Le développement du e-commerce, qu'il soit structurel ou conjoncturel comme ces derniers mois, a nécessité une réinvention du retail. Maël Aoustin, directeur général de Galimmo, revient sur les problématiques liées aux bouleversements récents et évoque les ambitions du Groupe.

Décideurs. Quelle est l'empreinte immobilière de Galimmo en France et en Europe ?

Maël Aoustin. Galimmo Real Estate, foncière créée en 2016, détient et opère une plateforme de centres commerciaux attenants à des hypermarchés Cora et situés en France, en Belgique, au Luxembourg et en Roumanie. À fin juin 2021, les 66 sites gérés par le groupe représentent une valeur de 1,1 milliard d’euros et les loyers bruts annualisés de Galimmo Real Estate s’élèvent à 66 millions d’euros. Concernant notre empreinte, nos centres commerciaux totalisent 950 000 mètres carrés de surface, dont 229 000 mètres carrés pour Galimmo, puisque l’enseigne de distribution Cora détient les murs de ses hypermarchés. À la croisée de l’immobilier et du commerce, nos équipes regroupent 90 collaborateurs. Enfin, ce qui caractérise tout particulièrement Galimmo depuis sa création, c’est à la fois son ancrage local, hérité de Cora, parfois présent depuis plus de cinquante ans dans ses territoires, et l’approche participative de co-conception de nos sites avec leurs publics et les acteurs locaux. C’est en appliquant cette démarche que nous créons de véritables lieux de commerce et de vie, propices au développement harmonieux d’échanges humains et commerciaux.

La crise sanitaire a-t-elle modifié votre stratégie de développement immobilier, la programmation des magasins ?

Dès sa création, Galimmo a mis en place une stratégie d’investissement consacrée à la modernisation, la restructuration et, le cas échéant, l’extension de nos sites existants. Nous avons déjà réalisé un certain nombre de projets emblématiques au cours de nos presque cinq années d’existence. Nous avons profondément reconfiguré nos centres Shop’in Publier, à proximité d’Évian, Shop’in Houssen, à proximité de Colmar ainsi que celui d’Essey-lès-Nancy. Nous avons également déjà rénové quatorze autres sites. En 2020, pour tenir compte de l’évolution du commerce physique dans sa globalité et de la loi Climat en France, nous avons fait une revue de notre portefeuille de projets et décidé de nous concentrer plus particulièrement sur les programmes déjà autorisés ainsi que sur les opportunités de restructuration des sites existants, le cas échéant en lien avec l’hypermarché Cora. Nous bénéficions en effet d’un potentiel significatif d’extension des surfaces dédiées aux boutiques en restant dans l’enveloppe existante des bâtiments détenus en co-propriété avec Cora, les hypermarchés disposant de nombreuses surfaces de vente et de réserves. Nous avons donc un grand terrain de jeu pour continuer à investir sur nos sites, les adapter aux attentes des clients et aux besoins des enseignes en évolution et les ouvrir à de nouveaux usages, une démarche que nous pouvons déployer sur l’ensemble de notre plateforme mais avec une réponse adaptée à chacun des territoires.

"Notre ultime ambition ? Que les clients qui viennent dans nos centres se sentent chez eux"

L'accélération du e-commerce constitue-t-elle, selon vous, une tendance durable ou est-elle uniquement le résultat des confinements ?

Le e-commerce se développe depuis le début des années 2000. La crise est donc venue accélérer une tendance qui était déjà à l’œuvre. Pour nos sites, majoritairement situés au cœur ou à proximité de villes moyennes, la digitalisation se concrétise principalement au travers du service drive de Cora. Nos centres commerciaux sont en effet des sites de proximité et de destination pour la population des agglomérations où ils sont implantés et au sein desquelles la mobilité est beaucoup plus fluide que dans les grandes métropoles. Par ailleurs, nos sites sont équipés de lockers, casiers automatiques dans lesquels sont déposées les commandes faites sur Internet afin d’être récupérées par les clients. Ce service se développe énormément en raison du service rendu aux clients qui ne sont pas contraints de rester à leur domicile pour attendre leurs colis.

L'intérêt collectif pour le développement durable semble s'être intensifié. Le ressentez-vous dans vos différentes activités ?

Là encore, notre implantation auprès de villes moyennes conditionne fondamentalement nos engagements responsables. Nos sites sont souvent les premiers employeurs privés de leur zone de chalandise au sein de laquelle ils jouent un rôle économique structurant. Ensuite, il existe une sensibilité accrue à l’ensemble des sujets de société et d’environnement et nous l’observons dans les études menées auprès de nos propres clients. Enfin, la crise a révélé un besoin de lien social et nos centres sont souvent le premier lieu de vie pour les habitants de nos régions, après leur logement bien entendu ! Nous renforçons la contribution de nos centres de différentes façons. En premier lieu, nous travaillons sur de nouveaux usages, au-delà de l’activité marchande. Par exemple, les pôles de santé qui s’installent dans nos centres sont indispensables à la vie quotidienne des communautés. Un autre axe est la vente de seconde main, une tendance sociétale forte que nous accompagnons en créant des boutiques en partenariat avec des organismes tels qu’Emmaüs. Elle se concrétise également au sein des hypermarchés avec l’ouverture de corners dédiés. De nombreux services peuvent également favoriser les liens sociaux et intergénérationnels ainsi que les initiatives en faveur de l’environnement. Nous encourageons par exemple le tri avec un Comptoir de recyclage implanté avec Yoyo à Cora Dornach. Enfin, depuis la création de Galimmo, nous appliquons notre démarche de co-conception également à ces nouvelles initiatives en interrogeant les clients sur le terrain. Notre objectif est de les déployer sur près de la moitié de nos centres d’ici 2023.

Quelles sont les ambitions de Galimmo à moyen terme ?

Nous restons une foncière dédiée aux centres commerciaux attenants aux hypermarchés Cora. Nous allons continuer la transformation de nos sites ainsi que l’extension de leurs activités en mettant l’individu au centre de nos réflexions pour répondre de manière pertinente aux attentes de tous. Pour cela, nous investissons significativement mais avec une approche raisonnée : depuis 2016, nous avons investi 115 millions d’euros pour nos sites existants et nous prévoyons de consacrer un montant équivalent dans les années à venir pour poursuivre les programmes de restructuration, modernisation et rénovation de nos centres. Nous nous employons à créer des lieux de commerce et de vie qui répondent aux aspirations de nos clients, tout en renforçant leur contribution sociale, sociétale et environnementale. Notre ultime ambition ? Que les clients qui viennent dans nos centres se sentent chez eux.

Propos recueillis par Clémentine Locastro

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