Les difficultés de WeWork ont mis sur le devant de la scène le coworking pendant le confinement et amènent à s’interroger sur l’avenir du secteur à moyen terme. Analyse.

La crise sanitaire et le confinement vont-ils sonner le glas du coworking ? Les difficultés rencontrées par WeWork pourraient le laisser penser. Déjà bien affaibli par son IPO manqué l’année dernière, le géant américain du secteur cherche à réduire ses dépenses de loyers. Plusieurs observateurs s’accordent toutefois à dire que le cas de WeWork est particulier. Si la diminution des surfaces prises à bail par les opérateurs de coworking pendant le confinement était attendu en France (un ralentissement était même déjà attendu avant le déclenchement de la crise sanitaire en raison de l’arrêt de l’expansion de WeWork depuis plusieurs mois), la grande question concerne le jour d’après.

Les opérateurs pourraient pâtir des difficultés économiques des entrepreneurs et des petites entreprises, socle traditionnel de leur activité, observe une étude de Knight Frank France. Quant aux grands groupes, ils pourraient être tentés de rapatrier les équipes installées au sein d’espaces de coworking pour alléger leurs coûts immobiliers à court terme et peut-être pouvoir mieux contrôler la sécurité de leurs collaborateurs tant que la crise sanitaire n’aura pas été définitivement maîtrisée. S’ajoute à cela la problématique de la non-perception des loyers par les opérateurs de coworking. Dans ce contexte, certains seraient contraints d’arrêter négociations en cours, voire de libérer des surfaces. L’optimisme est néanmoins de mise à moyen terme chez les acteurs du secteur.

L’atout de la flexibilité


Le modèle pourrait profiter du manque de visibilité des entreprises, qui auraient ainsi tendance à recourir au coworking car plus réticents à s’engager sur des baux fermes selon une étude de Knight Frank France. "Je pense personnellement que le flex office, ainsi que le coworking, vont sortir renforcés car ils constituent le parfait pendant au home office dans une logique organisationnelle", explique pour sa part Emmanuel Fougère, directeur général du concepteur et aménageur d’espaces Quadrilatère. Guillaume Pellegrin, fondateur de Newton Offices (opérateur qui propose des bureaux flexibles et des espaces de coworking en régions), ajoute : "L’expérience de télétravail forcée amène des réflexions sur le vivre ensemble et le plaisir de travailler collectivement. Tout le monde se rend compte qu’il a besoin de passer du temps avec les autres. D’un autre côté, il est crucial d’avoir des espaces de respiration quand nous travaillons à la maison. Nous avions bien identifié ces tendances chez Newton Offices et nos espaces ont été conçus pour répondre à ces besoins, avec une grande part de bureaux privatifs et des espaces de convivialité pensés pour que les gens se croisent et puissent échanger." 

Dans un sondage d’opinion réalisé en avril par Workthere, la plate-forme de Savills dédiée aux espaces de coworking disponibles à travers le monde, 62 % des centres de coworking se montrent optimistes quant aux perspectives du secteur pour les 12 prochains mois. "Dans une perspective long terme, le secteur du coworking est appelé à jouer un rôle essentiel dans la mesure où les utilisateurs se tournent vers une offre de bureaux flexibles afin de diversifier et d'apporter de la flexibilité à leur portefeuille immobilier", analyse Cédric Chirouze, associate Workthere Savills. Les prochains mois permettront de vérifier cette hypothèse.

Par François Perrigault (@fperrigault)

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