Après le Business & Climate Summit de mai dernier riche en promesses et à deux mois de la COP21, le point sur les initiatives des quarante sociétaires du CAC.

Difficile de s’y retrouver dans le « bruit médiatique » qui entoure la COP 21. Lors du Business and Climate Summit de mai dernier, le consensus était de mise. Les entreprises présentes, notamment celles du CAC 40, ont toutes reconnu l’urgence de s’engager pour le climat et contre le réchauffement climatique. Pour Pierre-André de Chalendar, le patron de Saint-Gobain, l’urgence est également « une opportunité de croissance ». Le Medef a de son côté lancé il y a peu un « Manifeste pour la COP 21 », où il insiste sur le rôle qu’ont à jouer les entreprises en matière de climat.

 

La communication verte

L’Institut RSE Management, société de conseil spécialisée en reporting extra-financier, publiait en mai le palmarès du « CAC durable ». En matière de responsabilité sociétale et environnementale, 100 % des entreprises de l’indice publient au moins trois indicateurs clés de performance environnementale. Les ténors français communiquent donc bien sur le sujet, Schneider, Danone et L’Oréal en tête. L’électricien est d’ailleurs le champion du CAC durable pour la seconde fois grâce à la mise en place de nombreux outils de mesure et de réduction de son empreinte environnementale, dans une logique d’optimisation de ses coûts. Le résultat est mesuré par le baromètre « Planet and Society » qui vise notamment à atteindre 10 % d’économies d’énergie et 10 % de réduction des émissions de CO2 dans les transports. Autre bon communicant, Kering a posé son premier compte de résultat environnemental consolidé. Somme toute, ces firmes sont très agiles en ce qui concerne leur obligation de publier des informations sur leur performance environnementale (Grenelle 2), mais la diversité des indicateurs et des méthodes de mesure rend les rapports difficilement comparables et donc quelque peu abscons.

 

Ce que font les bons élèves

Reste que certaines initiatives montrent la voie. En 2011, la Société générale établissait une « taxe carbone interne » : chaque année, un montant est prélevé dans les secteurs d’activité en fonction des émissions de gaz à effet de serre. Autre moyen d’aller vers une meilleure protection de l’environnement, les « green bonds » pour financer la transition énergétique. GDF-Suez (devenu Engie) avait émis en juin 2013 2,5 milliards d’euros en obligations vertes... ce qui lui a valu le « prix Pinocchio du développement durable », remis par deux ONG en partenariat avec le Centre de recherche et d’information pour le développement, dénonçant les abus des multinationales. De fait, les « green bonds » sont évalués par les firmes elles-mêmes. Engie prévoyait notamment de financer le barrage de Jirau au Brésil grâce aux fonds récoltés ; une construction dénoncée depuis par des organisations comme Greenpeace puisqu’elle a entraîné la déforestation, le déplacement de peuples indigènes et la justice brésilienne a demandé à l’énergéticien de revoir ses études d’impact. Bref, du greenwashing dans toute sa splendeur.

Danone, quant à elle, s’est illustrée en remplaçant des matériaux pour ses emballages, ce qui devrait lui permettre d’économiser 2,1 millions d’euros par an pour un investissement initial de 439 000 euros. Début septembre, une autre initiative commune a vu le jour : Solvay et L’Oréal ont annoncé un partenariat pour promouvoir des pratiques agricoles durables auprès de cultivateurs indiens de guar. Le projet, qui s’étale sur trois ans, vise 1 500 agriculteurs et devrait leur permettre de mieux gérer leurs ressources en eau tout en préservant les sols.

 

Une démarche plus opérationnelle que stratégique

Les vingt premières entreprises du « CAC Durable », qui se retrouvent aussi très bien placées dans les classements mondiaux, ont en commun d’avoir inclus la réflexion environnementale dans leur stratégie au long terme. Les autres performent moins bien : le Carbon Disclosure Project, un consortium d’organismes de recherche qui calcule les émissions de gaz à effet de serre des grandes sociétés, dressait en 2014 un constat mitigé sur le bilan carbone des grands groupes français. ArcelorMittal, Engie, Lafarge, EDF et Total restent logiquement les cinq plus gros émetteurs de CO2, produisant à elles seules 76 % des émissions hexagonales. Tristan Lecomte, le fondateur du collectif Pur Projet qui aide les entreprises à réduire leur impact social et environnemental, invitait dans une interview aux Échos les grands patrons à porter un projet écologique. Il soulignait que dès que le directeur du développement durable siégeait au comex, les changements étaient rapides et plus profonds. Jean-Pascal Tricoire, le P-DG de Schneider Electric, est de ces « patrons-écolos ». Il expliquait par exemple lors du Business & Climate Summit, dont son groupe était partenaire, qu’en passant à des systèmes de contrôle électroniques, les coûts énergétiques pouvaient baisser de 30 % à 70 % en allongeant la durée de vie des moteurs. Une action mise en place à son siège, résultat : une facture divisée par quatre ! Des leçons à retenir en prévision de la COP 21…

 

Sophia Sanni Soulé

 

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