Le cabinet de conseil en politique salariale People Base CBM a publié le 18 octobre son rapport annuel sur les prévisions d’augmentations salariales en France pour l’année 2025. Et les résultats ne sont pas réjouissants pour les salariés, puisque la hausse des rémunérations devrait nettement ralentir.
Hausse des salaires : la fête est finie
Selon l’étude, basée sur une enquête réalisée auprès de 582 entreprises représentant plus de 650 000 salariés, les entreprises prévoient une augmentation moyenne des salaires de 2,43 % pour 2025, soit une nette diminution par rapport aux 3,63 % observés en 2024 (et 4,05 % en 2023). Une rupture après les trois années de hausse conséquentes liées “aux rattrapages post-pandémie” et à l’inflation, “exacerbée par les tensions géopolitiques et économiques”, notamment la guerre en Ukraine, rappelle People Base CBM.
Le cabinet a par ailleurs fait sa propre analyse en complément de l’enquête, et se montre encore plus prudent. Compte tenu des fortes incertitudes économiques, il estime en effet la hausse à 2,15 %.
Les entreprises prévoient une augmentation moyenne des salaires de 2,43 % pour 2025
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Mise à mal du dialogue social
Autre tendance relevée par l’étude : 98,1 % des entreprises interrogées prévoient d’octroyer des hausses salariales individualisées, tandis que seulement 51 % d’entre elles envisagent des augmentations générales.
Une flexibilité des employeurs qui pourrait s’expliquer par une fragilisation du dialogue social en matière de rémunération : seules 49 % des entreprises interrogées sont aujourd’hui soumises à des obligations salariales telles que les accords de branche et les revalorisations automatiques, contre 67 % en 2023. Une conséquence directe du recul des accords de branche et d’entreprise sur les salaires en 2023, comme le montre le bilan 2023 de la négociation collective réalisé par le ministère du Travail et de l’Emploi, présenté aux partenaires sociaux le 3 octobre 2024.
Selon ce compte rendu, bien que la négociation collective reste dynamique à une échelle globale, le nombre d’avenants aux accords de branche concernant les salaires est en diminution : 520 avenants ont été signés entre 2023, contre 691 en 2022. Une baisse de 25 % donc, imputée au ralentissement de l’inflation.
Une diminution également observée en matière d’avenants d’accords sur l’égalité femme-homme (335 en 2023 contre 389 en 2022) et de systèmes et relèvements de primes (165 en 2023 contre 244 en 2022).
Tensions de recrutement en baisse
Cette évolution des politiques salariales semble avoir partie liée avec l’état du marché du travail : la situation se détend et les recrutements ralentissent. Ainsi, selon une étude de l’entreprise Mercer publiée le 14 novembre dernier, 19,7 % des entreprises prévoient d’embaucher de nouveaux salariés en 2025, contre 33,8 % en 2023. En outre, 9,4 % envisagent de réduire leur effectif, contre 2,4 % en 2024 et 7 % en 2023. Des nouvelles qui pourraient attiser le mécontentement des salariés à la veille des fêtes de Noël.
Caroline de Senneville