Pour la DRH, l'actionnariat salarié est une source de financement de qualité pour les entreprises.
Décideurs. Quels sont les bénéfices de l’actionnariat salarié ?

Claire Pedini.
L’actionnariat salarié s’inscrit dans une vraie volonté stratégique et managériale du groupe Saint-Gobain. Sa vertu première est une meilleure association des collaborateurs à l’entreprise, un renforcement de leurs liens. Il constitue aussi un actionnariat stable et de long terme. Chez Saint-Gobain, on observe que l’ensemble des populations de salariés souscrivent au plan, des ouvriers aux cadres, qu’ils soient français ou non français. Il s’agit d’un complément de rémunération non négligeable. Selon la durée des échéances, cela peut répondre à des logiques distinctes. Un plan de cinq ans constitue une épargne de moyen terme, adaptée par exemple à un projet immobilier. En revanche, un plan de dix ans représente une épargne de plus long terme, qui peut servir d’épargne retraite.


Décideurs. Comment préparer les salariés à devenir actionnaires de l’entreprise ?

C. P.
Il est indispensable que les collaborateurs qui envisagent de devenir actionnaires de l’entreprise aient pleinement conscience du risque actionnarial et de la volatilité des cours de Bourse. Chez Saint-Gobain, chaque nouvelle souscription est accompagnée d’une campagne de communication au coursde laquelle les salariés sont informés des caractéristiques des plans qui leur sont proposés (5 ans/10 ans) et des modalités pratiques de souscription des parts du fonds commun de placement qui est spécialement créé à cet effet.


Décideurs. Chez Saint-Gobain, de quoi l’actionnariat salarié est-il synonyme ?

C. P.
L’actionnariat salarié appartient chez Saint-Gobain à une longue histoire commencée il y a vingt-six ans. La participation au plan d’épargne du groupe est proposée à l’ensemble des salariés français. La moitié des collaborateurs français est ainsi actionnaire. À l’étranger, l’actionnariat salarié existe aujourd’hui dans vingt-quatre pays européens et dix-sept pays d’autres continents hors d’Europe où le groupe est implanté, et dans lesquels les exigences légales et fiscales le permettent. Ces plans s’inscrivent dans une véritable continuité. Chaque année au mois de mars, nous réservons aux salariés un nouveau plan de souscription à une augmentation de capital. Ainsi, jusqu’à 1 % du capital a pu être proposé à cette occasion. À l’heure actuelle, nos collaborateurs détiennent 8 % du capital et 12 % des droits de vote, ce qui en fait le deuxième actionnaire de la Compagnie de Saint-Gobain. Au conseil d’administration, les salariés actionnaires sont représentés par un administrateur avec voix délibérative qui joue pleinement son rôle.


Décideurs. Quel est, selon vous, l’avenir de l’actionnariat salarié ?

C. P.
L’actionnariat salarié reste une invention française et notre pays est le champion d’Europe en la matière. Il s’agit d’ailleurs du seul vrai avantage capitalistique de nos entreprises. Le problème de compétitivité auquel sont confrontées les entreprises françaises est en partie lié à la difficulté qu’elles ont à se financer. Les grands groupes ne sont pas les seuls concernés, les PME notamment manquent cruellement de financement pour investir et se développer. Cette situation s’explique notamment par l’absence de fonds de pension. Dans ce paysage, l’actionnariat salarié est une petite source de financement des entreprises, mais une source de qualité. Il s’agit d’un actionnariat de long terme, stable, français et dont les intérêts sont alignés sur ceux de l’entreprise. Malheureusement, les récentes réformes ont renchéri son coût, notamment à cause de la hausse du forfait social. La conséquence directe a été la diminution de la capacité d’abondement des entreprises, pour celles qui l’offrent à ses salariés.


Décideurs. Une nouvelle réforme pourrait-elle corriger le tir ?

C. P.
Des annonces ont été récemment faites concernant une réforme de l’épargne salariale. Il s’agit d’une bonne nouvelle à deux titres. Tout d’abord, le sujet est l’objet d’attention, ce qui n’a pas toujours été le cas. Ensuite, est exprimée la volonté de renforcer le rôle de l’épargne salariale dans le financement des entreprises.
 

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