Les dirigeants restent optimistes concernant leur propre activité mais se montrent inquiets pour le climat général des affaires en France, selon le dernier baromètre Ifop pour Fiducial.

Les petites entreprises peuvent se montrer plus fragiles que les grandes lors des périodes d’instabilité économique. La dissolution de l’Assemblée nationale et les risques de voir les équilibres politiques français évoluer inquiètent-ils les patrons des TPE ? La décision d’organiser de nouvelles élections législatives de la part d’Emmanuel Macron a eu lieu alors que l’Ifop menait pour Fiducial sa 76e enquête de conjoncture trimestrielle auprès de ces dirigeants. Avant l’annonce du chef de l’État, 31 % des chefs de petites entreprises se disaient confiants quant aux mesures économiques annoncées ou mises en place par le Président. Après le 9 juin, ce chiffre s’établissait à 32 %. "Malgré un contexte politique incertain, le niveau de confiance envers l’exécutif se stabilise donc à 32 % (+1 point) après une chute de 8 points au premier trimestre 2024", résume Fiducial.

En revanche, les dirigeants de TPE se montrent particulièrement inquiets pour le climat général des affaires du pays (24 %, soit - 8 points à la suite de la dissolution). Mais cette inquiétude ne se perçoit pas sur un plan plus personnel puisque l’optimisme des patrons à l’égard de leur propre activité croît de 9 points à 58 %. "On peut ainsi émettre l’hypothèse de vases communicants, avec une préoccupation accrue pour le climat général du pays qui permettait aux dirigeants de TPE de ‘relativiser’ la situation de leur propre société", commente Fiducial. Toutefois, les secteurs ne sont pas tous logés à la même enseigne. Le moral est meilleur dans le BTP (66 %) et les services aux particuliers (68 %) que dans le commerce (-19 points à 33 %).

Difficultés financières

Certains experts craignent que les défaillances d’entreprises atteignent des sommets en 2024 à cause de la conjoncture et des retards de paiements. Les déclarations de patrons de TPE ne rassurent pas. Ils sont 37 % (+ 4 points) à faire part de difficultés financières. En tout, 19 % font face à des turbulences importantes, chiffre qui reste stable. Néanmoins, la moitié de ces entreprises pourraient être contraintes de déposer le bilan, soit une hausse de 15 points par rapport au trimestre précédent. "Il s’agit de l’indicateur le plus élevé depuis le début de la mesure au T1 2023", précise Fiducial.

Conséquence : les embauches demeurent à un niveau bas. Le pourcentage de dirigeants qui ont embauché ou prévoyaient d’embaucher du personnel d’ici à fin juin ne dépasse toujours pas les 10 %. "En amont des Jeux olympiques de Paris et de la période estivale, le secteur de l’hôtellerie se démarque positivement : 21 % des petits patrons ont embauché ou comptent le faire", note Fiducial.

Les chefs d’entreprise ont également été interrogés sur la réforme de l’assurance chômage. 77 % des répondants se sont dits favorables à l’augmentation du temps travaillé pour avoir droit à des indemnités. Ils sont également 69 % à valider la réduction de la durée d’indemnisation de plusieurs mois en gardant un minimum de 12 mois contre 18 aujourd’hui. À la suite des résultats du premier tour des législatives, Gabriel Attal a suspendu la mise en œuvre de la réforme. De quoi donner des gages de bonne volonté à la gauche mais contrarier les patrons de TPE ?

Olivia Vignaud

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