné ! Le disciple d’André Siegfried montre que les classes populaires de la France périphérique se mettent massivement à la danse country et affectionnent de plus en plus ce qui est au cœur de l’identité des milieux sociaux peu favorisés de la première puissance mondiale : 4x4, barbecue, hamburgers, surcharge pondérale, rejet pavlovien de tout ce qui représente les élites, repli sur le noyau familial, églises évangéliques… Idem dans les banlieues où le rap, la NBA et tous les attributs de la culture afro-américaine foisonnent. La bourgeoisie et les jeunes urbains portent parfois un regard méprisant sur cette France dont ils veulent se détacher ? Pourtant, leur mode de vie converge de plus en plus avec celui des CSP+ de Pennsylvanie ou des yuppies et autres hipsters de New York et de Californie. Progressisme affiché, éloge de la diversité, essor du politiquement correct, amour pour les véhicules hybrides, les cafés sophistiqués, la bière artisanale, le bio, la street food premium ou encore les tatouages sont, pour Fourquet, autant de signes révélateurs.
La gauche française a repris tous les codes du progressisme américain : assignation identitaire, essentialisation, wokisme, abandon des zones rurales pour miser sur les grands centres urbains et la jeunesse. Quant à la droite, elle s’inspire sans vergogne du trumpisme : xénophobie débridée, fake news à gogo, repli sur les frontières nationales, discours identitaire…
En politique aussi, l’américanisation à marche forcée est de mise, pas toujours pour le meilleur. La gauche française a repris tous les codes du progressisme américain : assignation identitaire, essentialisation, wokisme, abandon des zones rurales pour miser sur les grands centres urbains et la jeunesse. Quant à la droite, elle s’inspire sans vergogne du trumpisme : xénophobie débridée, fake news à gogo, repli sur les frontières nationales, discours identitaires…
Le résultat du duel Trump-Harris (qui pourrait mettre du temps à se décanter tant il s’annonce serré) aura à coup sûr un impact sur l’Hexagone. Un retour à la Maison-Blanche de Donald Trump pourrait donner des ailes au RN et durcir le ton de la droite traditionnelle. Si victoire de Kamala Harris il y’a, elle sera forcément liée à ses bons résultats dans les "swing states" et l’Amérique périphérique grâce à un discours plutôt à gauche mais une volonté de rassembler large. Ce qui pourrait inspirer le "Harris tricolore" qui reste à trouver…
Lucas Jakubowicz