Au début des années 2000, Nicolas Plowiecki, ingénieur de formation, prend la succession de son père à la tête de Balt, cette société française spécialisée dans la production de dispositifs médicaux visant à soigner AVC, anévrismes et autres malformations du cerveau. Une place de PDG qu’il cède en décembre 2018 après l’entrée d’un fonds d’investissement au capital de la société, tout en restant membre du conseil d’administration. Une stratégie payante puisque Balt reste une pépite française qui affiche un chiffre d’affaires d’environ 240 millions d’euros. Portrait d’un passionné.

Calepin et crayon. Au bloc opératoire, Nicolas Plowiecki dessine, échange avec les neuroradiologues les plus réputés et cherche à comprendre leur méthode d’intervention. Il n’est pas médecin. Il est ingénieur. Il est membre du conseil d’administration de Balt, cette société française, dont il a été le PDG pendant plus de 15 ans, et qui produit des dispositifs médicaux ultra-sophistiqués permettant aux mains qui soignent de guérir AVC, anévrismes et autres malformations. « Les dispositifs créés par Nicolas Plowiecki nous permettent de venir à bout de pathologies qui étaient auparavant incurables, assure le professeur René Chapot, neuroradiologue interventionnel à l’origine de plusieurs révolutions dans le traitement des pathologies du cerveau. Avec ses dispositifs largement en avance par rapport à la concurrence, Balt a fait évoluer la médecine. » « Balt est le pont entre le médecin et la solution technologique », précise l’intéressé reconnu pour sa personnalité solaire et sa passion sans limite pour la société fondée par son père en 1977. C’est d’ailleurs dans l’intérêt de Balt qu’il cède la majorité de son capital à un fonds d’investissement en 2015. Un choix délicat, forcément, pour celui qui demeure aujourd’hui, avec son épouse Marina Plowiecki, membre du conseil d’administration. Mais un choix judicieux pour l’épanouissement Balt. La preuve : grâce à la force de frappe du fonds, l’entreprise compte désormais 800 salariés répartis aux quatre coins du monde et affiche un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros. « Pendant plusieurs années, Nicolas Plowiecki a eu les mains dans le cambouis, il a su rencontrer les soignants et parler leur langage, atteste Stéphane Regnault, président du conseil d’administration de la société Vygon, une ETI spécialisée dans la medtech. Cela explique la réussite tout à fait remarquable de Balt. »

« Les dispositifs créés par Nicolas Plowiecki nous permettent de venir à bout de pathologies qui étaient auparavant incurables. Avec ses dispositifs largement en avance par rapport à la concurrence, Balt a fait évoluer la médecine. »
René Chapot, neuroradiologue interventionnel

Le challenge technologique

Sa passion pour le monde médical, Nicolas Plowiecki l’a héritée de son père, Léopold Plowiecki. « Il est une sorte de génie capable de toucher à tout », raconte-t-il, non sans une pointe d’admiration. Il faut dire que l’histoire du fondateur de Balt force le respect. Arrivé en 1972 de Pologne, cet ingénieur diplômé de l’école polytechnique de Varsovie intègre une entreprise française qui produit des dispositifs médicaux. Sa rencontre, dès la fin des années 1970, avec le professeur Merlan, qui sera considéré plus tard comme le pionnier de la neuroradiologie interventionnelle, le pousse à créer sa propre société. « À cette époque, on commence tout juste à explorer le cerveau, raconte Nicolas Plowiecki. C’est en échangeant avec lui, en cherchant à comprendre ses besoins au bloc opératoire que mon père s’est passionné pour le challenge technologique qui s’offrait à lui. »Déterminé, l’ingénieur polonais imagine des dispositifs permettant aux soignants de guérir des pathologies graves. Une révolution médicale qui fait naturellement le succès de Balt. Des médecins du monde entier se penchent sur les inventions de Léopold Plowiecki. La société grandit et acquiert une aura internationale. Le fondateur, qui tient à sa liberté, à son indépendance et à son agilité, refuse les propositions d’achat. Il veut poursuivre sa mission aux côtés des médecins. Un esprit « start-up » inscrit dans l’ADN de Balt qui, au début des années 2000, compte une cinquantaine de collaborateurs, principalement des ingénieurs.

Extrudeur

Au même moment, Nicolas Plowiecki fait son entrée dans la société. « Mon père me destinait à reprendre le flambeau après lui », reconnaît celui qui, dès son plus jeune âge, baigne dans l’univers médical, vit autour des collaborateurs de Balt, participe à des congrès… Pas question toutefois de n’être qu’un héritier. Comme son père, il suit des études au sein d’une prestigieuse école d’ingénieur, sort médaillé d’or des Arts et Métiers, puis se forge une première expérience professionnelle au sein d’un groupe américain, avant de finalement rejoindre Balt en 2001. Par la petite porte. Nicolas Plowiecki doit comprendre l’essence de la société. Il accède d’abord à l’atelier de fabrication, en tant qu'extrudeur. « Je suis littéralement ouvrier de la fabrication de tube », se souvient l’ingénieur qui n’aura jamais peur de mettre les mains dans le cambouis. Engagé pleinement, l’homme gravit les échelons, jusqu’à prendre la direction de l’entreprise en 2003.

Armer ses forces

« À cette période, je passe mon temps dans les blocs opératoires aux quatre coins du monde, assure-t-il. Je dois faire en sorte de concilier la croissance du groupe qui est nécessaire et la préservation de notre agilité qui nous permet d’innover. » Au début des années 2010, le scandale des prothèses PIP change la donne et contraint Nicolas Plowiecki à transformer profondément et rapidement Balt. « Cet épisode a provoqué un tremblement de terre dans le secteur du dispositif médical puisqu’il a engendré un durcissement de l’accès au marché pour les innovations et dispositifs médicaux. » Résultat ? Le temps nécessaire pour mettre un dispositif sur le marché est plus long. La procédure est plus complexe et les coûts associés plus importants. Si Balt avait jusqu’alors un coup d’avance sur le marché, elle risque de se faire rattraper par la puissance de ses concurrents. Pour perdurer, le groupe n’a d’autre choix que d’armer ses forces commerciale et marketing aux quatre coins du globe. Mais aussi de mener des études cliniques de plus grande envergure. « Dans ce contexte, il devient évident que les acteurs de petite et moyenne taille ne peuvent pas survivre. Nous avons dû bâtir un champion français, à l’échelle mondiale, dans ce secteur singulier du dispositif médical », assure celui qui, stratégiquement et faisant fi de ses désirs personnels, décide de faire entrer un fonds d’investissement au capital de l'entreprise. Le choix se porte sur un fonds britannique qui acquiert alors la majorité du capital. Nicolas Plowiecki cède les rênes de l’entreprise 3 ans et demi plus tard, mais conserve, avec la famille Plowiecki, son rôle de membre du conseil d’administration.

Seule l’excellence est de mise

Renforcée par les moyens du fonds d’investissement, la société ouvre des filiales dans un certain nombre de pays, y compris aux États-Unis, et entre progressivement dans une autre dimension. Si bien que, à partir de 2015, le chiffre d’affaires du groupe croît de façon manifeste, jusqu’à s’élever à environ 240 millions d’euros en 2023. Toujours de concert avec le corps médical. « Nicolas Plowiecki a le mérite de constamment chercher à développer de nouveaux projets, assure le professeur René Chapot, premier témoin des succès des dispositifs produits par Balt. Il est toujours à l’écoute pour trouver des solutions et développer des outils qui sont très performants. » « Nous ne pouvons pas camper sur nos acquis. Nos concurrents innovent sans arrêt et les médecins nous demandent chaque jour des nouveaux dispositifs », poursuit Nicolas Plowiecki, fier de rappeler que, dans le secteur de la neuroradiologie, seule l’excellence est de mise. Et cela tombe bien, c’est le degré d’exigence fixé dans la société depuis toujours.

« Nous devons être fiers de compter, en France, des leaders charismatiques comme Nicolas Plowiecki. C'est un humaniste qui a des valeurs de respect, de bienveillance et d’empathie très poussées. Je suis admiratif de la façon dont il a su faire de Balt une formidable ETI »
Daniel Fargeot, sénateur du Val-d’Oise

Preuve des prouesses techniques de l’entreprise : dans l’univers de la radiologie interventionnelle*, à l’échelle mondiale, trois dispositifs révolutionnaires sont signés Balt. Le professeur Chapot explique : « Il y a un certain nombre d’acteurs sur le marché du dispositif médical. J’apprécie beaucoup Nicolas Plowiecki, mais cela ne rentre pas en compte lorsque je choisis le matériel que je vais prendre au bloc opératoire. Je prends ce qu’il y a de mieux pour mes patients… J’utilise en l’occurrence plusieurs dispositifs de la société Balt. » Passionné d’innovation et convaincu que l’entreprise a de beaux jours devant elle, Nicolas Plowiecki sait qu’elle doit sans cesse s’adapter aux évolutions du monde. Que celles-ci soient d’ordre culturel, environnemental, réglementaire, financier… « Le groupe peut envisager d’acheter des nouvelles technologies portées notamment par des start-up, explique-t-il. Cela permettrait de conserver une dynamique d’innovation ».

« Intelligent, déterminé, ingénieux »

Attaché à cette société, Nicolas Plowiecki et son épouse - ex-DG de Balt, avec laquelle il avance depuis toujours, main dans la main - espèrent secrètement que l’un de leur trois fils reprendra un jour le flambeau familial. S’ils en ont l’envie. La tête sur les épaules et les pensées toujours au soutien des médecins, Nicolas Plowiecki, s’il n’est plus aux commandes de Balt, reste très proche des neuroradiologues, toujours à leur écoute dans leur quête de solutions visant à venir à bout de pathologies graves. Un modèle de résilience ? Un modèle tout court, à en croire Daniel Fargeot, sénateur du Val-d’Oise, qui connaît Nicolas Plowiecki depuis de nombreuses années : « Nous devons être fiers de compter, en France, des leaders charismatiques comme Nicolas Plowiecki, certifie l’élu. Un humaniste qui a des valeurs de respect, de bienveillance et d’empathie très poussées. Je suis admiratif de la façon dont il a su faire de Balt une formidable ETI. »  « Il est intelligent, déterminé, ingénieux, à l’écoute et attentif », confirme le professeur René Chapot. Qui dit mieux ?

Capucine Coquand

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  Balt en chiffres :

- 1977, année de création de Balt par Léopold Plowiecki.

- 2002, Nicolas Plowiecki rejoint Balt, qu’il dirige de 2003 à décembre 2018

240 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2023.

- 800 salariés en 2024.

- Les produits Balt sont distribués dans plus de 100 pays.

 

*Balt est à l’initiative de trois dispositifs majeurs pour la prévention et le traitement des AVC : les stents « retrievers », qui ont permis la prise en charge des AVC ischémiques par thrombectomie mécanique, le « Flow Diverters », un concept qui a transformé le traitement des anévrismes intracérébraux et les cathéters détachables, qui ont révolutionné le traitement des malformations artérioveineuses. 

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