La transition énergétique étant lancée, c'est désormais sur la question de l'empreinte carbone que les professionnels de l'immobilier et du bâtiment se penchent. L'analyse du cycle de vie, le changement des usages et de nouveaux labels sont autant de pistes creusées.

« C'est simplement le bon moment d'introduire une taxe carbone. » La sortie est signée Christine Lagarde, il y a de ça un mois. Si la présidente du FMI n'y voit évidemment pas que des considérations écologiques, il est évident que la question du carbone, à travers sa taxation, la fixation de son prix, ou la manière de le calculer et de l'économiser, va constituer un point fondamental des débats de la toute proche COP 21. Grandes émettrices de gaz à effet de serre du fait des consommations liées aux modes de vies, bâtiments et moyens de transports qu'elles génèrent (respectivement 28 et 36 % des émissions de CO2, en France, pour ces deux derniers), nos villes vont se trouver au coeur de cette "transition décarbonée". Nombre d'acteurs se sont déjà mis en route, et c'est tant mieux.

 

« Un mètre carré de bâtiment, c'est une tonne de carbone, la moitié pour la construction, la moitié pour l'exploitation » schématise Jean-Christophe Visier, directeur énergie et environnement du CSTB, lors d'une conférence au salon Batimat. Dès lors, l'analyse du cycle de vie, concept qui relevait pour ainsi dire de l'idéalisme, il y a une décennie, se place dorénavant, dans l'esprit des décideurs immobiliers, comme l'un des socles du bâtiment et de la ville de demain. Le train de la basse consommation, voire de l'énergie positive, étant maintenant bien lancé, la prochaine échéance, tantôt fixée à 2020, tantôt à 2018, sera donc celle du bâtiment « moins à énergie positive, mais plus décarboné », explique Alain Maugard, président de Qualibat. À ce titre, plusieurs acteurs français ont pris l'initiative de lancer, en « première mondiale », un label pour le bâtiment bas carbone. Les locomotives françaises anticipent de nouveau la mise en route de l'appareil réglementaire, mais cette fois-ci au niveau international. La dynamique est lancée.

 

Seule composante urbaine encore plus émettrice que le bâtiment, le secteur des transports est au centre des réflexions. Si les progrès sont notables sur les modes de transports en eux-mêmes (véhicules "verts" et transports en commun), c'est avant tout au niveau des usages que la marge de manoeuvre est immense. Une nouvelle fois, le bâtiment revient au centre du jeu : bien qu'exemplaire d'un point de vue thermique, un immeuble imposant deux heures de route quotidiennes à ses occupants aura une empreinte carbone médiocre, certifications énergétiques et environnementales n'y changeront rien. Là encore, les acteurs se sont mis en route, Blue Office de Nexity et Nextdoor de Bouygues Immobilier, proposent des espaces de travail partagés, localisés dans des points stratégiques, et intégrant des solutions de mutualisation (places de parkings, covoiturages). Pensons cycle de vie, pensons usages, pensons global, voilà le chemin vers une ville durable et décarbonée.

 

Boris Beltran

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