Fraîchement auréolée du prix de la meilleure start-up au salon Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, la société nantaise 10-vins ambitionne de lever 700 000 euros supplémentaires cette année en crowdfunding. Objectif : développer le marché français avant de partir à la conquête de l’international en 2017. Pour cela, la « Nespresso du vin » créée en 2012 par trois amis nantais, Thibaut Jarrousse, Jérôme Pasquet et Luis Da Silva, réfléchit déjà à réaliser un autre tour de table plus important en 2017. Des fonds américains seraient sur le coup.

Décideurs. Comment vous est venue l’idée d'une machine de dégustation de vin au verre qui aère et met à température le vin ?

Thibaut Jarousse. Avec les cofondateurs, nous sommes passionnés par le vin. Nous réalisions souvent des voyages pour découvrir des vignobles. Et lorsque l’on revenait sur Nantes, on voyait vraiment une différence entre le vin que nous avions dégusté chez le viticulteur et celui que nous buvions en bouteille. Et pour cause, l’oxygénation et la bonne température joue pour 50 % dans la qualité d’un vin. Tous trois de formation ingénieur, nous avons donc décidé de travailler sur une machine qui permette de recréer ces bonnes conditions rapidement. Cela existait déjà pour la bière ou le café, pourquoi pas pour le vin. Nous avons mis deux ans, de 2010 à 2012, pour élaborer un premier prototype. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous avons démissionné de nos emplois respectifs pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Dès lors, tout est allé très vite et nous espérons vendre cette année au moins mille de nos machines, D-Vine.

 

Décideurs. Pour financer votre croissance, allez-vous réaliser une nouvelle levée de fonds dès cette année ?

T. J. Oui, nous avons pour objectif de récolter 700 000 euros. Pour cela, nous comptons passer par le crowdfunding. Cela nous permettra de rester indépendants tout en continuant de tester notre business model. Depuis notre création, nous avons déjà levé 2,5 millions d’euros auprès de business angels et de Proximea, une plate-forme de crowdfunding régionale adossée à la Banque populaire Atlantique. Et, si tout se passe bien, nous réaliserons dès 2017 une levée plus importante auprès d’un fonds d’investissement. Lors du CES, de nombreux acteurs américains ont montré leur intérêt. Cela serait un bon moyen pour croître à l’international. Dans l’idéal, nous aimerions avoir des "concept stores" aux États-Unis, en Chine et en Russie d’ici cinq ans.

 

« Notre modèle économique repose sur la vente des flacons de vins »

 

Décideurs. Pouvez-vous revenir sur votre business model ?

T. J. Nous ne réalisons pas de marge sur les machines. Notre modèle économique repose sur la vente des flacons de vins. Sur cette partie, nous comptons déjà 6 000 clients. Nous travaillons avec la société bordelaise Wine in Tube qui s’occupe de transférer le vin des bouteilles au flacon. Nous gardons néanmoins la main sur la sélection des produits que nous proposons. Nous disposons ainsi en interne de notre propre œnologue.

 

Décideurs. Le prix de votre machine (499 euros) n’est-il pas un peu prohibitif si vous souhaitez étendre votre marché ? Pourquoi ne pas travailler également avec des restaurateurs ?

T. J. En effet, le BtoB est un marché que nous sommes en train de développer. La restauration ne représente néanmoins qu’une partie de ce secteur. Nous sommes également en discussion avec des hôtels de luxe afin qu’ils proposent ce service dans leurs suites. Autre segment porteur, les professions libérales comme les avocats. Lorsqu’un rendez-vous client se finit tard, il peut être convivial de proposer un verre de vin sans être obligé d’ouvrir une bouteille.

 

Propos recueillis par Vincent Paes.

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