Postés au chevet du M&A, ces hommes de l’ombre surveillent le pouls des entrepreneurs et soignent le capitalisme français à grands coups de cessions, de restructurations ou de LBO. Qui sont ces banquiers d’affaires ? Snapshot.
Certains font les choux gras des médias quand d’autres ont fait vœux de silence. Dès les années 1990, ces conseillés sont devenus les éminences grises du petit comme du haut patronat français. Pour François Paillier, président du directoire Edmond de Rothschild Corporate Finance (EdRCF), « il semble pourtant que les individualités soient moins mises en valeur que par le passé ». Car, « pour vivre heureux, vivons cachés » serait bel et bien le credo de ceux qui murmurent à l’oreille des grands patrons. « Jamais vous ne verrez mon nom apparaître sur le deal Lacoste, insiste le président du directoire d’EdRCF avant d’ajouter que les vraies stars ce sont avant tout les entreprises. »

Discrétion et indépendance

Héritier des traditions et des valeurs, discrétion et d’indépendance notamment, qui assurent le succès de la famille Rothschild depuis plus de 250 ans, le groupe Edmond de Rothschild s’est imposé comme un acteur majeur de la finance. Le rapprochement orchestré en 2013 entre l’ancien Edmond de Rothschild Entreprise patrimoniale et Edmond de Rothschild Corporate Finance a d’ailleurs démontré la volonté forte du groupe de développer une marque unique pour s’imposer comme la première banque d’affaires des entreprises indépendantes à côté des deux principaux métiers du groupe que sont la gestion privée et l’asset management. Fin 2013, EdRCF devrait annoncer plus de vingt-six opérations, soit deux fois plus qu’en 2012. A l’instar de boutiques comme Leonardo & Co ou Sycomore, Edmond de Rothschild ne manque pas d’ambition. La filliale s’est d’ailleurs distinguée auprès du groupe Dassault Systèmes dans l’acquisition d’un bloc majoritaire (84
%) au capital de la société Realtime Technologies AG.

Accompagner les decision-makers

Véritables piliers au milieu de la jungle entrepreneuriale, ces banquiers à la mission singulière n’ont pas le droit de douter. « On ne peut pas se permettre d’avoir une hésitation. Notre rôle consiste à mettre les couleurs sur la palette de l’entrepreneur. Si ce dernier a les idées claires, il fera un Mondrian, mais il pourrait tout aussi bien opter pour un Monet. C’est à lui que revient le coup de pinceau. Nous sommes seulement là pour accompagner les decision-makers », glisse François Paillier qui a traversé cette année l’océan du doute et affronter les tempêtes conjoncturelles aux côtés des entrepreneurs comme Lacoste et Delachaux, valorisés à plus d’un milliard d’euros. Selon lui, « les entreprises familiales ont exactement les mêmes problématiques stratégiques que les groupes privés, à ceci près qu’il faut parfois faire face à des dimensions conflictuelles dépassant le cadre professionnel ». De quoi démontrer une nouvelle fois que la mission d’un banquier d’affaires dépasse largement le cadre de la finance pour flirter plus qu’on ne le croit avec l’analyse freudienne.

Grégoire Chertok, le « psy »
Pur produit de la maison Rothschild, ce quadragénaire est aujourd’hui un des piliers de la banque de l’avenue de Messine. Oreille attentive et éminence grise des grands groupes français (Casino, GDF Suez…) ce fils de psychanalyste s’est illustré cette année en tant que conseil de Publicis dans son rapprochement avec Omnicom, du Club Med avec AXA Private Equity et Fosun sans oublier la cession d’Arkadin au japonais NTT.

Jean-Marie Messier, « le repenti »
Touché mais pas coulé, l’ex-enfant terrible de Lazard reprend du service en M&A. L’ancien patron de Vivendi préfère désormais évoluer en coulisse. Une discrétion qu’il met au service de la boutique qu’il pilote aux côtés d’Érik Maris et de François Guichot-Pérère. Trois ans après son retour sur le marché des fusions & acquisitions, Jean-Marie Messier fait parler la poudre avec une clientèle composée de fleurons français comme Total ou EADS. En 2013 il a notamment conseillé Orange lors de la cession de ses actifs dominicains pour plus d’un milliard d’euros.

Geoffrey Austin (Moelis), « le médiateur »
Après avoir fait ses armes pendant une dizaine d’années au sein du département M&A de Deutsche Bank, celui qui s’est fait un nom dans les grandes opérations médias et télécoms a rejoint en 2010 le bureau londonien de Moelis en tant que managing director. En 2013, son nom était sur toutes les lèvres puisque Geoffrey Austin a été le conseil du géant Omnicom dans l’une des plus grosses opérations de fusion qui a agité la planète publicité.

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