EuroLand Corporate prend 25 % du capital de Leuwen, la banque d’affaires centrée sur le non-coté fondée par d’anciens de chez Rothschild & Co. Un rapprochement qui vise à créer une plateforme unique de services financiers pour les entreprises tech en croissance et les groupes familiaux. Retour sur cette opération avec Grégory Edberg, cofondateur de Leuwen.
Grégory Edberg (Leuwen) : ''La frontière entre le coté et le non-coté est de plus en plus poreuse''
Décideurs. Pourquoi avoir fondé Leuwen ?
Grégory Edberg. J’ai créé Leuwen avec Alexandra Matzneff et Alexandre Henault avec qui je travaillais chez Rothschild & Co. Au sein de l’équipe "affaires financières", nous conseillions de grands groupes comme Publicis ou Europcar et des fonds comme PAI. Passionnés d’entrepreneuriat et de tech, nous avons voulu appliquer au small cap ce que nous avions appris sur le mid et le large cap. Notre tropisme ? Les entreprises tech et familiales. Nous accompagnons les sociétés en croissance sur leurs levées de fonds : Leuwen a notamment travaillé en 2019 sur le tour de table de 12 millions d’euros d’HostnFly et sur celui de 10 millions de Joone en 2020. Notre boutique est aussi spécialisée en M&A et capital-développement : nous avons été conseil sur la vente d’Epicery au Groupe La Poste en 2021 et avons accompagné Bolloré dans sa prise de participation dans Ovrsea il y a trois ans. Leuwen est un connecteur entre le capitalisme ''classique'' et les start-up. Enfin, le troisième volet de notre activité est conseil en financement sur lequel nous nous différencions en travaillant sur des opérations jusqu’à 150 millions d’euros.
Pourquoi vous rapprocher d’EuroLand Corporate ?
Nous avons décidé d’appliquer à nous-mêmes ce que nous préconisons à nos clients : de la consolidation. Je connais Marc Fiorentino, l’associé fondateur d’EuroLand, depuis longtemps, il m’apprend beaucoup. Il est un fin connaisseur et observateur des cycles économiques. Au-delà de ça, nous partageons le même ADN entrepreneurial et un tropisme prononcé pour les entreprises familiales. C’est pour cela que, pour accélérer notre croissance, nous avons décidé de nous rapprocher d’Euroland. Dans le cadre de cette opération, EuroLand devient actionnaire minoritaire de référence de Leuwen, désormais baptisé ''Leuwen-EuroLand''. Nous croyons à la force du nombre : nous serons sept associés, dont trois femmes, et au total une vingtaine de banquiers d’affaires d’ici à la fin de l’année. Enfin, nous avons pour but d’ouvrir deux bureaux en régions dans les douze mois qui viennent.
"Nous anticipons un retour des IPO vers le deuxième trimestre 2025''
En quoi vos business sont-ils complémentaires ?
EuroLand suit 62 sociétés cotées. Ils sont sur le segment de l’ECM advisory et n’avaient pas d’activité de banque d’affaires '' traditionnelle'' à proprement parler. Nous croyons qu’il y aura un rebond des IPO dans la tech dans les mois qui viennent. Notre connaissance de l’écosystème non coté nous permettra d’identifier des candidats potentiels à la cote et Euroland serait un partenaire naturel pour les emmener sur ces opérations. Notre conviction est que les métiers du coté et du non-coté deviennent de plus en plus poreux.
En quoi deviennent-ils plus poreux ?
Il y a encore de nombreux retraits de cote. Le gros de notre activité consiste à identifier les fonds qui voudraient opérer des retraits, c’est-à-dire aller du public vers le privé. Néanmoins, nous anticipons un retour des IPO vers le deuxième trimestre 2025. C’est un sujet d’intérêt national sur lequel se penche le gouvernement, qui veut doper les introductions en Bourse des entreprises tech tout en s’assurant qu’elles n’iront pas sur le Nasdaq. Par ailleurs, les fonds ont besoin de liquidité pour rémunérer les investisseurs, et les IPO sont une solution pour retrouver cette liquidité. Notre alliance permettra d’accompagner les entreprises dans toutes les étapes de leur développement, quel que soit leur choix.
Votre activité a-t-elle été impactée par la conjoncture économique qui enraie le dynamisme de l’écosystème tech ?
Il y a plusieurs sujets. Sur les levées de fonds, nous nous montrons très sélectifs. Nous nous sommes focalisés sur les secteurs porteurs comme la deeptech, souvent avec l’angle défense. Sur ces dossiers, les investisseurs restent présents. Sur la partie capital-développement des entreprises en croissance, les start-up qui ont bien réagi au Covid et à l’inflation continuent d’attirer les investisseurs. Le marché du LBO small cap se porte bien, avec des deals de bonne qualité. Enfin, la dette privée reste dynamique. Quels que soient les cycles, les entreprises ont besoin de se refinancer.
Propos recueillis par Olivia Vignaud