Véritable évangile de la filière, la réglementation de construction des bâtiments neufs, dite thermique, pointe le bout de son nez dans une sixième mouture dont le maître mot est cette fois-ci carbone.

En place depuis maintenant sept ans, la réglementation thermique (RT 2012), va rendre son tablier pour une nouvelle mouture. Exit le vocable thermique employé depuis 1974 : le futur évangile de la filière prendra le nom de Réglementation environnementale 2020. Là où son prédécesseur fit la part belle aux économies d'énergies à travers les bâtiments basse consommation (BBC) et à énergie positive (Bepos), la nouvelle venue aura pour enjeu majeur de diminuer significativement les émissions carbone du bâtiment, à travers une transformation des techniques de production, des filières industrielles et des solutions énergétiques.

Objectif principal : la décarbonation

Comme anticipé à travers le label expérimental E+C- lancé en 2016, le gouvernement vise trois grands objectifs pour la future RE2020 : réduire l'empreinte carbone des bâtiments, poursuivre l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments performance énergétique et « garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires ». Les simulations sont d'ores et déjà lancées et tiennent compte des évolutions réglementaires évoquées ci-dessus. Le recours aux matériaux biosourcés qui stockent le carbone, aux modes constructifs peu émissifs, ou aux énergies décarbonées, devrait également être encouragé. En matière d'efficacité énergétique, le « Bbio », indicateur de besoin climatique, sera renforcé, assure aussi le gouvernement.

Retour en force de l'électrique

La RT 2012 l'avait enterré, mais le chauffage électrique signe son retour. Dans un communiqué du 14 janvier 2020, le ministère de la Cohésion des territoires a confirmé que le coefficient d'énergie primaire affecté à l'électricité serait ramené de 2,58 à 2,3 dans la RE2020, tandis que le contenu carbone du chauffage électrique sera ramené à 79g/kWh, contre 210 dans l'expérimentation E+C-. Vilipendé par la filière électrique depuis son instauration car faisant la part belle au gaz, le fameux coefficient d'énergie primaire risque à nouveau de se retrouver sous le feu des critiques, dénonçant cette fois-ci un soutien étatique à l'électricité, et par extension au nucléaire. 1 700 experts techniciens et architectes ont d'ores et déjà signé une pétition pour dénoncer ce point.

Une concertation pas terminée

Cependant, tout n'est pas encore prêt pour l'application de la RE2020. Si la large concertation, menée en 2019 en copilotage avec le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE) s'est achevée, les ministères de la Transition écologique et solidaire et de la Ville et du Logement lancent désormais une phase de simulations qui permettra d’éclairer les choix d’indicateurs et de niveaux de performance pertinents. S'en suivra une nouvelle phase de concertation, au printemps 2020, afin d'analyser « avec précision les effets de la RE2020 sur les matériaux, les modes constructifs et les filières du bâtiment », permettant « d’arrêter l’ensemble des paramètres et objectifs de la future réglementation en vue d’une publication des textes réglementaires d’ici l’automne 2020 ». Rendez-vous au 1er janvier 2021 pour l'entrée en vigueur de la réglementation. Gage que celle-ci sera moins chaotique pour les acteurs de la filière que la RT2012 en son temps.

Boris Beltran

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