Parmi les institutions de santé qui portent l’innovation du secteur, l’Agence du numérique en santé (ANS) multiplie les programmes. Essor de l’IA, des dispositifs médicaux numériques ou encore prise en main des nouvelles technologies, les défis sont nombreux. Annie Prévot, directrice de l’ANS, revient sur les perspectives qu’offrent ces transformations.

Décideurs. Quel est le rôle de l’Agence du numérique en santé ?

Annie Prévot. Pour accélérer la transformation numérique de notre système de santé, il faut un cadre, de grands projets et un élan. L’Agence du numérique en santé (ANS) joue ce rôle de régulateur, d’opérateur et de promoteur des grands projets d’e-santé afin que tous les acteurs du domaine puissent proposer de nouveaux services numériques performants qui communiquent entre eux tout en protégeant les données de santé. L’ANS définit ainsi les réglementations et les référentiels afférents. De même, pour que tous les citoyens accèdent à un système de santé efficace et solidaire, l’ANS construit et déploie de grands programmes d’e-santé au niveau national et européen. Il s’agit de sa mission de service public. L’ANS accompagne et stimule également les initiatives numériques afin qu’elles se multiplient et se concrétisent. Enfin, l’Agence occupe une place clé pour la santé de demain en tant que certificateur dans le domaine des dispositifs médicaux numériques.

Pourquoi l’Agence du numérique en santé a-t-elle choisi de s’installer à PariSanté Campus et quels bénéfices en tire-t-elle ?

PariSanté Campus est un écosystème unique regroupant cinq opérateurs publics et plus de 80 start-up spécialisées dans le numérique en santé. Nous sommes fiers de participer à cette grande aventure. En tant que Directrice générale de l'ANS, je souhaite souligner que cette installation offre de belles perspectives de recherche et de nouveaux marchés. L'intégration à PariSanté Campus a transformé les espaces de travail de l’ANS, en favorisant la transversalité et la collaboration. Elle a aussi renforcé nos interactions avec l’écosystème de l’innovation en santé. En 2023, nous avons signé un partenariat avec l’Inria pour développer des études sur l'intelligence artificielle. Une collaboration qui illustre le fort potentiel de ce hub. Installée depuis un an à PariSanté Campus, l’Agence devient à son tour un catalyseur d’innovation et contribue à sa façon à la dynamique de cet écosystème original dédié à la santé numérique. Pour moi, PariSanté Campus constitue une opportunité pour accélérer la transformation de l’Agence.

"L'interopérabilité des systèmes d'information est primordiale pour une continuité des soins sans rupture"

Dans le secteur de la santé, quelles tendances et bouleversements envisagez-vous d'ores et déjà, notamment en matière d'intégration de technologies d'IA et de dispositifs médicaux numériques ?

Le secteur de la santé est en pleine transformation grâce à l'intégration de l'IA et à l’essor des dispositifs médicaux numériques (DMN). L'IA révolutionne le diagnostic et le parcours de soin des patients en analysant des volumes massifs de données médicales, permettant d’établir des diagnostics plus précis et des traitements personnalisés. Les dispositifs médicaux numériques offrent une surveillance continue des paramètres de santé des patients, facilitant une intervention rapide en cas de besoin. Toutefois, l'intégration de ces technologies pose des défis en matière de sécurité des données et d'interopérabilité. À l'ANS, nous œuvrons sans relâche pour proposer les cadres réglementaires et les standards qui garantiront la sécurité et l'efficacité de ces innovations.

Comment l’ANS se positionne-t-elle pour favoriser la prise en main du patient et de son parcours de soins ?

L'Agence développe des outils numériques pour faciliter l'accès aux soins et améliorer la coordination entre les acteurs du système de santé, avec "Mon espace santé", par exemple, qui est une des pierres angulaires de nos travaux. La télémédecine et les téléconsultations sont également des axes majeurs, surtout en zones médicalement sous-dotées. L'interopérabilité des systèmes d'information est primordiale pour une continuité des soins sans rupture. C’est en ce sens que nous accompagnons les professionnels de santé dans l'utilisation des outils numériques, assurant une transformation numérique efficace et sécurisée.

Lors du Conseil du numérique en santé, la DNS a dévoilé le plan d’action du Grand Défi "DM numériques en santé mentale". Quel rôle joue l’ANS dans la certification des dispositifs médicaux numériques ?

L’ANS joue un rôle crucial dans la certification des dispositifs médicaux numériques (DMN). Depuis 2022, 91 candidats ont été certifiés conformes, dont 29 pour la télésurveillance et 59 pour la LPPR. La version 2 du référentiel des DMN est en cours d’élaboration. Celui-ci doit permettre d’inclure les applications et objets connectés manipulant des données de santé. Ce référentiel prendra en compte la sécurité et l'interopérabilité des DMN. Les exigences de cette version seront visibles début 2025, avec une obligation de mise en conformité en 2026, afin de garantir la qualité et la sécurité des innovations en santé.

Propos recueillis par le pôle Innovation

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