Le temps d’un été, comme dans les récits contés par Stefan Zweig dans Le monde d’hier lorsqu’il évoque la légèreté de la société autrichienne du XIXème siècle, les Français auront repris goût à aimer leur pays et à le faire aimer.

En deux semaines, plus de 10 millions de compatriotes se sont déplacés sur un site olympique pour y supporter les athlètes tricolores qui ont fièrement arboré leurs couleurs, symboles des valeurs qui nous animent et qui, enfin, nous rassemblent. De la brillante et tumultueuse cérémonie d’ouverture jusqu’à celle de clôture, la France a montré qu’elle était exceptionnelle par son patrimoine culturel hors du commun.

Médaille d’or de la gestion de crise

Beaucoup s’amusaient, par un cynisme politique délirant, à annoncer le chaos : cyberattaques, attentats, enfer des transports en commun… Tout aura été évité. Une crise ne connait pas d’emballement si l’on parvient à l’anticiper au point de la maitriser. Dans un monde où la gestion de crise s’apprend, s’enseigne et s’étudie, la réussite de ces JO nous prouve que nous avons déjà beaucoup appris des crises majeures récemment connues.

La joie de re-vivre à l’unanimité ?

L’opinion publique française et étrangère s’accorde sur la réussite totale de ces Jeux olympiques organisés dans plusieurs villes et territoires français. Mais c’est surtout Paris toute entière qui a été mise à l’honneur. Le « Paris est une fête » d’Ernest Hemingway n’a jamais été aussi vrai. Les scènes de liesse, de partage, de vie sont révélatrices d’une joie de vivre retrouvée.

Pour autant, ce constat reste très parisien dans une capitale où dire "bonjour" est une anomalie du quotidien, où les transports en commun sans vie regroupent des âmes perdues et où ces moments de convivialité paraissaient désespérés. Il suffit de traverser nos territoires pour se rendre compte que nous vivons toujours ensemble, d’autant plus en période estivale. Les regroupements de vies dans les stations balnéaires de la côte ouest comme au bord de la méditerranée, les bals dans les villages de territoires ruraux, les colonies de vacances dans les stations de montagne…

Les Français ont attendu la fin du Covid pour se retrouver mais pas les Jeux olympiques qui auront intéressés un grand nombre d’entre nous mais pas tous nos compatriotes. Certains par éloignement géographique, d’autres par faute de moyens financiers ou par un sentiment de déclassement socio-culturel permanent.

Ne soyons ni dupes ni manichéens

Les maux des Français ne sont bien évidemment pas effacés malgré un chômage en baisse et une croissance qui reprend des points grâce à l’emballement sportif estival. L’emballement médiatique glisse très rapidement sur un autre sujet, avec une gravité plus importante, et la légèreté disparait. Les bisbilles politiques pour Matignon reprennent, si tant est qu’elles aient connu une interruption. Le sport apaise les maux que la politique génère.

Camille Chaussinand

Enseignant en communication politique et gestion de crise à Sciences Po Grenoble, porteur de la chaire Gestion de crise.

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail