Après le rapprochement avec la Foncière de Paris qui vient compléter l’intégration de SIIC de Paris, la foncière cotée Eurosic veut conquérir une place majeure en Île-de-France. Tour d’horizon avec Yan Perchet, président-directeur général.

Décideurs. L’opération de rachat de Foncière de Paris en mars 2016 était-elle inscrite de longue date dans votre stratégie de développement ?
Yan Perchet. Nous avons une politique basée sur la croissance et concentrée sur Paris. Forcément, nous y pensions. C’est une opération dont nous pouvons maintenant parler car l’offre publique d’achat a été déposée à l’AMF (Autorité des marchés financiers).  Avec le patrimoine des deux sociétés, nous allons aboutir à une couverture complète du territoire parisien.  C’est une  opportunité unique de constituer un  acteur de référence sur ce marché de bureaux. Foncière de Paris détient un patrimoine de 2,6 milliards d'euros à Paris, Boulogne et Levallois. Dans la capitale, les actifs existants sont  situés dans les 6è et 7è arrondissements et dans l’Est parisien. En termes de localisation, la complémentarité est évidente avec les actifs d’Eurosic, centrés sur les 8è et 9è arrondissements ainsi que sur l’Ouest parisien, sans oublier La Défense. Cette opération va permettre au groupe de devenir un acteur majeur en Île-de-France. Quant aux modalités du rapprochement, nous sommes certains que nous allons travailler en bonne intelligence. Il y aura forcément un travail de restructuration de part et d’autre, mais nous avons bien noté l’efficacité de Foncière de Paris en termes de locatif, d’investissement et de développement, une efficacité que nous tenons absolument à préserver.

 

Décideurs. Vous avez participé à l’appel d’offres innovant « Réinventer Paris »  et été lauréat avec le Stream Building sur le site Clichy-Batignolles.
Y. P.
Nous avions déjà identifié ce site avant que celui-ci n’intègre l’appel à projets de la ville de Paris. Il nous intéressait de par sa proximité avec le futur tribunal de grande instance, signé par Renzo Piano, qui va totalement transformer le quartier. Le Stream Building est un immeuble que l’on n’aurait jamais fait  sans l’impulsion de la ville de Paris, mais ses aspects innovants étaient en gestation au sein d’Eurosic. Réinventer Paris a constitué un catalyseur. Et c’est une excellente chose ! Nous travaillons d’ordinaire seuls en tant que maître d’ouvrage, nous souhaitions cette fois collaborer avec l’opérateur américain Hines. Nous étions également en phase avec la vision de l’architecte Philippe Chiambaretta qui intègre dans sa vision le décloisonnement de nos nouveaux modes de vie et d’usages.  Le Stream Building est une plateforme de vie 24h/24, il transcende les logiques monofonctionnelles pour inventer une coexistence inédite entre de nouvelles formes de travail, de séjour, de restauration et d’activités culturelles. Il métamorphose l’immeuble de bureaux en impulsant une réversibilité totale de ses usages (travail, hôtels, restauration, restauration rapide…). Nous avons travaillé avec des acteurs multidisciplinaires, Spaces pour les espaces de coworking et Topager, une équipe d’agriculture urbaine qui a déployé un potager en toiture et de pieds de houblon en façade. Les légumes, herbes et fleurs produits localement sont d’ailleurs vendus sur place dans une logique de circuit ultracourt. Je tiens à insister sur le fait que ce projet n’est pas « un effet de mode ». L’activité est certes restreinte mais elle est économiquement viable.

 

Décideurs. Quels sont vos projets de développement, notamment à l’international ?
Y. P. Depuis près de 2 ans maintenant, nous avons eu une politique assez volontariste en recherchant des opérations sur le marché des bureaux en liaison avec des acteurs locaux en Espagne et en Allemagne. En Espagne, nous avons participé principalement à des appels d’offres à Madrid, mais cela reste un marché restreint, pas aisé à intégrer. Le développement lié à l’investissement tourisme nous y apparaît finalement plus propice et  nous avons finalisé fin 2015 et début 2016 plusieurs opérations.  En Allemagne le marché de bureaux est à l’évidence plus stable et nous ne désespérons pas d’y aller, à condition de trouver un opérateur de confiance. A ce stade, nous allons également investir dans le secteur des loisirs avec l’acquisition d’un Center Parcs dans le sud de l’Allemagne, entre Munich et Zurich.

Les loisirs et la santé sont des axes que l’on souhaite continuer à développer au sein d’Eurosic Lagune, filiale nouvellement créée, dont l’objectif  est d’atteindre 3 Mds d’euros à l’horizon 2018. Ces deux classes d’actifs constituent une alternative intéressante au marché des bureaux pour des investisseurs en recherche de rendements sécurisés sur une longue période. Eurosic Lagune est un véhicule d’investissement dédié à ces deux secteurs dans lesquels sont déjà engagés nos actionnaires de référence, les Assurances du Crédit Mutuel et Covéa.  Aujourd’hui, nous nous posons également la question des maisons de retraite, des résidences pour personnes âgées non médicalisées et des cliniques. Nous tenons beaucoup à faire fructifier la combinaison des métiers. C’est encore un des grands intérêts du rapprochement avec Foncière de Paris qui possède une compétence en hôtels conséquente.  

 

Décideurs. Depuis 2008, vous intégrez le développement durable dans la stratégie générale du groupe. Après l’effervescence de la COP 21,  estimez-vous plus aisé de faire comprendre combien la valeur verte est une opportunité d’amélioration du patrimoine ?
Y. P.
Proposer des immeubles durablement responsables tant dans leur conception, leur construction et leur gestion constitue les fondations de la politique RSE d’Eurosic. L’accord de la COP 21 a conforté nos engagements. La notion de valeur verte est dorénavant bien assimilée sur les opérations de développement et de restructuration. Pour preuve, les certifications multiples que nous avons obtenues à des niveaux toujours plus ambitieux, comme la construction à Toulouse du premier bâtiment de bureaux certifié Bepos Effinergie. Sur le patrimoine existant, dont 94% bénéficient d’une certification environnementale,  le problème se pose de façon différente et l’évolution ne peut qu’être progressive. Notre politique de gestion durable lutte contre l’obsolescence des actifs et permet de pérenniser leur occupation. Nous signons une annexe environnementale sur l’ensemble de nos baux. Les rencontres annuelles qu’elles impliquent nous permettent de constater une évolution des états d’esprit. L’enjeu est d’aboutir à des décisions collégiales qui sont indispensables à une exploitation raisonnable qui préserve le bien-être des occupants.
 

Propos recueillis par Laetitia Sellam

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