L’entreprise spécialisée dans les procédés éco-efficients de purification de liquide réalise plus de 80 % de son chiffre d’affaires à l’international. Pour l’avenir, elle table sur le développement de l’industrie éco-énergétique qui se fera en grande partie à l’étranger.

 Le marché mondial des laits et préparations pour bébés est gigantesque. En 2023, il pesait plus de 46 milliards d’euros, selon Statista. Les composants de ces produits s’avèrent dès lors des incontournables. Le deuxième d’entre eux pour les laits en poudre infantiles est issu de la déminéralisation du lactosérum, un coproduit de la fabrication de fromages. L’entreprise leader dans les outils industriels permettant de purifier le lactosérum et, in fine, de le réutiliser, est française et se nomme Eurodia. Cette société, spécialisée plus globalement dans les procédés éco-efficients de purification des liquides, dispose d’un ADN international pour avoir signé son tout premier contrat significatif en Irlande en 1988, année de sa création. "Nous sommes à l’export depuis notre premier jour et réalisons chaque année plus de 80 % de notre chiffre d’affaires à l’étranger", résume son président Mathieu Bailly.

De l’agroalimentaire à la transition énergétique

Les domaines d’intervention d’Eurodia sur l’agroalimentaire, son activité historique, sont multiples. Les technologies de la société, désormais basée à Aix-en-Provence, permettent par exemple aux producteurs de vins d’opérer la stabilisation tartrique de leurs précieux breuvages. Est évidemment concerné le marché français mais aussi celui de l’Italie, de l’Amérique du Sud et du Nord.

Depuis dix ans environ, Eurodia a développé ses savoir-faire pour les appliquer à d’autres secteurs, notamment celui des industries de la transition éco-énergétique. De quoi s’agit-il ? "De la chimie biosourcée d’une part, où des matières premières renouvelables comme le bois remplacent le pétrole, et de la production du lithium d’autre part, pour alimenter l’industrie des batteries électriques."

"Le recrutement est probablement notre plus gros challenge pour notre développement à l’export"

La société a notamment été sélectionnée pour industrialiser l’unité DLE (Direct Lithium Extraction) de la nouvelle usine d’Eramet en Argentine. "La chimie du lithium est notre grand secteur de développement et nous permet de viser au moins le doublement de notre chiffre d’affaires, actuellement de 35 millions d’euros, d’ici à 18 mois car les contrats sont beaucoup plus significatifs que dans l’agroalimentaire", explique Mathieu Bailly.

Du petit au grand export

Comment Eurodia est passé de l’Irlande à l’Argentine ? "Notre premier terrain de jeu a été l’Europe de l’Ouest. C’est là que se situaient les marchés agroalimentaires qui nous intéressaient. Notre taille ne nous permettait pas non plus de couvrir l’ensemble du monde", raconte Mathieu Bailly. Au milieu des années 2000, Eurodia se lance en Asie du Sud-Est. "Nous sommes allés en Chine mais uniquement sur le marché de la nutrition pour nourrissons qui était en plein boom avec l’industrialisation et l’occidentalisation croissante du pays."

En parallèle, la société opère des investissements au Brésil et en Argentine. La diversification de l’entreprise sur des sujets comme le lithium a facilité son développement dans le grand export, puisque la majorité des sites de production s’y trouvent, bien que l’Europe, pour des questions de souveraineté, s’y intéresse de plus en plus.

 Recruter, un challenge

Outre les risques géopolitiques et les questions de financement, Eurodia doit faire face à un marché de l’emploi tendu. "Nous cherchons des personnes qui veulent travailler dans l’industrie, qui doivent être régulièrement dans l’entreprise pour échanger avec les équipes mais aussi à l’étranger car il nous est nécessaire d’être sur place pour construire et mettre en route les unités industrielles, commente Mathieu Bailly. Ce sont des profils très précis. Le recrutement est probablement le plus gros challenge pour notre développement à l’export." Les collaborateurs sont aussi appelés à partager les valeurs du groupe, notamment sur le volet RSE - cher à Eurodia - afin de faciliter la transition écologique à laquelle l’entreprise participe.

Olivia Vignaud

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