Gilles Roux (Pinot de Villechenon) et Eric Rey (Omnes Capital) reviennent sur la raison d'être et les complications rencontrées lors du LBO conclut avec Bimedia.

Décideurs. Le buyout conclut sur Bimedia est l’une de vos opérations phares en 2015. Pouvez-vous nous rappeler le contexte de l’opération ?

Eric Rey. Cette transaction fut un véritable LBO primaire. Bimedia (130 M€ de CA en 2015), éditeur de logiciels et de systèmes d’encaissement pour le commerce indépendant (boulangerie, magasin de presse, buralistes…), jouit d’une croissance potentielle forte puisqu’elle ne sert que 6 000 clients alors que le marché comporte plus de 100 000 points de vente en France. À la différence d’un outil informatique classique, figé, les solutions Bimedia permettent à leur utilisateur d’aménager le parcours de facturation. De plus, la société a également mis en place un système de développement du chiffre d’affaires des commerçants : on y retrouve notamment le rechargement de crédit pour les téléphones ou le transfert d’argent en direct. Bimedia constitue l’un des 4 premiers investissements du fonds Omnes Croissance 4 en cours de levée, qui a déjà reçu 125 M€ d’engagements.

 

Décideurs. Quel était l’enjeu de cette opération pour les actionnaires de Bimedia ?

E. R. L’histoire actionnariale est assez particulière. Il existait à l’origine de Bimedia trois groupes  d’actionnaires distincts, chacun répondant à une activité spécifique de l’entreprise : la caisse, la régie publicitaire et l’univers dématérialisé. Leur point commun est d’avoir ciblé le commerce indépendant, et recruté des dirigeants issus de grandes entreprises afin de réaliser la mise en œuvre opérationnelle de leur projet. L’actuel CEO est un ancien d’Avis et d’Unibail-Rodamco par exemple. Au final, le management est monté au capital (six personnes), alors que les actionnaires historiques ont réduit leur participation. 

 

Décideurs. Quelle était la difficulté fondamentale à surmonter pour réussir cette transaction ?

Gilles Roux. Bimedia devait passer d’un mode de gestion « start-up » à celui d’une société sous LBO plus structurée, génératrice de profits maîtrisés. La mue a été assez longue. Elle a été permise par la venue de managers extérieurs qui ont dû arbitrer entre les processus à garder et ceux à faire évoluer. La détention tripartite du capital a pu ralentir quelque peu la mutation de l’entreprise. Au-delà des enjeux financiers, les actionnaires pouvaient avoir des difficultés à converger vers une vision commune du business. Finalement, le choix d’un sponsor financier, garant d’une stratégie claire et assumée, était inéluctable.

Eric Rey. Par ailleurs, il fallait réussir l’intégration au capital de l’équipe dirigeante en place, qui découvrait à la fois la transaction et l’univers du LBO. Il était clé que la direction garde la confiance de ses collaborateurs durant la conduite de l’opération. 

 

Décideurs. Des ingrédients que vous avez associés intelligemment afin d’en faire une bonne recette ?

Eric Rey. L’accent a été mis sur la communication d’un message unique pour fédérer le management autour d’une stratégie commune. L’objectif est de faire comprendre à la société sous LBO que les finances, comme l’opérationnel, sont parties prenantes de la réussite du projet. 

 

FS

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