L’entreprise allemande abandonne la production d’énergie traditionnelle au profit d'un nouveau modèle centré sur l’éolien et le photovoltaïque. Une première en Europe.
Johannes Teyssen a fait le grand saut. Le P-DG d’E.on, premier énergéticien allemand, a annoncé dimanche 30 novembre le spin off des activités d’exploitation d’énergie fossile et de négoce. C’est la première fois qu’une entreprise européenne de cette envergure délaisse son cœur de métier pour concentrer ses activités sur la production d’énergies renouvelables. Et ce n’est pas tout. En Espagne, au Portugal et peut-être en Italie, les cessions d’unités de production d’énergie conventionnelle se poursuivent. Johaness Teyssen en est convaincu, « l’organisation d’E.on autour d’un large éventail d’activités ne correspond plus aux défis actuels. Il nous faut saisir les nouvelles opportunités qui s’offrent à nous. »

Urgence à investir dans les énergies renouvelables
Sur les marchés de gros, la tendance à la baisse des prix de l’électricité se poursuit en effet depuis 2008. Dans l’Hexagone, les prix du gaz ont diminué de 2,1 % en moyenne depuis janvier 2014, selon la Commission de régulation de l’énergie. Les cessions d’activité et le ralentissement de la croissance dans ces secteurs entraînent de lourdes pertes pour les entreprises.

En 2014, le montant des dépréciations d’actifs de RWE et d’E.on dans l’énergie conventionnelle a ainsi dépassé quatre milliards d’euros. Surtout, la sortie du système de production d’énergie nucléaire votée en Allemagne en 2011 contraint les entreprises de ce marché à fermer définitivement leurs centrales d’ici à 2022. En contrepartie, la production d’énergie alternative est subventionnée. Les incitations à investir dans le photovoltaïque, la biomasse ou l’éolien sont donc nombreuses outre-Rhin comme en Europe. Johaness Teyssen l’a bien compris. Cinq milliards d’euros doivent ainsi être investis dans les énergies vertes en 2015.

Un pari risqué
La réponse à tous ces problèmes : miser sur des solutions d’exploitation et de distribution d’énergie innovantes, adaptées à chaque type de consommateur. Mais ce pari est risqué. Si la production d’énergies alternatives contribue de plus en plus à la croissance du chiffre d’affaires d’E.on, elle génère seulement 17 % de ses revenus. Les producteurs européens suivront-ils l’entreprise allemande dans sa démarche ? Rien n’est moins sûr. Si GDF Suez a entrepris un vaste plan de cession d’actifs, c’est dans le but d’alléger sa dette. Les unités de production d’énergie renouvelable, moins rentables que les centrales nucléaires, font d’ailleurs souvent partie des activités cédées.

En Allemagne, RWE a cédé sa filiale d’hydrocarbure DEA à des investisseurs russes en août dernier. Son concurrent suédois Vattenfall a annoncé la fermeture prochaine des mines de lignite et des centrales à charbon dans le nord du pays. Mais aucune stratégie de développement des énergies renouvelables ne va aussi loin que celle d’E.on. Pourtant, dans un contexte de baisse des prix et de la consommation d’énergie au niveau mondial, la transition énergétique va devoir s’accélérer.

Juliette Boulay

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