Le confinement durera au moins jusqu’au 11 mai. Pour éviter de rester trop scotché face aux écrans, il est conseillé de lire. Mais que choisir ? La Rédaction vous présente une sélection de quatre ouvrages incontournables en ce mois d’avril.
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Un maire de gauche face aux islamistes

Les salafistes ont débarqué soudainement à Sarcelles, ville du Val-d’Oise de 60 000 habitants. À peine une douzaine d’individus, avec dans la tête un agenda précis : prise de contrôle des mosquées de la ville, d’associations communales, endoctrinement de jeunes hommes en situation d’échec, entrisme dans les partis politiques locaux… Face à cette offensive organisée, François Pupponi, maire de la ville de 1997 à 2017, désormais député, tente tant bien que mal d’organiser la résistance qu’il raconte dans un témoignage précieux et poignant. Il part au combat avec plusieurs épines dans le pied : un État passif, des candidats locaux parfois prêts à toutes les compromissions, un PS (son parti d’origine) qui ne sait pas quelle stratégie adopter... Heureusement, il peut compter sur des habitants qui ne se laissent pas manipuler et sur un front républicain qui, pour le moment, tient. Jusqu’à quand ?

Les Émirats de la République, comment les islamistes prennent possession de la banlieue, de François Pupponi, Les éditions du Cerf, 258 pages, 19 euros.

Vernon Sullivan en BD : la bonne idée

Sous son pseudo Vernon Sullivan, Boris Vian a écrit plusieurs romans se déroulant dans les États-Unis des années cinquante. Parmi eux : « J’irai cracher sur vos tombes ». Lee Anderson, jeune libraire s’installe dans une petite ville sudiste, séduit les plus belles filles des environs et brille en société. En réalité, même si cela est invisible, du sang afro-américain coule dans ses veines et il est là pour venger son frère lynché en place publique. Des dialogues crus, du sexe, de la tension… Ce roman avait tout pour faire une belle bande dessinée. Un défi relevé avec brio par les auteurs qui réussissent le périlleux exercice de ne pas dénaturer l’œuvre de l’auteur français, tout en faisant ressortir les deux objectifs de Boris Vian : parler aux tripes du lecteur et alerter sur la ségrégation.

J’irai cracher sur vos tombes, Jean David Morvan, Rey Macutay, Rafael Ortiz, d’après Boris Vian Glénat, 112 pages, 19,50 euros.

Visionnaire et inquiétant

Une fois n’est pas coutume, la rubrique Livres de Décideurs Magazine met en avant une œuvre qui n’est pas une nouveauté. Publié en 2009, défiguré par Hollywood, World War Z colle pourtant parfaitement à l’actualité. Le scénario est de prime abord basique : une épidémie qui transforme les contaminés en zombie tue 80% de l’humanité. Peu original, convenons-en. Mais l’intérêt réside dans la structure du scénario. Vingt années après la fin de la guerre, une fonctionnaire de l’ONU parcourt le monde à la recherche de témoignages. L’ouvrage prend la forme d’une trentaine de fausses interviews qui permettent de voir comment l’épidémie s’est propagée, comment les humains ont paniqué puis repris le dessus. En plein coronavirus, plusieurs chapitres visionnaires méritent d’être lus et médités, tant ils semblent actuels. Parmi eux : la Chine qui minimise le nombre de mort et accélère la contagion, les États-Unis qui font primer l’économie sur la santé, Israël qui se met dès le début en quarantaine, les religieux peu scrupuleux qui prétendent guérir par la prière, la mise au point de médicaments soi-disant miraculeux ou encore le pillage de papier toilette dans les supermarchés…

World War Z, de Max Brooks, Calmann Levy, 20.30 euros.

Le Paris littéraire

"Si l’envie m’en prenait, je saurais où trouver Edmond Dantès (30, avenue des Champs-Élysées), Jean Valjean (7, rue de l’Homme-Armé), Benjamin Malaussène (78, rue de la Folie-Régnault)." Depuis qu’il a découvert qu’Arsène Lupin habitait près de chez lui, Didier Blonde suit les traces des personnages de la littérature chers à son cœur. Si certains auteurs ont créé des lieux imaginaires, d’autres n’hésitent pas à abriter leur héros à leur propre adresse. "C’est là qu’il sera le mieux surveillé." Ainsi Claudine, jeune provinciale tout juste débarquée dans la capitale, vit-elle rue Jacob chez Colette. Une première partie de l’essai raconte le cheminement de Didier Blonde. La seconde indexe les noms de rues et regroupe les lieux de la littérature par arrondissements. De quoi permettre au lecteur confiné de rêver sa propre balade.

Carnet d'adresses de quelques personnages fictifs de la littérature, de Didier Blonde, L’Arbalète/Gallimard, 19 euros, 256 pages

Lucas Jakubowicz et Olivia Vignaud

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