Eurazeo Patrimoine s’impose comme un nouvel acteur majeur de l’investissement hôtelier en signant l’une des plus importantes transactions de ce début d’année : l’acquisition de 85 hôtels, auprès d’Accor, Axa, Foncière des Murs et Invesco. Renaud Haberkorn explique les tenants et les aboutissants.

Décideurs. En quoi cette transaction reflète-t-elle la stratégie d’Eurazeo Patrimoine ?

Renaud Haberkorn. Depuis un an, Eurazeo Patrimoine se développe à partir de trois piliers stratégiques. Le premier consiste à investir en direct dans de l’immobilier commercial  en région parisienne. L’acquisition de 78 % du Cifa Fashion Business Center, l’un des tout premiers centres européens de commerce de gros pour l’équipement de la personne au cours de l’été 2015 en est une illustration. Le deuxième pilier se situe à la croisée du private equity et de l’immobilier : il vise à investir, en France comme en Europe, dans des sociétés exploitant des actifs immobiliers dont elles sont propriétaires. Il s’agit notamment de portefeuilles d’actifs avec une composante de management. C’est dans ce cadre que s’inscrit la possible acquisition du portefeuille de 85 hôtels auprès d’Accor, Axa, Foncière des Murs et Invesco annoncée il y a quelques jours. Le troisième pilier est une stratégie de niche sur des marchés en retournement bien définis en Europe, comme l’Italie et l’Espagne. Le portefeuille de 85 hôtels que nous pourrions acquérir s’inscrit également dans cet axe, car 35 % des actifs sont  situés hors de France, en Espagne, en Italie, au Portugal, en Belgique ou aux Pays-Bas.

 

Décideurs. Quelle stratégie allez-vous déployer dans la plate-forme immobilière dédiée, créée à l’occasion de cette acquisition ?

R. H. Cette société d’exploitation serait constituée d’une quinzaine de personnes - certaines issues du groupe Accor - pour gérer ce portefeuille d’hôtels ainsi que de futures acquisitions. Nous envisageons de remettre ces actifs à niveau, afin de regagner les parts de marché perdues ces dernières années faute de rénovation. Notre stratégie serait de créer de la valeur et de gérer ces actifs à partir de clusters régionaux en travaillant notre offre de façon locale.

 

Décideurs. Avez-vous déjà ciblé d’autres acquisitions ?

R. H. Nous étudierons, à travers la plate-forme ainsi créée et sans contrainte de temps, des opportunités d’acquisitions d’hôtels murs et fonds, en continuant de nous positionner sur le segment économique et milieu de gamme afin de conserver une cohérence dans le produit.

 

Décideurs. Qu’est-ce qui explique l’appétit des investisseurs pour l’hôtellerie en dépit du contexte ?

R. H. L’hôtellerie est un actif immobilier vivant. Tous les soirs, l’opérateur hôtelier travaille à remplir de nouveau son établissement, ce qui a un impact sur son revenu d’exploitation. Cette gestion active permet de meilleurs taux de retour. Il y a de fait dans l’hôtellerie plus de valeur ajoutée que dans d’autres typologies d’actifs et c’est sûrement ce qui explique le dynamisme sur ce marché actuellement.

 

Décideurs. Le secteur de l’hôtellerie est en pleine mutation. Comment appréhendez-vous les impacts d’Airbnb ou des risques d’attentat dans votre stratégie d’investissement ?

R. H. Tous les segments de l’hôtellerie ne sont pas autant exposés aux risques d’attentat et au phénomène Airbnb. Le segment économique, par ses prix, souffre moins de la concurrence de la location, notamment à travers la plate-forme Airbnb. Pour ce qui est du risque d’attentat, il n’est pas le même dans les villes de taille intermédiaire qu’à Paris. Notre diversification géographique nous expose de fait moins à ces événements dramatiques.  

 

Propos recueillis par Sophie Da Costa

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