En prélude la prochaine COP23 à Bonn, l'ONU publie un rapport alarmant sur l'écart grandissant entre les besoins de la planète et les perspectives en matière de réduction des émissions de CO2. Les efforts demandés aux gouvernements vont bien au-delà des engagements de l'Accord de Paris.

Insuffisants. C'est, en substance, le verdict délivré par l'ONU Environnement sur les mesures prises par les pays signataires de l'Accord de Paris en matière de réductions des émissions de CO2. Dans son dernier rapport (Emission Gap Report 2017) présenté le 31 octobre dernier à Genève, l'organisation révèle que les engagements pris par les pays au niveau national ne représentent qu'un tiers des réductions d'émissions nécessaires à l'horizon 2030 pour atteindre les objectifs relatifs à la lutte contre les changements climatiques. Les efforts réalisés par le secteur privé et les initiatives prises à l'échelle infranationales ne parviennent pas, en effet, à combler l'écart entre les besoins réels et les objectifs visés. Et pour cause : l'Accord de Paris vise à limiter le réchauffement climatique en-deçà des 2°C, alors que l'ONU préconise un objectif de 1,5°C. Le rapport de l'ONU démontre, de plus, que les engagements pris dans le cadre de cet accord déboucheraient sur des émissions à hauteur de 11 à 13,5 gigatonnes d'équivalent de dioxyde de carbone (Gt éq-CO2) en 2030, au-dessus du niveau nécessaire pour atteindre l'objectif des 2°C de hausse des températures (un gigatonne est l'équivalent d'environ une année d'émissions produites par le secteur des transports dans l'Union européennes). Pour viser les 1,5°C, il faudrait que ces émissions ne dépassent pas la fourchette entre 16 et 19 Gt éq-CO2.

« L'accord de Paris a donné un nouvel élan aux mesures pour lutter contre les changements climatiques, mais cet élan faiblit », a déclaré Edgar E. Gutiérrez-Espelata, ministre de l'environnement et de l'énergie du Costa Rica et président de l'Assemblée des Nations Unies. L'organisation rappelle que, dans l'état actuel des choses, une mise en œuvre complète des contributions prévues déterminées au niveau national « entraînerait très probablement une augmentation des températures d'au moins 3°C à l'horizon 2100 » et que les gouvernements seront tenus de prendre des engagements bien plus importants après la révision de ceux-ci en 2020. Selon le Bulletin de l'Organisation Météorologique mondiale (OMM) sur les gaz à effet de serre publié un jour avant ce rapport, la Terre n'a pas connu de concentration en CO2 dans l'atmosphère depuis 3 à 5 millions d'années.

Charlotte Danjou

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